Enjeux politiques : Lutundula contredit Mende
Plus de doutes, la Majorité présidentielle fait face à sa plus grande crise existentielle après le feuilleton Vital Kamerhe de 2008 contraint à la démission pour s’être opposé à l’entrée des troupes rwandaises dans le Kivu. Cette fois-ci le point d’achoppement c’est le calendrier électoral et le découpage territorial. Le député national Christophe Lutundula Apala s’est fendu dans la presse d’une longue tribune où il prend ses distances vis-à-vis et du calendrier électoral et du découpage territorial que le président de la République met un point d’honneur à mettre en œuvre. Il devra d’ailleurs être reçu par Joseph Kabila qui poursuit ses consultations politiques au GLM, une des ses résidences officielles. Mais en entendant, face au bouillant Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et Medias, qui qualifiait dans une de ses conférences de presse, les élections locales « d’arriérés électoraux
», le flegmatique Lutundula Apala a donné la réplique. Pour ce juriste, les locales ne le sont pas : « il est malaisé de considérer que les élections locales et municipales comme des arriérés électoraux dès lors qu’elles n’ont jamais fait auparavant l’objet d’une programmation officielle et ferme qui n’a pu se matérialiser par suite des évènements imprévus ou indépendamment de la volonté de la Ceni ». Pour ce député de la Majorité les locales sont inopportunes et elles doivent être renvoyées à la 3ème législature. En plus elles sont coûteuses car elles vont engendrer un personnel politique de plus ou moins 35000 âmes que l’Etat n’aura pas les moyens de payer car il lui faudra une enveloppe de rémunération d’au moins 50 millions USD alors que son budget n’atteint même pas 5 milliards USD en ressources propres. Lutundula rejoint la position notamment de Kamerhe qui avait déjà fait
observer que les locales dans le contexte actuel créeraient plus des problèmes qu’elles n’en résoudraient. Lutundula Apala s’est aussi attaqué au découpage territorial, il estime qu’il n’y a rien de « rationnel » et « d’objectif ». Christophe Lutundula prévient un fiasco car il ne voit pas comment on peut passer de 11 à 26 provinces en 9 mois. Il trouve donc ce processus de découpage mal fait. Il dénonce la précipitation. Plus grave il voit « des motivations obscures ». Lutundula n’est pas le seul à le penser plusieurs cadres de la Majorité le pensent aussi. On les appelle les « Frondeurs » ou les Colombes. Face à eux les « Faucons » ou les « durs
» qui ne trouvent rien à redire à ligne politique de la MP. Deux camps se font face désormais dans la MP : les colombes et les faucons. Dur de concilier les positions de deux camps. L’intense activité présidentielle pour déboucher sur un compromis n’a pas encore abouti et risque de le rester. La session parlementaire de mars s’annonce donc explosive avec une Majorité plus que jamais divisée.