COP30 : les « forêts » tropicales sauvées in extremis dans le texte final grâce notamment à l’ « opiniâtreté » de la RDC (témoignage)

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Dans le texte final de la 30ᵉ session de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30), le mot « forêts » a failli être oublié. Il a fallu « l’opiniâtreté » de la délégation congolaise pour qu’il soit repris pendant les dernières minutes des discussions.

Plus l’on s’acheminait vers les heures ultimes de la conférence, le 21 novembre 2025, plus le spectre d’une COP « sans consensus » pointait à l’horizon. Les discussions entre les délégations et négociateurs venus de quatre coins de la planète s’étirent, s’enlisent, puis s’interrompent brutalement.

« L’absence de “forêts” tropicales dans ce texte était inacceptable pour la délégation congolaise, 2ᵉ poumon vert grâce notamment à son massif forestier. Il fallait alors jouer le va-tout: lobbying serré, mots d’ordre clairs », nous a relaté un membre de la délégation congolaise à Belém.

La bataille de la ministre Arlette Bahati

Il est 01h du matin, le 22 novembre, les discussions sont suspendues pour la énième fois, la tension est à son comble. « Le constat est inquiétant : les principales préoccupations des pays forestiers, particulièrement africains, ne figurent toujours pas dans le projet du texte final, aucun engagement spécifique pour les communautés locales! », raconte le négociateur.

Profitant de ce moment de suspension, Arlette Bahati, ministre déléguée congolaise en charge de la Nouvelle économie du climat, va enchaîner les rencontres. Elle va notamment s’entretenir avec le président de la COP30, André Correa do Lago.

« Si les pays africains sortent de Belém sans reconnaissance de leur rôle forestier et sans mécanisme clair de financement, alors cette COP perdra toute crédibilité », avait-elle averti le diplomate brésilien, tout en rappelant les engagements pris par le Président Lula da Silva dans le cadre du Fonds perpétuel pour les forêts tropicales (TFFF), ainsi que sa promesse solennelle de faire de la COP30 « la COP des forêts ».

La ministre va ensuite rencontrer le Groupe des négociateurs africains (AGN), mobilisés et fermes sur leurs positions; la Coalition pour les forêts tropicales (Rainforest coalition), engagée pour la défense du marché carbone;  la délégation de l’Union européenne, qui cherche une formulation commune acceptable, le groupe des États Arabes ainsi que des représentants des peuples autochtones et des communautés locales, tout en  rappelant que « les forêts ne peuvent être défendues sans les populations qui y vivent. »

Consciente qu’elle joue l’avenir d’un combat porté depuis des années: celui du financement structurel des forêts tropicales, la délégation congolaise n’avait pas quitté la salle. Les dernières discussions ne reprendront qu’à 5h30.

À l’aube, après une nuit de « tension diplomatique », bingo: les « forêts » tropicales réapparaissent dans le texte final, dans son deuxième paragraphe.

« Mieux encore : elles sont accompagnées d’un mécanisme de financement spécifique, d’une reconnaissance du rôle des communautés locales et des peuples autochtones, d’une consolidation du marché carbone africain et d’une inclusion du volet pertes et dommages pour les pays vulnérables », se réjouit notre source.

Au ministère de l’Environnement, développement durable et nouvelle économie du climat, l’on fait savoir que l’ « opiniâtreté » de la délégation congolaise à la COP30 à faire valoir les forêts tropicales vise le succès et la visibilité des projets initiés par le président de la République Félix Tshisekedi, notamment le couloir vert Kivu-Kinshasa.

Bienfait Luganywa