Charnier de 425 cadavres de Maluku, le gouvernement interpellé
Les mauvaises nouvelles s’empilent sur la table du gouvernement. Décidemment, une affaire en chasse une autre. Déjà soumis à de fortes et multiples pressions aussi bien interne et qu’externe, le gouvernement est depuis quelques mois sur une corde raide. Il se serait bien passé d’une nouvelle affaire dont la gravité interpelle toute bonne conscience : à savoir la découverte d’un charnier de plus de 425 cadavres à Maluku, une commune urbano-rurale de l’est de la capitale. Tout de suite des accusations ont été lancées contre le gouvernement comme quoi c’est là qui l’aurait enterré les victimes de la répression sanglante des manifestations de janvier dernier. Il n’en fallait pas plus pour que la communauté internationale s’en mêle. N’en déplaise au "souverainiste" Lambert Mende . A travers la Monusco, elle a demandé au procureur de la République l’ouverture d’une enquête. Entretemps, Evariste Boshab,
vice-premier ministre et ministre de l’intérieur et sécurité, flairant le danger qui guettait le gouvernement, a vite fait de jouer la carte de la « transparence ». Il a rapidement reçu vendredi dernier à son cabinet de travail les responsables du Bureau conjoint des Nations-unies pour les droits humains (BCNUDH) ainsi que ceux des Ongs des droits de l’homme, notamment Human Rigth Wacth. Selon Boshab, les cadavres découverts à Maluku ne proviendraient pas de la répression des émeutes de janvier car, poursuit-il, le bilan de ses évènements fait état de 12 morts pour la ville de Kinshasa alors que le charnier en contient plus de 425. N’empêche que parmi les 425 cadavres soient dissimulés les Kulunas, victimes de l’Opération Likofi, ou plus récemment encore les victimes de la répression de janvier, rétorque les membres de l’opposition et de la société civile. D’après le Sg du PPrd, ces cadavres proviennent de la
morgue de l’hôpital de Maman Yemo. Ce sont des cadavres des indigents, depuis longtemps abandonnés à la morgue, qui ont été inhumés par les soins de l’Hôtel de ville. Ça c’est la version du gouvernement. La Monusco et les Ongs demandent à voir le rapport que Boshab a confectionné pour se prononcer à leur tour. Malgré les concessions de Boshab, notamment le fait que le gouvernement est prêt à procéder à l’exhumation si sa version est contestée, mais il y a quand mêmes des choses qui intriguent dans cette affaire ! La première, pourquoi avoir enterrés il y a deux semaines ces corps la nuit entre 2 heures et 4 heures du matin ? Ensuite, pourquoi les avoir inhumés dans une fosse commune ? Enfin, pourquoi les avoir si mal ensevelis au point que l’odeur de putréfaction a empesté la commune de Maluku et menacé la santé de ses habitants ? On ne badine pas avec les charges publiques. Une telle légèreté mérite sanction. Voilà
pourquoi les responsabilités des uns et des autres doivent être tirées au clair. Le député UNC Baudouin Mayo demande carrément que le président de la République sévisse. Quant au député Fayulu, il exige la constitution d’une commission d’enquête parlementaire. Si un pays n’arrive pas à offrir une sépulture digne à ses fils, il ne peut prétendre à aucune humanité ni à aucune grandeur. Car la dignité d’un Etat qui se veut « moderne ou Emergent» c’est aussi savoir enterrer ses citoyens les moins bien lotis dans la dignité.