Le calendrier électoral publié par la CENI continue de susciter de nombreuses réactions dans le microcosme politique congolais. Dernière en date, celle de Samy BadibangaNtita, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale et, de ce fait, leader de l’opposition parlementaire. Il y a peu, il avait élaboré une critique avec renfort d’arguments techniques pour démontrer que ce calendrier n’était pas réaliste. Aujourd’hui, les faits lui donnent raison, et il se fait fort de le réaffirmer. Badibanga relève les nombreux retards qui s’accumulent sur le processus électoral tel qu’imaginé par la centrale électorale congolaise. La réaction du président parlementaire UDPS et Alliés vaut son pesant d’or, surtout que la CENI annonce le début de l’enregistrement des candidats aux élections législatives provinciales dès le 15 avril prochain.
«En premier lieu, il y a la loi sur la répartition des sièges. Selon le calendrier électoral, il était prévu que le gouvernement la dépose au Parlement entre le 22 mars et le 5 avril. Or, cela n’a pas été fait», déclare Samy BadibangaNtita. Qui précise que, suite aux incohérences recensées sur la liste des groupements transmis par le ministre de l’Intérieur, et la non-affectation des électeurs dans lesdites entités, le dépôt de la loi sur la répartition des sièges au Parlement n’est toujours pas réalisé.
Activités critiques
Et ce n’est pas le seul cas. Il poursuit en citant également l’audit externe du fichier électoral, qui aurait dû être fait du 26 mars au 12 avril. De même, rien n’a été fait à ce jour. «Outre ce retard, les modalités pratiques d’exécution de cet audit demeurent inconnues», ajoute le président du groupe parlementaire UDPS et Alliés.
Pour qui, les retards enregistrés dans l’exécution de ces deux opérations, considérées comme activités critiques par la CENI elle-même dans son calendrier, font que le glissement redouté risque bel et bien d’être à nouveau à l’ordre du jour si on n’y prend garde. Dans une déclaration dans notre journal le mois dernier, M. Badibanga avait estimé que les délais prévus étaient en tous cas fantaisistes, et le chevauchement prévu délibérément hasardeux.
Il soutenait qu’il n’était pas réaliste d’organiser les élections locales et provinciales en 2015, alors que l’enjeu n’est pas local. «C’est la présidentielle qui symbolise la crise de confiance. Par voie de conséquence : «la priorité doit être donnée à l’organisation d’élections crédibles en 2016, en combinant les élections présidentielle et provinciales et, début 2017, les élections législatives et locales. Dans ces conditions, une opération d’enrôlement de tous les électeurs, y compris des nouveaux majeurs, pourra se dérouler en moins de 12 mois, et un nouveau fichier électoral pourra être mis en place en remplacement de l’actuel fichier corrompu et tant décrié. Cela permettra de créer un consensus d’adhésion en vue d’un processus électoral apaisé. Cela justifiera enfin le cofinancement massif, par la Communauté Internationale, d’élections dont il est inconcevable d’exclure la jeunesse,
c’est-à-dire l’avenir du pays», plaidait-il.
Plaidoyer pour un calendrier réaliste
Aujourd’hui, il revient à son plaidoyer pour un processus électoral consensuel et apaisé. Plus que jamais réconforté par les retards qui s’accumulent, il invite encore une fois le Parlement à se saisir de la question et à initier des discussions avec tous les acteurs politiques et la société civile afin que les Congolais puissent se mettre d’accord sur un calendrier électoral réaliste et accepté par tous.
B.M. (C.P.)