RDC : Le vice-ministre de la Justice mobilise des étudiants à adhérer à la réforme constitutionnelle

Samedi 28 décembre 2024 - 21:24
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Le vice-ministre de la Justice et contentieux international, Me Samuel Mbemba Kabuya.

Le débat sur la réforme constitutionnelle en République Démocratique du Congo (RDC) demeure au cœur des discussions, comme en témoigne la journée d’échanges tenue ce samedi 28 décembre 2024 à Kinshasa entre le vice-ministre de la Justice et contentieux international, Me Samuel Mbemba Kabuya, et les étudiants des universités et instituts supérieurs de la capitale et ceux venus des provinces.

Dans son discours, ce membre du gouvernement Suminwa a souligné que cette question a déjà atteint un consensus différé. C’est-à-dire, selon lui, que les acteurs (ceux du pouvoir et de l’opposition) ont exprimé la nécessité de changer ou de réviser la constitution, mais à des temps différents.


« La question de la réforme constitutionnelle est aujourd'hui devenue un débat, et c'est tout à fait normal, car c'est cela la démocratie. Cette question a atteint le niveau de ce que j'appelle le consensus différé. Nous sommes en présence de deux parties. À un moment donné, certains ont dit, pour des raisons qu'ils ont avancées, que la Constitution méritait d'être changée ou révisée. À ce moment-là, les autres ont dit non. Ensuite, il y a eu un changement de rôles. Ceux qui étaient à l'opposition, dans l'exercice concret du pouvoir, se rendent compte que ce texte mérite d'être révisé ou changé. Mais ils le constatent à un autre moment. C'est ce que j'appelle un consensus différé. C'est-à-dire que certains ont dit oui à un moment et d'autres ont dit oui à un autre moment », a-t-il déclaré.

Et de poursuivre :

 « En effet, nous sommes en présence de la même question, à savoir la nécessité de réviser ou de changer la Constitution. Les mêmes acteurs de la majorité et de l'opposition, même s'ils ont inversé les rôles, soutiennent l'idée du changement ou de la révision de la Constitution à des moments différents. La question véritable du changement de la Constitution a un consensus exprimé en des moments différents. C'est cela que j'appelle le consensus différé ».

Il a une fois de plus mis en lumière les failles de l'actuelle constitution, en particulier l'article 217, qu'il considère comme une porte ouverte à la balkanisation du pays ainsi qu'à l’impunité accordée aux anciens premiers ministres qui ne peuvent être poursuivis pour des faits répréhensibles en raison d'un flou juridique entourant leur juge naturel.

Interrogé par un étudiant sur les ambitions présidentielles de Félix Tshisekedi, Me Mbemba a insisté sur le fait qu'il ne faut pas individualiser le débat, rappelant que le président de la République lui-même a affirmé ne pas vouloir briguer un nouveau mandat.

Cette rencontre a également abordé la question de l'insécurité dans l'Est du pays. À ce sujet, le vice-ministre de la Justice a mis en exergue les efforts déployés par la RDC sur les plans militaire, diplomatique et judiciaire pour faire face à l'agression du Rwanda. Pour lui, Paul Kagame et son pays n’ont jamais été autant secoués à travers différents procès sur le plan international.

Il a appelé les jeunes à rester vigilants et à soutenir les forces loyalistes pour éradiquer les groupes armés qui menacent la paix et l’intégrité territoriale du pays.

Le phénomène du banditisme urbain, connu sous le nom de « Kuluna », a également été au centre des échanges. Me Mbemba a appelé à un changement de mentalités et à la mobilisation citoyenne pour lutter contre cette menace croissante. Il a averti que si des mesures ne sont pas prises, la situation pourrait dégénérer.

« Si nous ne travaillons pas rapidement pour arrêter ce phénomène, cela va atteindre le niveau de New-York que vous voyez dans les films. Actuellement, les Kuluna n'ont pas encore d'armes à feu. Les machettes qu'ils utilisent, parfois, nous savons gérer. Mais dans des grandes villes comme New-York ou au Texas, ces gens-là sont armés et c'est la débandade totale. Croyez-moi, même si nous déplorons ce phénomène, nous sommes encore au début. Il faut l'arrêter maintenant avec l'apport de tous. Chercheurs, contribuez scientifiquement, mais en tant que jeunes, travaillons comme nous pouvons. Dénonçons nos frères et sœurs qui commencent à déraper pour que l'État les prenne en charge », a-t-il affirmé, tout en saluant l’opération « Ndodo » mise en place pour traquer les Kulunas.

Le vice-ministre de la Justice a souligné l'importance de la formation professionnelle comme l’une des solutions au banditisme urbain. Il a partagé son engagement personnel, révélant qu'il finance chaque année la formation de 300 jeunes, soulignant ainsi la nécessité d'un effort collectif pour endiguer ce phénomène.

Après toutes ces explications du vice-ministre de la Justice, la communauté estudiantine a exprimé son adhésion à la réforme constitutionnelle pour renforcer l'efficacité des institutions.

« Il est tout aussi important de souligner que la réforme institutionnelle est la clé pour garantir un avenir plus sûr et prospère pour notre pays. Les institutions doivent être réformées afin d'améliorer leur efficacité, leur indépendance et leur transparence », a commenté le président national des étudiants du Congo.

En tant que membre de la Convention pour la République et la Démocratie (CRD) de Christophe Mboso, parti politique favorable à la réforme constitutionnelle, Me Mbemba a déjà animé des meetings à Kinshasa pour mobiliser les Congolais à soutenir cette démarche.

Merveil Molo