Après les quatorze morts enregistrés lors du séjour du président Joseph Kabila à Beni, d’autres morts ont également été dénombrés dans la nuit de samedi après le départ du Raïs. C’est à croire que ces tueurs, identifiés comme étant des ADF, lancent un défi au Gouvernement congolais et à la Monusco dont les forces ont mission de sécuriser les pauvres civils, les habitants de la ville de Beni qui ne cessent de compter leurs morts. Après environ quatre-vingt morts enregistrés en l’espace d’un mois, ce qui a justifié le déplacement du chef de l’Etat, par deux fois on a noté le décès de quatorze pour un total de vingt-huit dans l’ensemble. Trop, c’est trop, le Gouvernement et la Mission onusienne en RDC (Monusco) ont décidé de relever le défi pour protéger les habitants de la ville de Beni située à plus de 350 km de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Là où, certaines sources parlent de sept morts lors de la dernière attaque, celle de la nuit de samedi 1er novembre dernier, la société civile fait état de quatorze morts (dont deux militaires) comme lors de l’avant-dernière attaque. C’est aux environs de 19h00 locales, indique-t-on, que ces assaillants ont fait incursion dans la commune de Rwenzori pour mener leur opération, selon des sources concordantes. Au quartier Boikene, poursuit-on, ces hommes armés ont tiré sur les habitants des cellules de Sobiede et Municipale. A l’arrivée des FARDC, ils se sont enfuis dans la brousse vers Kasinga. Ce qui a poussé la population des quartiers Ngadi et Boikene à descendre hier dimanche matin dans la rue pour protester contre ces massacres à répétition. Ces manifestants se sont ensuite dirigés vers la mairie de Beni avant d’être dispersés.
LA DEMANDE DE KABILA ET LA REPONSE DE KOBLER
A en croire nos sources, le dernier massacre a été perpétré quelques heures seulement après le départ du chef de l’Etat de la ville de Beni, où il a séjourné pendant quatre jours. Dans cette ville, Joseph Kabila s’était entretenu avec les forces sociales et politiques afin de mettre fin à l’insécurité qui prévaut depuis plus d’un mois dans ce territoire du Nord-Kivu. C’est pour cette raison que le vendredi 31 octobre dernier, le Raïs s’est adressé à la population de Beni en indiquant qu’il souhaitait que la Mission des nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco) renforce sa présence dans cette zone pour faire face aux problèmes d’insécurité. Le président a lancé une mise en garde contre les rebelles ougandais des ADF.
"J’accueille favorablement la requête exprimée par le Président Kabila hier matin à Beni demandant à la MONUSCO de renforcer sa présence dans la région. Ces renforts permettront aux FARDC d’engager les rebelles de l’ADF plus vigoureusement", a indiqué le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, Martin Kobler, dans un communiqué lancé à l’issue du meeting du président Joseph Kabila à Beni. En plus des renforts de la Brigade d’intervention, la MONUSCO déclare avoir déjà apporté des moyens d’appui et des renseignements à la douzaine de régiments des FARDC actuellement engagés dans les combats contre l’ADF. Et que, depuis les récentes attaques perpétrées contre les populations civiles à Beni, la MONUSCO a multiplié les opérations conjointes aux côtés des FARDC, y compris en menant des patrouilles de nuit.
ENSEMBLE POUR TRAQUER LES ADF
Face au défi lancé par les rebelles ougandais, le chef de l’Etat congolais et le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Congo s’accordent pour traquer les assaillants qui sèment la terreur à Beni. Si, d’une part, Joseph Kabila a l’obligation d’assurer la sécurité de ses compatriotes de Beni, Martin Kobler a le devoir de soigner l’image des casques bleus accusés de ne pas protéger les civils conformément à leur mission.
Le Raïs a lui-même évalué le degré de nuisance des assaillants parce que des personnes ont été tuées lors de son séjour à Beni comme s’il s’agissait de lancer un défi au numéro un de la RDC. Un défi qu’il ne peut pas ne pas relever afin de voler au secours de la population de la ville de Beni.
Pour sa part, la Monusco avait été prise à partie dans la même ville parce qu’accusée de ne pas protéger les civils. Là aussi, il s’agit d’un défi lancé qu’il faut à tout prix relever. Dans un cas comme dans un autre, il est question de démontrer à quel point, les forces gouvernementales et celles de la Monusco peuvent éradiquer les rebelles ougandais comme elles l’ont fait pour le M23 de triste mémoire. Il est donc permis, au nom de ce double défi, de croire que les prochains jours seront déterminants pour les FARDC et les casques bleus. Car, il s’agit de traquer l’ennemi commun jusqu’au dernier retranchement en vue de donner une nouvelle leçon aux groupes armés qui continuent à écumer l’Est de la RDC en sévissant avec la toute dernière énergie. M. M.