Cinq générations de nouveaux majeurs exclus du fichier électoral
Le calendrier électoral global publié par la CENI le jeudi 12 février 2015 continue de susciter un tollé de protestations dans plusieurs états-majors politiques ainsi que chez l’homme de la rue. Si la plupart d’acteurs politiques déplorent le manque de concertation préalable entre cette institution d’appui à la démocratie et ses partenaires tant politiques que sociaux, des organisations de jeunes dénoncent l’exclusion de plusieurs générations de nouveaux majeurs du fichier électoral.
En effet, de 2011 à 2015, cela fait cinq ans que des millions de jeunes Congolaises et Congolais ayant atteint 18 ans révolus sont toujours inconnus de l’administration de la CENI. Or, l’article 5 de la Constitution, alinéa 5, stipule que « Sans préjudices des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la Présente Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques ».
En revisitant le chronogramme des élections locales, municipales, urbaines, sénatoriales, législatives et présidentielles, nombre de compatriotes ont noté l’absence de nouvelles opérations d’enrôlement. Cela est d’autant inquiétant que lors des séquences d’actualisation du fichier électoral organisées à Kinshasa, au Bandundu et dans d’autres provinces du pays, il a été constaté que la CENI n’a affiché que les listes reprenant les détenteurs des cartes d’électeurs délivrés en 2011 ou ceux les ayant perdus, lesquels étaient invités à se faire délivrer des duplicata.
Il s’agit là d’une indication explicite quant à l’exclusion des jeunes garçons et filles nés entre 1988 (mineurs d’âge en 2005 lors du référendum constitutionnel) et 1994 (mineurs d’âge en 2011 lors des élections législatives et présidentielle). Privés de leur droit constitutionnel d’être électeurs ou candidats à un mandat électif, ils demandent à la CENI de les intégrer dans le fichier électoral devant servir de soubassement aux élections des conseillers de secteur et chefferie, des conseillers communaux, des bourgmestres et bourgmestres adjoints, des conseillers urbains, des maires et maires adjoints, des députés provinciaux, des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces, des sénateurs, des députés nationaux et du président de la République.
Ignorer cinq générations de Congolaises et Congolais dans le processus électoral de 2015 à 2016 apparaît comme une intolérable violation de la Constitution et une grave entorse à la recherche de la vérité des urnes, qui ne peut éclater de façon indiscutable que si tous les citoyens ayant le droit de vote et qui n’y renoncent pour des raisons diverses participent effectivement aux scrutins. Si la CENI ne répare pas la fracture qu’elle est en train de créer au sein de la communauté nationale, des millions de nouveaux majeurs auraient le plein droit de ne pas se reconnaître dans les élus qui sortiront des urnes entre 2015 et 2016.
Kimp