Camp Bauma à Kisangani : La Monuso lâche les FDLR

Lundi 24 août 2015 - 12:26

La Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo) va suspendre, à compter du mois de septembre 2015, ses rations alimentaires en faveur des ex-combattants FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda cantonnés au Camp Bauma, dans la ville de Kisangani, en ex-Province Orientale. C’est le chef de la mission onusienne en personnes, Martin Köbler, qui a annoncé la décision, au terme de sa visite dans ce site le samedi 22 août 2015. A l’en croire, ces rebelles rwandais sont restés sourds à toutes les offres de rapatriement volontaire dans leur pays d’origine, sous prétexte qu’ils n’ont aucune garantie de sécurité et qu’ils risquent d’aller au devant de la mort. Même la proposition de Kobler d’amener un petit groupe de volontaires dans des camps d’accueil au Rwanda, afin qu’ils se rendent compte de la situation qui y prévaut réellement, a été rejetée.

Le patron de la Monusco ne s’explique pas l’attitude, négativiste des FDLR et les soupçonne d’être prisonniers d’un agenda politique caché. Il a toutefois fait savoir que financièrement, la mission onusienne n’est plus en mesure de prendre en charge la restauration de ces ex-combattants pourtant candidats au rapatriement. Selon lui, en sus du Camp Bauma de Kisangani, ceux de Kanyabayonga, Walungu, Kamina et Kitona sont également à la charge de la Monusco en matière de nourriture. Trop, c’est trop Les finances onusiennes ne permettent plus la poursuite de l’aide humanitaire. Martin Kôbler en a appelé à une solution urgenté consistant à évacuer d’urgence les FDLR du territoire congolais, sans préciser à quel pays ou organisation devrait incomber pareille tache.

La RDC avec une « bombe sociale » sur les bras …

On rappelle que l’ultimatum donné aux FDLR par les Etats membres de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs) en juillet de l’année dernière à Luanda, les obligeait de se soumettre au rapatriement volontaire, faute de quoi ils allaient y être contraints par la force, a expiré en janvier en décembre 2014. Il était question qu’à compter du 02 janvier 2015, les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), et de concert avec les Casques bleus de la Monusco, lance les opérations de traque de cette force négative dans la partie Est du pays. Hélas, un quiproquo entre les deux parties1autour de la présence, dans cette zone opérationnelle, de deux officiers généraux de l’armée congolaise déclarés indésirables par l’institution onusienne avait poussé cette dernière à se désengager du front. Par conséquent, les FAR DC essaient de faire le ménage sans le concours onusien, ce qui cause un retard considérable à la volonté congolaise de neutraliser les EDLR. Aux dernières nouvelles, l’on apprend que la coopération militaire entre les deux parties est en train de se remettre en place.

En attendant que le partenariat militaire reprenne son envol, l’on craint que les ex-rebelles rwandais réfractaires au rapatriement ne s’échappent de leurs sites de cantonnement pour se connecter à leurs frères d’armes encore en vadrouille au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, où ils opèrent sous le régime de la guérilla.

Une véritable « bombe sociale » est ainsi laissée entre les bras de la RDCÇ laquelle peut exploser à tout moment sous la forme d’une nouvelle rébellion ou d’un groupe armé étranger très nocif pour sa sécurité interne. Le plus curieux dans L’affaire des FDLR est que le Conseil de Sécurité de Nations Unies, qui avait, en son temps, sommé la RD de ne plus tergiverser, à dater du 02 janvier 2015, dans la chasse à cette force négative, la laisse se débrouiller seule.

Mais, au regard de l’élargissement du front, des difficultés logistiques de l’armée congolaise; de la volatilité de ces ex-rebelles, de leur ancrage dans les communautés, autochtones, de multiples complicités internes et externes dont ils jouissent depuis plus de vingt ans, des opérations de ratissage en solo ont très peu d chance d’aboutir. D’où, il faut espérer.une rapide mise en commun des forces congolaises et onusiennes pour éviter le prolongement du statu quo, synonyme d’un nouvel enlisement de la situation. Il y a également lieu que les pressions onusiennes sur Kigali soient, réactivées, de manière à contraindre le gouvernement rwandais à prendre les dispositions sécuritaires requises pour favoriser le rapatriement de ses ressortissants.

Par Kimp