« La priorité doit être accordée aux élections sénatoriales », a déclaré le député national de la majorité, Christophe Lutundala Apala , en marge de la clôture de la session extraordinaire, intervenue le dimanche 25 janvier 2015 dans la salle des Congrès du Palais du peuple, et présidée par le speaker de la Chambre basse, Aubin Minaku.
« La priorité doit être l’élection des députés provinciaux, des gouverneurs et des sénateurs, dont les mandats sont excédés », a-t-il précisé dans une interview accordée à une crème des journalistes accrédités au Parlement à Kinshasa.
Le député national a recadré la notion sémantique de sa priorité à ce qu’il présente comme « les arriérés des cycles électoraux de 2009 et 2012 ».
Selon Christophe Lutundula, « la Cour suprême de justice (CSJ) valide les résultats des élections et non la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ».
« La priorité doit être accordée aux élections sénatoriales. Il faut aller tout droit aux (élections) provinciales pour renouveler le Sénat », a-t-il insisté.
Par ailleurs, il a affirmé avoir été « le premier parmi les députés nationaux de la Majorité à demander qu’on élague l’alinéa 3 de l’article 8 » controversé de la loi électorale, dont le projet a été déposé, en procédure d’urgence, au bureau de l’Assemblée nationale par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab.
A la question de savoir « s’il peut y avoir le fameux glissement si la CENI ne parvient pas à publier de manière consensuelle un calendrier global, destiné à garantir plus de transparence et plus de crédibilité ? », Christophe Lutundula a pointé le doigt vers le gouvernement.
S’il n’y a pas eu jusqu’à ce jour d’élections sénatoriales en RD Congo, c’est au gouvernement qu’il convient d’incomber cette responsabilité et non à la CENI, faute de mobilisation prévisible des ressources financières.
Pour rappel, l’ancien ministre des Finances, Matata Ponyo avait annoncé en décembre 2011 que le gouvernement du Premier ministre Adolphe Muzito avait prévu un financement pour les élections provinciales et sénatoriales de 2012.
« Les députés nationaux ont vite oublié que c’est la sagesse des sénateurs et de leur speaker, qui a beaucoup pesé sur les pressions de la rue occupée par des chaines de manifestants, réprimés par des hommes en uniformes, pour apaiser les esprits surchauffés des Congolais », commentent des observateurs avisés.
En cause, la suppression des deux tours de la présidentielle
En 2006, l’élection présidentielle et les provinciales avaient été couplées, conformément aux prescrits de la Constitution du 18 février 2006.
La Commission électorale indépendante (CEI), sous la conduite de l’abbé Malumalu encadré par le Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT), avait organisé le premier tour des élections présidentielle et législatives nationales le 30 juillet 2006 sur toute l’étendue du territoire national.
Le deuxième tour de l’élection présidentielle, couplé avec celles des députés provinciaux, s’était déroulé en octobre 2006 sous une fine pluie.
Ainsi, les députés provinciaux avaient élu à leur tour les sénateurs dans le cadre des scrutins réservés aux élections sénatoriales et à celles des gouverneurs.
Tout ce que l’on continue à déplorer aujourd’hui, c’est la suppression entretenue par les principaux acteurs de la Majorité concernant les tours de l’élection présidentielle.
La suppression des deux tours de l’élection présidentielle, suivie de celle du débat contradictoire entre les deux candidats restés en lice, pose également aujourd’hui d’énormes problèmes réels sur la scène politique congolaise.
« Quelles dispositions pratiques le staff dirigeant de la CENI entend-il prendre pour organiser des élections couplées +présidentielle-législatives-provinciales+ en 2016 », s’interrogent encore les observateurs avisés.