Burundi: arrestation d’un opposant à un 3e mandat de Nkurunziza

Lundi 27 avril 2015 - 14:19

Une figure de la société civile burundaise, le défenseur des droits de l’Homme Pierre-Claver Mbonimpa, qui a appelé à manifester contre un éventuel troisième mandat du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza, a été arrêté lundi à Bujumbura, a-t-on appris auprès de son avocat et d’un témoin.

Son avocat Armel Niyongere a affirmé ne pas avoir officiellement été informé des accusations portées contre son client, mais «pense que c’est lié à son appel à manifester aujourd’hui».

Selon des sources concordantes, un mandat d’arrêt a aussi été émis contre Vital Nshimirimana, principal organisateur au sein de la société civile de la campagne contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza.

Selon un témoin, Pierre-Claver Mbonimpa a été «arrêté brutalement» par la police alors qu’il arrivait à la Maison de la presse du Burundi, une association regroupant les médias burundais.

Le militant, patron de la principale organisation de défense des droits de l’Homme burundaise (Aprodeh), est une des principales voix de la société civile opposée à un nouveau mandat de Pierre Nkurunziza.

Le chef de l’Etat a été désigné samedi par son parti, le Cndd-FDD, comme candidat à la présidentielle du 26 juin.

Au pouvoir depuis 10 ans, élu une première fois par le Parlement en 2005, une deuxième fois au suffrage universel en 2010, Pierre Nkurunziza s’apprête donc à briguer un troisième mandat.

Son clan juge la démarche parfaitement légale, mais ses opposants estiment qu’elle est anticonstitutionnelle et surtout contraire aux accords d’Arusha, qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile (1993-2006) dont le pays peine encore à se remettre.

L’investiture de Pierre Nkurunziza a donné lieu à de première manifestations dimanche, qui ont débouché sur des violences qui ont fait quatre morts.

Lundi, la population est redescendue dans la rue, mais la police a empêché les manifestants de gagner le centre-ville.

Avant même son arrestation de lundi, Pierre-Claver Mbonimpa faisait déjà l’objet d’une procédure judiciaire, accusé d'«atteinte à la sûreté de l’Etat» pour avoir affirmé l’an dernier que des jeunes du parti au pouvoir, les «Imbonerakure», recevaient une formation paramilitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.

AFP