Démolitions des constructions anarchiques à Kinshasa : « Aucune victime n’a été avisée que 48h avant » (Ministre des ITP)

Jeudi 12 juin 2025 - 09:37
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L’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK ) a poursuivi, ce mercredi 11 juin 2025, l’examen de la question d’actualité adressée au ministre provincial des Infrastructures et Travaux publics (ITP), Alain Tshilungu, par le député provincial Guylain Pohungu, relative aux démolitions des constructions  « anarchiques », menée dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa.

Présidée par la vice-présidente de cet organe délibérant, Germaine Tshinyama Mpemba, cette séance plénière avait pour but : l’audition des réponses du ministre des ITP aux différentes questions des élus provinciaux sur les procédures suivies dans le cadre des opérations menées récemment par les autorités urbaines.

Au sujet des indemnisations, le ministre a souligné que les constructions ciblées étant toutes irrégulières, aucune d’entre elles n’ouvre droit à une compensation.

« Sur les démolitions des constructions anarchiques, on n’a identifié aucune parcelle ou aucune maison éligible à pouvoir être indemnisée. Pourquoi ? Parce que nous avons respecté le cadre légal. Le cadre légal, c’est quoi ? C’est l’ordonnance-loi 074-148 et l’arrêté interministériel du 29 octobre 1993. Les recours administratifs, oui, ça existe. Nous sommes dans un État de droit. Pour les populations qui se sentent impactées ou lésées, ou qui estiment que nous sommes allés au-delà de nos pouvoirs, il y a des voies légales pour pouvoir recourir et réclamer ce qui leur est dû. En ce qui concerne les constructions anarchiques, nous n’avons pas encore trouvé un cas où il fallait indemniser. Où est-ce que nous avons déjà démoli de manière officielle dans cette opération ? J’ai cité le cercle Bimoala : ils occupaient un espace public. J’ai cité la gare ferroviaire du magasin Kitambo. Là-bas, en commençant par l’avenue Nguma  jusqu’à Taboura, ce n'était que des spoliateurs. Tous des spoliateurs. Nous sommes même dans la clôture de la gare ferroviaire. Il n’y avait personne à indemniser », a-t-il noté.

Interpellé également sur les délais de préavis évoqués par les victimes, le ministre a expliqué la procédure standard suivie avant chaque démolition, insistant sur le respect des délais légaux et la transparence des actions entreprises.

« On nous dit que les victimes affirment avoir été avisées seulement 48 heures avant l’opération. Je réponds directement, non. Aucune victime, si on peut les appeler ainsi, n’a été avisée que 48 heures avant. Aujourd’hui, je peux déjà définir les quelques démolitions que nous avons eu à faire. Je viens de citer le centre Bimoala, où ils ont eu un avertissement de plus de six mois. Que faisons-nous ? Nous commençons par une mise en demeure pour prévenir que, pour des intérêts publics ou des intérêts d’État, nous allons passer pour récupérer l’emprise. Ensuite, après une période donnée, pas moins de six mois, nous faisons une lettre de rappel que nous allons passer pour pouvoir démolir. Et c’est dans cette lettre de rappel que vous observez les 48 heures ou les 72 heures », a-t-il indiqué.

En outre, il a mis l’accent sur les résistances observées sur le terrain, liées à une faible acceptation de l’autorité publique et a plaidé pour une mobilisation collective, incluant les députés provinciaux afin de renforcer l’adhésion des populations concernées.

« On doit avouer que nous faisons aussi face à une résistance. Nous faisons face à cette non-acceptation de l’autorité de l’État lorsque l’État communique par voies officielles. Et pour ce, nous recommandons aussi un accompagnement des honorables députés dans cette démarche-là. Actuellement, il y a la population qui se trouve toujours en dilemme sur l’avenir de la paix, parce qu’il y a eu une inquiétude de l’honorable Wemankwoy. Ils ont eu la mise en demeure. Depuis qu’on a fait cette mise en demeure, aujourd’hui, ça fait deux mois. Deux mois parce qu’il faudrait d’abord que nous terminions l’aménagement de la première partie de Mapenza. Ensuite, nous allons continuer les démolitions au niveau de l’avenue de la paix. Mais cette population viendra encore se plaindre qu’elle n’a pas été notifiée ou qu’elle n’a pas été contactée », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le ministre a rappelé l’interdiction stricte de toute construction dans les zones inondables, une règle de sécurité publique, selon lui, trop souvent ignorée par les occupants illégaux.

Il est à noter que la communication institutionnelle se fait notamment par arrêtés, correspondances officielles et communiqués, renforcés par une diffusion sur les réseaux sociaux et des descentes sur le terrain afin d’assurer une information large et accessible à la population ciblée.

Grâce Kenye