Le président Kabila a promis une réorganisation du commandement de l’opération et a demandé à la Mission de l’ONU (Monusco) de renforcer sa présence dans la région. Une requête acceptée par la Mission qui, au côté de l’armée congolaise, espère s’attaquer « plus vigoureusement » aux rebelles. Quelques heures seulement après le départ du Chef de l’Etat, les assaillants qui sont partis de la commune de Ruwenzori, ont perpétré un nouveau carnage dans le quartier Bel-Air à l’Est de la ville de Beni aux alentours de 19h30’ locales, soit 18h30’, heure de Kinshasa.
Bilan : 11 personnes tuées, dont 2 militaires FARDC, des femmes et des enfants. Ce chiffre avoisine celui déjà avancé par la Société civile : 14 morts, dont 2 militaires. Mais avant, on avait parlé de 8 morts dont 2 militaires et 6 civils.
Une tension extrême était perceptible hier encore dans cette partie de la République. Un couvre-feu a été décrété, à cet effet, dans la cité à partir de 18heures. La maire a annoncé également une réunion d’urgence pour tenter de prendre de nouvelles mesures.
La population et descendue hier matin dans la rue pour protester contre les massacres à répétition. Dans leur colère, les manifestants se sont dirigés vers la mairie de Beni avant d’être dispersés par les policiers et les militaires.
Le président de la Fédération des Associations de la Société civile du territoire de Beni n’a pas hésité d’accuser les éléments appartenant à la rébellion ougandaise des Forces démocratiques alliées à laquelle sont attribués les autres carnages, d’être à la base de ce nouveau carnage.
Pour un autre témoin : « Toutes les dépouilles sont arrivées à la morgue, il y a 8 corps. Il y a 1 enfant, 3 femmes, le reste sont des hommes. 2 militaires ont été tués par balle, l’enfant a été percé par un couteau et les autres par machette ».
Au bout d’une heure et demie d’échanges de tirs et de pierres, un calme précaire est venu. Un petit groupe de manifestants et hommes armés se font face. Certains transforment les douilles trouvées par terre en sifflets.
Une femme en colère a réagi en ces termes : « Laissez-nous passer pour détruire la mairie … Nous sommes fatiguées, nous, les populations de Béni. Tueries, massacres, en tout cas nous sommes fatigués. Il n’y a pas moyen. Même nos voisins, nos filles et nos garçons sont morts aujourd’hui (Ndlr hier dimanche) dans la morgue, dans mon avenue, devant ma maison ».
Plus tard dans la matinée, des tirs résonnaient encore ici dans le quartier. Le gouverneur du Nord-Kivu et le maire de la ville, tous deux expliquent qu’il a fallu disperser les manifestants particulièrement en colère, des habitants armés de pierres qui voulaient saccager la mairie.
A la suite à ces échauffourées, le centre-ville de Beni s’est vidé, les églises ne comptaient que quelques fidèles qui avaient fermé leurs portes et la circulation était quasiment inexistante hormis les véhicules de l’armée et de la police, a-t-on témoigné.
Le calme semble donc revenu, les rues sont vides mais, partout des traces d’affrontements et de pneus brûlés sont visibles ainsi que de barrages de fortune mis en place par les manifestants en colère, sur les grandes artères de la ville.
LP