
La zone de Mayangose se trouvant dans la périphérie de la ville de Beni (Nord-Kivu) connait une résurgence des tueries des civils ces derniers jours. C'est après plusieurs années d'accalmie imposée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Cette entité, grainier de Beni et Butembo en vivres, avait été pacifiée par l'armée congolaise qui avait permis le retour des civils sur place pour y effectuer les activités champêtres. Mais, ces derniers jours, on assiste aux tueries et enlèvements, voire les incendies des biens de la population.
Une réapparition des ADF suite au conflit ICCN-Habitants
D'après les témoignages de certains agriculteurs, qui se sont confiés à 7SUR7.CD à Mayangose/Kididiwe II, la journée du dimanche 06 avril 2025, des tensions entre les populations et l'ICCN, survenus récemment, sont à la base de cette résurgence des tueries répétitives dans la profondeur de Mayangose.
"Aujourd'hui, les tueries refont surface à Mayangose. L'ADF, bien sûr, avait signé sa présence dans le Mayangose vers l'agglomération de Kipeyayo-Mikuya. Mais, depuis le début du conflit entre populations et ICCN vers Rizerie où des champs de civils ont été dévastés et d'autres civils pris en otage, les tueries se sont intensifiées dans d'autres villages, créant une psychose et paralysie d'activités champêtres jusqu'à nos jours. C'est ce conflit qui est à la base de nouvelles tueries. L'ADF a profité de ce malaise pour semer la confusion sur le terrain", ont déclaré plusieurs cultivateurs à Buker, un village se trouvant à plus de 5 kilomètres de Kididiwe II.
L'ICCN rejette la responsabilité
Selon un membre de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) qui s'est confié à 7SUR7.CD sous anonymat, l'ICCN n'est pas auteur de ces actes.
"Nous avons des familles qui sont à Beni et qui trouvent à manger grâce à Mayangose. Comment, nous pouvons nous déguiser en ennemi pour tuer nos semblables. Nous avons été dans une rencontre en trio Populations-ICCN-service militaire, le mois dernier, et nous avons décidé de mettre fin aux querelles en attendant d'autres mesures des autorités à tous les niveaux", a-t-il fait savoir.
Une cessation d’activités champêtres suite à la crise
Des activités champêtres restent paralysées dans plusieurs axes, notamment Kididiwe II-Mikuya-Kididiwe-Buker-Manzaka jusqu'à l'ouest de Rizerie, s'indignent les autorités en localité Kasinga.
"Les activités champêtres ne fonctionnent pas bien actuellement dans le Mayangose. Vous le savez, c'est Mayangose qui est grainier de Beni en vivres, mais tout ne marche pas, car les agriculteurs ont peur et vident la zone. Que les autorités militaires s'activent pour pacifier cette région à vocation agricole qui ravitaille Beni et ailleurs. Aussi, que ceux qui sont en conflit fument le Calumet de la paix en conjuguant ensemble pour l'intérêt de la population", a déclaré Kambale Jean-Marie, chef de blocs Buker, entité où plusieurs corps ont été découverts récemment.
La coalition FARDC-UPDF en alerte
La force conjointe FARDC-UPDF a été renforcée dans la profondeur de Mayangose pour la protection des civils et de leurs biens.
"Notre rôle est de protéger la population partout. Nous sommes déjà dans la profondeur de Mayangose. Que ceux qui se tiraillent laissent. L'ennemi nuisible actuellement, c'est l'ADF et mérite l'anéantissement. Nous, forces de défense, avons besoin de l'accompagnement de tous pour aboutir à un résultat positif. Nous avons besoin de l'accompagnement de la population, même ceux qui interviennent dans la protection de la nature notamment le parc, pour vite vaincre l'ennemi", ont lâché quelques officiers de la coalition FARDC-UPDF à 7SUR7.CD à Manzaka, à la suite de la récupération de deux corps en putréfaction découverts le week-end dernier.
Il convient de rappeler que les activités champêtres tournent au ralenti dans la zone de Mayangose qui fait face aux attaques des rebelles.
La situation est consécutive aux conflits qui opposent les populations riveraines et l'ICCN sur notamment la délimitation du Parc national des Virunga (PNVi). Pour la population cultivatrice, le gouvernement central devrait montrer la limite entre la ville de Beni et le territoire, aussi la chefferie des autres entités . Depuis 2010, des démarches entreprises par certaines autorités locales et provinciales, n'ont pas abouti à une solution définitive.
Le mois dernier, plusieurs civils ont été enlevés dans cette entité par des inconnus. Jusqu'à ces jours, ces civils restent introuvables.
Bantou Kapanza Son, de retour de Mayangose