A l’ouverture mercredi 18 mars 2015 à Abidjan (Côte d’Ivoire) de la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhang Ming, a recommandé aux pays africains de « s’ouvrir au monde, comme l’a fait la Chine, mais dans un rapport de partenariat et non de main-tendue ».
« La Chine, animée d’une forte volonté politique de soutenir le développement de l’Afrique, est disposée à partager ses expériences réussies avec l’Afrique pour l’accompagner sur le chemin de l’émergence », a annoncé dans son allocution le Représentant spécial du gouvernement chinois et représentant des BRICS à cette rencontre.
Il a rappelé qu’en 2013, le président chinois Xi Jinping avait choisi l’Afrique « pour son premier déplacement à l'étranger », après sa prise de fonction.
La Chine et les pays africains ont des « points similaires et communs »
« Avec moins de 9% des terres arables du monde, a souligné Zhang Ming, la Chine a su non seulement nourrir 22% de la population mondiale mais aussi améliorer considérablement le bien-être de sa population ».
Affirmant que « l'expérience chinoise peut être partagée avec les autres pays en développement », il a insisté sur le fait que « la Chine et les pays africains, tous en développement, ont des points similaires et communs en termes de parcours historiques, d'objectifs de développement et d'idées sur le développement. L'expérience chinoise adaptée aux besoins de l'Afrique peut lui servir de source d'inspiration ».
« Chaque point de pourcentage de la croissance chinoise entraîne une hausse de 0,3% du Produit intérieur brut (PIB) des pays africains à bas revenus et de 0,4% pour les pays africains à revenus intermédiaires. D'après une étude du FMI, la coopération sino-africaine contribue à 20% au développement économique de l'Afrique. Maintenir la croissance chinoise à une vitesse moyennement élevée donnera un appui important à une croissance soutenue et rapide de l'Afrique », a fait remarquer l’homme d’Etat chinois.
Dans la foulée, il a révélé que « depuis 2006, l'aide chinoise à l'Afrique a plus que quadruplé, 60.000 personnes de tous les secteurs ont été formées pour les pays africains et plus de 1000 projets touchant directement au bien-être social et au développement de l'Afrique ont été réalisés par la Chine ».
« Pour aider et soutenir l'Afrique, la Chine a dégagé quatre priorités. D'abord, la Chine fera valoir pleinement le rôle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA). A cet effet, 2015 est une année importante pour ouvrir de nouvelles perspectives des relations sino-africaines sur la base des acquis à la faveur du 15è anniversaire du FCSA et de la 6è conférence ministérielle en Afrique du Sud », a indiqué Zhang Ming.
Ensuite, « le renforcement des échanges d'expériences de gouvernance, en vue de soutenir les efforts déployés par le continent pour rechercher en indépendance sa voie de développement, est au nombre de ces priorités, mais aussi favoriser activement la coopération en matière de construction d'infrastructures et de capacités de production pour contribuer au décollage de l'économie africaine ».
Enfin, la Chine va « participer davantage et de manière constructive aux affaires de paix et de sécurité en Afrique en vue d'un environnement propice au développement africain », a-t-il dit, soulignant que « sans la paix et la stabilité, le développement sera un vain mot ».
« L'Afrique est dans son ensemble stable sur le plan politique mais elle est confrontée à de graves défis pour préserver la paix et la stabilité dans certaines régions. La Chine continuera à approfondir sa coopération en matière de paix et de sécurité avec l'Union africaine », a estimé l’homme d’Etat chinois.
Zhang Ming s’est dit « convaincu qu'avec le renforcement de ses capacités à préserver la paix, l'Afrique pourra consolider la stabilité politique et sociale, pérenniser la paix et réaliser le développement durable ».
Il a conclu qu’« aider et accompagner l'Afrique relèvent des responsabilités et des devoirs de la communauté internationale ».
Une plateforme d’échanges et d’apprentissage
En partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale et avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le gouvernement ivoirien organise la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique dans l’esprit d’« une plateforme d’échanges et d’apprentissage » et d’une « opportunité pour les parties prenantes d’évaluer les conditions de l’émergence ».
Venus particulièrement des pays émergents, des experts des institutions financières internationales et des ministères techniques réfléchissent, durant trois jours, sur « les leçons que les pays candidats à l’émergence pourraient tirer pour améliorer leurs politiques et stratégies, les problématiques liées aux infrastructures, à l’économie et au développement humain ».
Cette conférence devant leur permettre d’avoir « une meilleure compréhension et une appropriation partagée des enjeux et des conditions de l’émergence des pays du continent africain », tous ces experts vont « identifier et promouvoir les méthodes et outils d’analyse appropriés pour la planification et l’évaluation de l’émergence ».
Selon les organisateurs, la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique vise également à « identifier et à concevoir des options stratégiques, des politiques concrètes et opérationnelles pour un programme de développement inclusif et de transformation structurelle de l’Afrique et une émergence génératrice d’emplois décents et respectueuse de l’environnement ».
Après la cérémonie d’ouverture de la Conférence, le président ivoirien Alassane Ouattara, en compagnie de son homologue sénégalais Macky Sall, a animé un panel de haut niveau sur la vision de l’émergence en Afrique.
A cette occasion, des autorités de la Chine, de la Malaisie et de l’Afrique du sud ont partagé leurs expériences d’émergence, en présence des représentants de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD) qui ont pas aussi participé au débat.
« L’émergence est un pari sur l’avenir qu’il faut planifier. Cette planification doit prendre en compte la question fondamentale de la gouvernance avec pour corolaire l’Etat de droit. Mais encore, l’Afrique doit relever certains défis spécifiques pour aller à l’émergence, en l’occurrence la paix et la sécurité pour lesquels il faudra lutter contre le terrorisme et toutes formes de déstabilisation », a déclaré le chef de l’Etat sénégalais.
Il a aussi souligné « la nécessité, pour les Etats africains, d’engager d’importantes réformes économiques et administratives, qui doivent être accompagnées de politiques de réduction des inégalités et d’une transformation profondes des mentalités des populations ».
Pour sa part, le vice-président Afrique de la Banque mondiale, Maktar Diop, a recommandé aux Etats africains d’« investir dans le capital humain et de procéder à une transformation de leurs économies dans la durée, en se dotant d’un secteur privé fort et en réduisant la perception du risque, pour renforcer cette dynamique vers l’émergence ».
« L’Afrique a intérêt de se doter d’un système financier local important », a renchéri le vice-président de la BAD, Steve Kayizzi-Mugerwa.
Dans son intervention, l’ancien président sud-africain Thabo M’Beki a témoigné que son « pays, qui était sorti de longues années de crise marquées par l’apartheid, a dû prioriser la reconstruction de la nation avant d’aborder les questions de développement ».
A son tour, le ministre malaisien auprès de la Primature, Idriss Jala, a dévoilé que son « pays a engagé son développement sur la base d’une vision objective et partagée, notamment avec les acteurs du secteur privé ».
« Après quoi, les autorités se sont donné les moyens de financer cette vision en se détachant des exigences budgétaires », a-t-il précisé.