Les cas Kamerhe, Muyambo, Christopher Ngoy, Pascaline Kudura… évoqués
Six Organisations non gouvernementales des droits de l’homme basées en République démocratique du Congo dénoncent, avec la dernière énergie, » l’instrumentalisation de la justice congolaise à des fins politiques « .
Il s’agit de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), la Ligue congolaise contre la corruption et la fraude (Licof), la Nouvelle société civile congolaise (Nscc), Justicia Asbl, la Fondation Bill Clinton pour la paix (Fbcp) et les Anges du ciel (Ac).
Elles l’ont dénoncé lors d’une conférence de presse animée hier lundi 3 février 2015 par Me Georges Kapiamba, principal orateur, à Kinshasa. Ces Ongdh constatent avec beaucoup d’amertume que, depuis un certain temps, le pouvoir de Kinshasa utilise la justice congolaise qui est pourtant au service du public, pour » matraquer sérieusement les opposants et les défenseurs des droits de l’homme « .
A titre illustratif, elles citent les cas de Vital Kamerhe, Jean-Claude Muyambo, Christopher Ngoy et Pascaline Kudura nouvellement victimes, tout en rappelant ceux d’Eugène Diomi Ndongala, JB Ewanga, Bruno Kabangu Tshizubu, Vano Kiboko, Cyrille Mupapa, Fofo Konzi, Ernest Kyaviro, Patrick Mundeke…
» Nos organisations exigent la libération sans conditions de tous les prisonniers politiques et la cessation des attaques judiciaires contre les opposants et les défenseurs des droits de l’homme « , peut-on lire dans un communiqué conjoint signé par les six Ongdh.
Ces dernières en appellent vivement à la communauté internationale, notamment aux Nations Unies, à l’Union africaine, l’union européenne, aux Usa, à la France, la Grande Bretagne, la Belgique, au Canada… de prendre toutes les mesures qui s’imposent afin de contraindre le gouvernement à respecter les droits et libertés fondamentaux des citoyens dont la liberté d’expression, d’opinion, de manifester pacifiquement et publiquement… et qu’il libère tous les prisonniers politiques sans conditions.
Ces organisations se disent être mobilisées pour continuer à dénoncer les violations des droits et libertés fondamentaux des citoyens ainsi que l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Cas Kamerhe
L’ACAJ, Licof, Nscc, Justicia Asbl, Fbcp et Ac sont convaincues que l’ » injonction » du ministre de la Justice, le pourvoi du procureur général de la République et la décision de la Cour suprême de justice s’octroyant le droit de juger Vital Kamerhe » rentrent dans un stratagème visant l’élimination politique de ce dernier à cause de ses prises de position contre la modification de la Constitution et de la loi électorale « .
Ces Ongdh trouvent incompréhensibles que malgré qu’il y a eu transaction convenue entre Vital Kamerhe et Wivine Moleka ainsi que le désistement de cette dernière de son action pénale, le gouvernement ait recouru au Pgr pour qu’il fasse un pourvoi contre la décision rendue par le TGI/Kinshasa-Gombe sous RPA 19123/18643, uniquement sur la forme, dans le but de faire accélérer le traitement du dossier et obtenir à tout prix la condamnation du président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC).
Dossier Muyambo
Enlevé le 20 janvier 2015, soit au lendemain des manifestations organisées par l’Opposition et les organisations de la société civile contre la modification de la loi électorale, JC Muyambo a été, par la suite, déféré au Parquet général de Kinshasa/Gombe où il sera inculpé pour une vieille plainte de Lubumbashi alors que le plaignant s’y était déjà désisté, soutiennent les six Ongdh.
Placé à la Prison centrale de Makala sous mandat d’arrêt provisoire valable pour cinq jours, le bâtonnier est, depuis le 26 janvier jusqu’à ce jour, détenu arbitrairement car il n’existe pas de décision du tribunal ayant autorisé sa mise en détention préventive comme l’exigent les articles 28 et 29 du code de procédure pénale.
Pour les six organisations signataires du communiqué conjoint, » il est en réalité détenu à cause de son départ de la Majorité présidentielle et son opposition à la modification constitutionnelle et à la loi électorale « .
Affaire Christopher Ngoy
Ce défenseur des droits de l’homme est détenu au secret depuis le 21 janvier. Son combat contre la modification constitutionnelle, la suppression de l’Onip, le départ du bureau Malumalu de la Ceni… n’a pas été bien apprécié. Les Ongdh exigent un procès régulier pour son cas, devant son juge naturel.
Pascaline Kudura
» Elle paie tout cela à cause de son engagement pour la libération sans conditions d’Eugène Diomi Ndongala, et son opposition à la modification de la Constitution et de la loi électorale « , signale-t-on dans le document. Porte-parole de la MPP, elle a fait l’objet d’interpellation musclée par mandat d’amener le 30 janvier 2015 pour un dossier civil portant sur un litige foncier.
Selon les Ongdh, elle n’a pu être remise en liberté ce jour-là qu’à la suite de la mobilisation de plusieurs organisations des droits de l’homme et d’autres personnalités politiques.
Par LM