Son nom est sur les lèvres de tous les originaires de la province du Kasaï-Occidental vivant à Kinshasa. Evariste Boshab. C’est donc lui. De la même manière que les soldats de Charlemagne, lors de la guerre contre le roi Saragosse, avaient désigné Ganelon dans la chanson de Roland, les notables du Kasaï-Occidental sont unanimes que seul Evariste Boshab peut décrisper la situation politique actuelle dans leur province. Pas un choix au hasard.
Dans les milieux des ressortissants de la province du Kasaï-Occidental, le tout-puissant secrétaire général du parti présidentiel, Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), est l’homme de la situation. Non pas, parce que vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur. Plutôt, à cause de ses qualités susceptibles d’éloigner les frontières du clivage Grand Kasaï- Kasaï central qui hypothèque le développement de la province. Comme leader politique, " Bush " peut donc rapprocher le Gouvernorat et l’Assemblée provinciale du Kasaï-Occidental qui, depuis quelques jours, se regardent en chien de faïence. Pas un scoop du journal !
Quiconque a suivi l’actualité de la semaine dernière, garde encore frais en sa mémoire, la marche " insolite " des femmes nues, jeudi le 18 décembre dans les rues de Kananga, capitale provinciale du Kasaï-Occidental. C’est donc cette manifestation populaire qui a couronné la colère des femmes contre l’Assemblée provinciale qui a initié une motion de défiance contre le Gouv de la province, Alex Kande. Dans son édition parue vendredi le 19 décembre, Forum des As a eu le mérite de mettre en relief les différentes intrigues du conflit. Et, loin du quotidien de la 11ème rue du quartier industriel de Limete, l’intention manifeste de remuer le couteau dans la plaie. Seulement voilà. Par rapport à la motion, des sources croisées contactées sur place à l’ex-Luluabourg renseignent à Forum des As que trente-six signatures ont déjà été récoltées jusqu’au week-end dernier. Etant entendu que l’organe délibérant provincial compte au total cinquante membre, avec les 36 signatures, tout peut donc arriver à l’actuel Chef de l’Exécutif du Kasaï-Occidental.
DEJOUER LE PIEGE DE L’HYPOTHEQUE DU DEVELOPPEMENT DE LA PROVINCE
A partir du moment où les relations entre deux structures provinciales clef sont conflictuelles, on peut tout de suite imaginer la suite. L’issue, c’est qu’en plus du contrecoup que subit le représentant de l’autorité de l’Etat, le développement de la province paye un lourd tribut. La question est sans doute : à qui profite la crise politique qui secoue au sommet du pouvoir de l’Etat au Kasaï-Occidental ? A priori, elle ne profite ni aux notables ni aux populations de la province. S’il est vrai que toute situation, bonne ou mauvaise profite toujours à ceux qui l’ont créée, il n’en reste pas moins vrai que ces bénéficiaires soient très minoritaires, par rapport au grand ensemble. Donc la population.
De l’avis de certains analystes de la situation, la crise au Kasaï-Occidental voile des calculs politiques qui ne disent pas leur nom. Horizon 2016 oblige ! Cependant, quels que les enjeux, les intérêts de la province, plus que tout, doivent être préservés. Pour le cas d’espèce, les priorités de la province du Kasaï-Occidental devraient constituer le dada de l’action de tout acteur politique du terroir. Ce, à quelque niveau de responsabilité que ce soit. Il est possible que les faits reprochés au Gouverneur Alex Kande s’avèrent vérifiés. L’éventualité du contraire n’est pas non plus exclue. Dans l’une ou l’autre hypothèse, on devrait s’interdire des comportements frisant un règlement de compte.
Au regard de la territoriale actuelle, le développement des provinces n’est plus l’apanage du Gouvernement central. Bien au contraire. Cette responsabilité incombe principalement aux deux institutions politiques provinciales, à savoir l’Exécutif et l’Assemblée provinciaux. Surtout en ce qui concerne des projets de développement ne relevant pas exclusivement de la compétence du Pouvoir central. Sinon, on ne devrait plus, à longueur de journée, sonner la timbale de la décentralisation. Et, par rapport au conflit actuel qui déstabilise davantage la province du Kasaï-Occidental, Evariste Boshab, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, semble donc être l’homme de la situation. Son statut politique d’hier comme d’aujourd’hui lui permet de déjouer le piège de l’hypothèque du développement de la province. La Majorité présidentielle étant majoritaire à l’Assemblée provinciale du Kasaï-Occidental, il ne serait donc pas exclu que l’arbitrage de l’actuel Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, ne puisse déboucher sur le gel de la motion de défiance contre Alex Kande Mupompa. Sauf si, l’option de freiner le progrès de la province est délibérément levée. Dans une province du Kasaï-Occidental, à l’instar d’autres provinces du pays où les infrastructures de base sont déficitaires, sinon inexistantes, on devrait donc placer le curseur au bon endroit. Laurel KANKOLE