Du haut de ses 50 ans de vie politique, le parti d’Antoine Gizenga sort des sentiers battus pour associer à la réflexion, les acteurs de divers horizons.
" Créer de vraies formations politiques basées sur l’idéologie et l’engagement politique en RD Congo ". Pas un slogan. Loin s’en faut. Il s’agit plutôt d’un plaidoyer de Lambert Mende, l’un des orateurs du premier jour des travaux en atelier du jubilé d’Or du Parti lumumbiste unifié (PALU), du patriarche Antoine Gizenga.
Ce n’est pas un Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement. Plutôt, chef d’un parti politique, la Convention des Congolais unis (CCU) qui a planché sur le thème : " les partis politiques : leurs idéologies et leurs rôles ". Sans aller avec le dos de la cuillère, le président de la Ccu a fustigé la prolifération constante des partis politiques en RD Congo. Dans sa conclusion, Lambert Mende, tout en saluant le multipartisme, gage de toute démocratie, pense cependant que ce phénomène ne concourt pas à l’émergence d’une société véritablement démocratique.
De son côté, le sénateur Pprd, Léonard She Okitundu a mené sa réflexion sur une thématique apparemment simple : " la République : Qu’est-ce ". L’idéologue du parti présidentiel s’interroge : " Sommes-nous une République " ? Sur base de cette problématique, She a, à sa manière, poussé l’assistance à comprendre les raisons profondes, concourant à l’existence d’une République. Selon lui, trois éléments naturels constituent les piliers d’une République. En l’occurrence la Constitution républicaine, qui selon l’auteur, fixe les limites de séparation nette des pouvoirs et exercice de libertés dans toute société démocratique. Se basant sur son expérience personnelle, l’ancien patron de la diplomatie congolaise sous M’Zee Laurent-Désiré Kabila, conclut que c’est à tort que les Congolais parlent de la Troisième république. " Dire que nous sommes en 3ème république, équivaudrait à reconnaitre que le régime Mobutu était une République. Ce qui n’a pas été le cas. Donc, les Congolais n’ont jamais connu de 2ème République. Moralité, on ne peut parler d’une 3ème République au stade actuel en RD Congo. Tous les efforts actuels consistent à instaurer une deuxième République ", conclut-il.
A priori, le premier jour des travaux en atelier du Jubilé d’or du Palu, samedi au Pullman Grand Hôtel Kinshasa, n’a pas été l’apanage des politiques. Bien en illustre, l’intervention du Prof. Narcisse Tshibangu Kalala. Compté parmi les sommités de la communauté savante de la RD Congo, le Prof Tshibangu Kalala a réfléchi sur la genèse de l’Etat congolais.
Selon lui, l’Etat congolais est né au départ comme une Organisation non gouvernementale, appelée Association internationale pour le Congo, comprise comme une propriété du Roi des Belges Léopold II. C’est donc au fil des années et du temps que cette œuvre personnelle de Léopold II est devenue un Etat, après avoir été une colonie belge. Dans sa dialectique, le Prof Tshibangu Kalala a démontré que le Congo est l’œuvre des étrangers qui l’ont crée loin des terres congolaises, dans leur détermination de réaliser leur rêve en Afrique centrale. " Au stade actuel, il appartient aux Congolais de s’assumer pleinement et de prendre la destinée du pays en main ", a-t-il exhorté.
QUID DES REGIMES POLITIQUES EN RDC ?
Christophe Lutundula Apala, l’une des têtes pensantes de la Majorité présidentielle, problématise sur les différents régimes politiques en RD Congo. Sa démarche se veut à la fois empirique et démonstrative. Ce député MSDD (Mouvement de solidarité pour le développement et la démocratie), a décortiqué le contenu de différents régimes politiques ayant régi la RD Congo depuis son accession à la souveraineté internationale et nationale en juin 1960. Aussi, a-t-il insisté sur les motivations profondes du législateur, en épinglant les types de régimes politiques appliqués en RD Congo. A savoir le régime parlementaire, semi-présidentiel et présidentiel. C’est donc ce troisième régime qui, aux yeux de Lutundula, état devenu un régime présidentiel fort ou rigide des années Mobutu. Lutundula ne s’arrête pas sur les régimes politiques. Homme de droit, il ouvre les débats sur la Constitution du 18 février 2006, en vigueur en RD Congo. Contrairement à une certaine opinion qui soutient (à tort ou à raison ?) que cette loi des lois est l’œuvre des belligérants de la crise qui a sévi dans le pays, quelques années seulement après l’avènement au sommet de l’Etat, de feu Laurent-Désiré Kabila, tombeur du maréchal Mobutu- Christophe Lutundula met au défi, quiconque y apporterait des pièces à conviction. Serein, l’impétrant a affirmé que la Constitution dite du 18 février, en vigueur en RD Congo depuis 2006, est l’œuvre des Congolais.
Toute œuvre humaine étant par nature perfectible, Christophe Lutundula pense cependant qu’en cas de problème, la sagesse recommande l’unité de tous les fils et toutes les filles du pays pour une solution concertée. Donc le consensus. Et, par rapport au débat actuel, le député Msdd a suggéré la mise en place d’une Commission d’experts pluridisciplinaires chargée de réexaminer l’actuelle Constitution, dans la perspective de l’étoffer et l’enrichir au regard des réalités présentes du pays.
UNE GRANDE PREMIERE A L’ACTIF DU PALU
L’initiative Palu est une innovation. Trivialement, on dirait qu’elle est une grande première dans l’histoire des partis politiques. Qu’un parti politique invite les autres formations politiques à la réflexion profonde sur l’état de la nation, pareille initiative mérite soutien et encouragement. Au demeurant, le Palu sort des sentiers battus. En associant les autres partis politiques, le monde scientifique et même religieux aux réflexions qui caractérisent la célébration de son jubilé d’or, le parti d’Antoine Gizenga reste fidèle à l’idéologie-même de sa création. Entendu comme fusion de plusieurs partis politiques pour démocratiser le pays.
LA FOULE AU RENDEZ-VOUS DU GHK
Comme à l’occasion de toutes ses manifs populaires, le Palu a encore mobilisé une foule compacte de ses militants, vendredi dernier au GHK. En rapport avec le lancement des travaux en ateliers du jubilé d’or du Palu au Pullman Grand Hôtel Kinshasa, Willy Makiashi, secrétaire permanent et porte-parole du parti d’Antoine Gizenga a une conviction. Dans son speech, il fait remarquer que le pays traverse une crise et qu’il faudrait envisager une thérapie pour sa refondation. Celle-ci, selon l’orateur, passe indiscutablement par la mise en place d’une Constitution réaliste, reflétant les aspirations profondes du peuple congolais. Organisés, les travaux du jubilé d’or du Palu se veulent aussi et surtout méthodiques. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les orientations données par Adolphe Muzito, Premier ministre honoraire et cadre du parti, Selon lui, le Palu, à travers ces échanges, veut aller avec tous les Congolais au fond des choses, en réfléchissant sur les attributs de la souveraineté de l’Etat que sont la défense, la diplomatie et la monnaie. Au terme des réflexions, les participants devront faire des recommandations utiles au décollage du pays.
Le jubilé d’or du Palu a été lancé le 22 août dernier à Buma, cité résidentielle du chef du Palu, très loin des pollutions du centre-ville, dans la bourgade Est de la capitale congolaise. Les manif auront ainsi franchi, le week-end dernier, la phase décisive de leur organisation, avec le démarrage des travaux en ateliers. Laurel KANKOLE