RDC : Greenpeace Afrique craint que la filière carbone « ne soit que de la poudre aux yeux à cause du manque de transparence qui caractérise le secteur forestier du pays »

Jeudi 27 juillet 2023 - 21:47
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Alors que la présidence de la République venait d’organiser le tout premier forum économique du pays sur « la nouvelle économie du climat », du 19 au 21 juillet dernier, plusieurs organisations de la société civile ainsi que les investisseurs du secteur forestier demeurent sceptiques quant aux objectifs poursuivis par ce forum, principalement celui d’attirer les fonds carbones au pays.

L’une de ces organisations c’est Greenpeace Afrique, qui rappelle dans un communiqué publié le mercredi 26 juillet « qu’il est important de souligner que le climat actuel dans lequel évoluent les entrepreneurs de ce marché manque strictement d’intégrité », alors que celle-ci est l’une des conditions d’attirance de ces fonds.  

Pour appuyer son argumentaire, Greenpeace se base sur la récente annonce de la ministre de l’environnement et du développement durable concernant la mise en place de six projets REDD+ (Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) dont les détails sur les promoteurs demeurent un secret, contrairement à ce que veulent les principes du marché carbone.

« Aucune précision sur l’identité des promoteurs de ces nouveaux projets, éparpillés à travers 5 provinces, dont celle de la ministre.  Aucune indication, non plus, du stade actuel des fameuses “négociations” que mènent ou pas ces promoteurs avec les communautés bénéficiaires », déclare Serge Sabin Ngwato, chargé de campagne forêt chez Greenpeace Afrique, cité dans ledit communiqué.

Pour se dédouaner, à en croire Greenpeace Afrique, la ministre de l’environnement n’avait pas signé le contrat de ces 6 projets dont la superficie serait de 6 millions d’hectares. La tâche fut confiée au gouverneur de l’Equateur, Bobo Boloko.

« Il est vrai que la ministre elle-même n’a pas signé le récent contrat REDD+ avec un consortium en partie américaine garantissant à celui-ci, en Equateur, pas moins de trente unités de gestion des émissions de 200 000 ha chacune, faisant presque la superficie de la Norvège. C’est le gouverneur de l’Equateur qui s’en est chargé, dans la discrétion la plus totale, le 17 mars dernier » ajoute Serge Sabin Ngwato.

Et de poursuivre : « 6 millions d’hectares dont l’ambassade américaine ne pipe mot ? Les bailleurs de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI), ne militent pas, eux non plus, pour un climat de haute intégrité, même si, un des jalons de la lettre d’intention qu’ils ont signée avec la RDC à la COP26 de Glasgow stipule que tous les contrats de concession de conservation devraient être publiés sur un site internet disponible publiquement d’ici fin 2022” ».

Notons que ce forum a été organisé deux mois après la nomination par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, de son envoyée spéciale pour la nouvelle économie du climat. Censé aboutir sur la définition des voies et moyens pouvant permettre « d’accompagner le secteur privé congolais à tirer pleinement profit du marché carbone dans un climat de haute intégrité », ledit forum a été tenu avec l’appui de la Banque mondiale et le Programme des Nations nies pour le développement (PNUD).

Bienfait Luganywa

 

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