Boma : la « Route de l’esclave » dans la ligne de mire de l’Unesco

Lundi 13 avril 2015 - 13:19

De retour d’un séjour d’une semaine (du 2 au 8 avril) dans la province du Bas-Congo, le ministre du Tourisme, Elvis Mutiri wa Bashara, a restitué à la presse, le vendredi 10 avril 2015, les contours de cette mission officielle dans cette partie du pays. A l’en croire, elle a consisté, d’une part, à inspecter les sites et circuits touristiques existants afin d’en établir un état des lieux, et, d’autre part, à identifier des nouveaux sites en vue de leur valorisation. C’était aussi l’occasion pour le ministre d’appréhender les difficultés éventuelles que peuvent rencontrer les touristes par rapport aux voies d’accès aux différents sites.

C’est par Mbwela Lodge, à Inkisi, que le ministre du Tourisme, Elvis Mutiri Wa Bashara, a démarré sa visite le 3 avril dernier, parcourant de fond en comble ce lieu touristique, situé à 104 km de Kinshasa. Puis, s’est poursuivie au jardin Botanique de Kisantu, étendue d’une superficie de 225 ha au bord de la rivière Inkisi, qui regorge une collection morte d’espèces variées de bois, fibres, fruits, graines et autres épices dans son musée et une multitude d’arbres exceptionnels, dont l’arbre qui marche grâce à ses racines adventives. « Centenaire, cet arbre peut couvrir 1 ha en un siècle s’il n’est pas taillé. C’est une espèce qu’il faut protéger. Autre pièce rare dans ce jardin, c’est le Dinosaure, symbole même du jardin, espèce fortement menacée», a-t-il alerté, avant de souligner que le jardin abrite l’unique école pilote d’horticulture de la RDC. Celle-ci, faudrait-il savoir, est confrontée à un problème d’ordre logistique concernant l’insuffisance d’équipements pour son laboratoire.

Après Kisantu, la visite s’est poursuivie aux chutes de Zongo où Elvis Mutiri a épinglé l’épineux problème d’accès à ce patrimoine public national comme un des défis que doit relever son ministère pour rentabiliser ses sites. Les activités hôtelières et touristiques développées autour de ce site lui offrent une valeur ajoutée qu’il faut promouvoir. Les chutes de Zongo, la grotte « Papa Simon Kimbangu », la plage Sunguza, les chutes de massage, autant des ressources touristiques qu’il faut transformer en richesses pour faire de ce secteur un véritable vecteur de croissance.

Quant au site Belvédère qui offre une vue panoramique exceptionnelle de toute la vallée de Mpozo et renferme l’histoire du chemin de fer Matadi-Kinshasa, le ministre a estimé que ce paysage, une fois restauré, peut constituer un lieu d’attraction dans le cadre du tourisme scolaire, être renforcé par un musée et une boutique des souvenirs. D’autres sites tels que le pic Kinzau (ex Cambier), le monument aux porteurs et la route de caravane ayant une valeur historique doivent nécessairement être réhabilités, a-t-il ajouté.

Ayant échangé avec les cadres de la section provinciale du tourisme, ceux-ci ont présenté à l’autorité de tutelle leurs difficultés qui se résument en manque de formation, de financement et de mobilité tant pour le personnel que pour les touristes.

Avant de quitter Matadi pour Boma, Elvis Mutiri a réuni les différents acteurs impliqués dans le secteur du tourisme notamment : ANR,ONT, DGM ,Administration provinciale, FEC, hôteliers et restaurateurs. Il était question de relever les problèmes qui rongent le tourisme au Bas-Congo en vue de dégager les pistes de solution pour faire réellement du tourisme un secteur créateur des richesses et d’emplois. D’une manière générale, la situation se résume en manque d’équipements, mauvaises conditions de travail, problèmes de nouvelles unités et des agents mécanisés non rémunérés, nécessité de recyclage pour la remise à niveau des agents et cadres de la division provinciale du Tourisme et de l’ONT.

Concernant le secteur privé c.-à-d., les hôteliers et restaurateurs, les principaux obstacles qu’ils rencontrent sont, entre autres, la dette intérieure, les tracasseries administratives avec multiplicités des taxes, les arrestations non légales des clients dans les établissements, la concurrence déloyale par la présence des ASBL confessionnelles d’hébergement. «Des préoccupations des uns et des autres ont rencontré une oreille attentive de ma part, car dans ma vision, je tiens à faire des provinces pilotes que sont Kinshasa, le Bas-Congo et le Nord-Kivu, mes priorités dans le programme que je compte mettre en œuvre bientôt…», a-t-il promis.

A Boma, ville portant une charge historique indéniable, car préparant le 125 ème anniversaire de son diocèse, le patron du Tourisme a parcouru différents sites, dont la 1ère cathédrale catholique de l’Afrique centrale, le cimetière des pionniers, le site du 1er camp militaire de la force publique, le premier bureau du gouverneur général, la résidence du 1er gouverneur général, le célèbre Baobab de H. M. Stanley, les deux premières voitures ayant roulé au Congo, le bateau explosé dont l’épave est encore perceptible dans le fleuve et un hôtel 4 étoiles en construction grâce à un opérateur privé pour la valorisation du site qui va attirer les touristes .

Arrivé à Moanda par voie fluviale le 6 avril, Elvis Mutiri a commencé sa visite par la pointe de Banana, là où le fleuve Congo et l’océan Atlantique se croisent. Puis, il a été à la Pointe de Banana, à la plage de Tonde en passant par le parc marin de Mangrove, le circuit de la route de l’esclave, où sont encore visibles les chaînes auxquelles étaient attachés les esclaves avant leur embarquement vers d’autres continents et la marmite dans laquelle était préparée leur nourriture. « Cette étape de la visite était très importante pour nous dans le cadre de l’identification et de la réalisation du projet de ‘la route de l’esclave’ de l’UNESCO lancée en 1995, avec un triple objectif, parmi lesquels, contribuer à une meilleure compréhension des causes et modalités d’opération ainsi que des enjeux et des conséquences de l’esclavage dans le monde. La RDC va rattraper le retard accumulé de plus de 50 ans dans le secteur du tourisme par rapport à d’autres destinations du monde », a-t-il promis. Tshieke Bukasa