Les habitants du quartier Salongo dans la commune de Limete à Kinshasa se sont réveillés dans un grand choc hier mardi 13 octobre 2015. Un jeune homme surnommé « Kadogo » a été retrouvé mort dans un restaurant de fortune qui lui servait du domicile. Un endroit très fréquenté entre autres par les agents de la société de transport Transco, car situé à moins de 10 mètres de l’arrêt du départ du bus Transco à destination de Kinkole.
Le corps sans vie de ce garçon d’environs 20 ans habillé en tenue d’Adam, était allongé littéralement sur des morceaux de carton où il se couchait, aurait été, selon les dires des gens, découvert premièrement et par hasard, semble-t-il, par l’un des fils du vieux Chequin dont la femme se trouve être la propriétaire dudit restaurant décoloré à l’extérieur aux couleurs d’Africell, une société de communication la plus populaire à Kinshasa. Effrayé, il informera bruyamment le grand public qui afflue précipitamment de toutes parts voulant voir les faits sans témoins. Une fois alertée
à son tour, la police scientifique descend sur le lieu pour mener une enquête dans le but de comprendre les circonstances dans lesquelles ce jeune vendeur à la sauvette avait subitement trouvé rendu l’âme. Malheureusement celles-ci sont restées un mystère entier aux yeux des curieux anonymes jusqu’au moment où la dépouille mortelle de Kadogo avait été mise dans un bus 207 en vue de son transfèrement à la morgue de l’hôpital général de référence de Kinshasa ex Marna Yemo) en attendant son inhumation. Cette situation confuse et traumatisante avait ouvert naturellement la voie à la spéculation. Une opinion a pensé que cet adolescent se serait tout simplement donné la mort par pendaison comme le font beaucoup de gens lorsqu’ils ne supportent plus le poids de la souffrance. Tandis qu’une autre opinion contraire à la première aurait vu dans cet acte amer un homicide volontaire commis par des inconnus qui se seraient introduits dans le pseudo-logement de leur victime et réussi à la neutraliser par asphyxie. Il va de soi dans une situation de ce genre, seule l’enquête menée avec professionnalisme par la police scientifique est de nature à révéler la vérité au grand jour.
Des personnes proches du défunt renseignent que Kadogo était arrivé à Kinshasa à l’âge de 8 ans en provenance du Kasaï. Orphelin de père, un militaire tombé sur le champ de bataille, et de mère, il menait sa vie errante dans la rue de la capitale congolaise et passait la nuit à la belle sur dès étalages des marchés. Menant une vie solitaire, il aurait vécu à couteau tiré depuis plusieurs années avec son grand-frère surnommé Kaina Vagabond “, connu dans le milieu où il réside comme un sans domicile fixe, un grand buveur de liqueurs fortes et un réputé fumeur de chanvre. Kadogo qui ne faisait pas partie d’une bande des gangs kinois comme beaucoup de garçons de son âge (Kuluna), survivait journellement tant bien que mal grâce à la vente de ses petits articles (cigarettes, papiers mouchoirs...)
A sa demande, une femme au grand coeur lui accorde de passer la nuit dans son restaurant du coin tout lui en lui demandant de veiller soigneusement sur des chaises, tables et autres petits effets qui s’y trouvaient.
Elle lui assurait une prise en charge alimentaire, ce qui faisait le bonheur de ce grand enfant qui aurait trouvé une excellente mère nourricière dans cette ville de Kinshasa où partager son repas avec un inconnu familial n’est pas une affaire de quiconque. Aujourd’hui, cette femme très généreuse à l’endroit d’un nécessiteux risque dans son innocence une inculpation pour une situation dramatique dans I elle est pour rien, témoignent des voisins en sa faveur. Et de renchérir que son seul grand péché aurait été d’avoir accepté héberger un demandeur d’asile humanitaire pour une raison avérée.
Maintenant que ce qui est arrivé est arrivé, les questions que les uns et les autres se posent est de savoir si cette mort tragique de Kadogo ne va-t-elle pas mettre fin à l’existence du ‘ Malewa “ de l’épouse du vieux Chéquin au quartier Salongo, une véritable unité de production qui fait pourtant le bonheur de tout un foyer? Qui ayant vécu ces faits émouvants aimerait encore aller se restaurer dans ce lieu au regard des croyances négro-africaines sur les morts ? Qui vivra verra!
Par Philippe Dephill Lipo