Avril 2014, il y a, jour pour jour, une année, l’alors ministre en charge de l’Urbanisme et Habitat, Fridolin Kasweshi, est invitée à l’Assemblée nationale pour répondre à une question d’actualité au sujet de la spoliation du patrimoine immobilier de l’Etat.
«Des galonnés de l’armée et de la police»
L’Etat congolais dispose de plus de 8.000 titres immobiliers repartis à travers le territoire national, avait reconnu le prédécesseur d’Omer Egbake. Mais à ce jour, a-t-il poursuivi, le chiffre a sensiblement chuté, à cause notamment des problèmes de tenue d’archives, de pillages et de spoliation. Une «spoliation à grande échelle», souligne Kasweshi. Pour qui cette pratique implique non seulement des agents de l’administration publique mais aussi des cadres de l’armée et de la police. Mettant en exergue le cas de la capitale, Kasweshi a rappelé que la reconstitution du patrimoine immobilier de l’Etat faisait état de «971 villas, 21 immeubles à étages totalisant 337 appartements et 8 locaux de service, 4 hangars et un immeuble hôtelier, dénommé ‘Hôtel Palace’.». A cela s’ajoutent de nouvelles acquisitions obtenues par achat, construction ou après le contentieux belgo-congolais. Il s’agit notamment de «10 immeubles résidentiels à étage, la cité Mimosas avec ses 60 villas, la cité de l’OUA avec 41 villas et 25 villas disséminées dans les communes de Ngaliema, Gombe et Limete”. A ce jour, a poursuivi le ministre, le groupe de travail mis en place par les ministères de la Justice et des Infrastructures parle de «151 cas de spoliation. pour la commune de la Gombe, 135 unités, pour celle de Ngaliema 10 unités, pour celle de Limete 4, pour celle de Barumbu une unité et pour celle de Kitanmbo une unité.»
Pour contrer cette spoliation, une commission de récupération des immeubles avait été mise en place par le gouvernement. Ce fut du temps de Gizenga. Mais la CRITE n’a récupéré aucun immeuble, foi de Fridolin Kasweshi. Qui fait comprendre que cette commission s’est, en effet, retrouvée en face d’un vaste réseau de complicité entre différentes administrations. Mais, le gouvernement n’a pas lâché, a assuré le ministre, annonçant l’identification du patrimoine immobilier de l’Etat. Déjà en 2013, Kasweshi sort un arrêté ministériel n° CAB/MIN-ATUHITPR/020/2013 du 24 septembre 2013 portant identification du patrimoine immobilier du domaine privé de l’Etat dans la Ville de Kinshasa. Il récidive en janvier 2014, avec un arrêté, mais hélas, maigres en recettes. L’Etat n’a pu récupérer que 30 villas et 3 immeubles. Les immeubles ayant été repris sur la liste de Kasweshi étant l’immeuble Magistrat sur avenue Roi Bauduin, appartement n° 9, la résidence de la Coopération française (Avenue de la Gombe n° 14, croisement Forces Armées & Commune de la Gombe et Kauka II, coin avenue Likasi), tous dans la commune de la Gombe. Omer Egbake qui a repris le portefeuille, a, nul doute, les mains dans un panier à crabes. Avis d’experts, le pire est à venir. Conséquence de l’adhésion de la RDC à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). A u regard de la situation financière difficile que connaissent les entreprises transformées en sociétés anonymes, il pleuvra des saisies d’immeubles de nombre d’entreprises de la place.
LEOPOLD KARL LOMBO