Insécurité dans l'Est : L'operation Shuja visait à protéger les gisements de pétrole et les infrastructures de l'Ouganda autour du lac Albert (Rapport)

Mardi 14 juin 2022 - 13:46
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Outre la traque des forces négatives notamment les ADF dans l'Est de la RDC, l'opération Shuja que mènent les armées congolaise et ougandaise « visait vraisemblablement aussi à protéger les gisements de pétrole et les infrastructures de l'Ouganda autour du lac Albert, et à construire des routes pour développer un marché pour les exportations ougandaises », révèle un rapport du Groupe d’étude sur le Congo et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, consulté ce mardi par 7SUR7.CD. 

S'appuyant sur des sources en Ouganda ainsi qu'en RDC, ces chercheurs ont souligné que la sécurisation des champs pétrolifères constitue une raison importante de cette opération militaire. 

Pour preuve, ont-ils argué, cette collaboration des armées congolaise et ougandaise permet à Dott Services, une entreprise de construction ougandaise, et à TotalEnergies, une compagnie pétrolière française, de promouvoir leurs intérêt dans la mesure où le président Yoweri Museveni a fait du commerce et du pétrole la pierre angulaire de sa stratégie économique et politique

« Le 1er février 2022, au milieu de l'opération Shujaa, un accord d'investissement a été finalisé sur le projet pétrolier, d'une valeur de plus de 10 milliards de dollars, par le président Museveni, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) et TotalEnergies. On estime que la région du lac Albert contient entre 1 et 1,4 milliard de barils, faisant de l'Ouganda le pays détenant les cinquièmes plus grandes réserves d'Afrique subsaharienne. La région accueille le projet Tilenga, opéré par TotalEnergies, et Kingfisher par CNOOC. Les élections de 2026 en Ouganda créent un sentiment d'urgence pour ce projet, le pétrole étant censé commencer à couler en 2025. Cela pourrait à son tour être une raison majeure influençant l'intervention militaire ougandaise », peut-on lire dans ce rapport. 

Hormis les enjeux économiques, l'opération militaire Shuja « a déjà eu des répercussions géopolitiques de grande ampleur » entraînant la résurgence du M23 et les tensions régionales. 

« L'opération a irrité le Rwanda et a été l'une des raisons de la réapparition de la rébellion du M23 », fait remarquer le GEC.  

Ce rapport est principalement basé sur des entretiens réalisés à Kinshasa et à Kampala en janvier et février 2022, et sur des entretiens de suivi à distance avec une variété d'acteurs : analystes du renseignement, diplomates, journalistes et leaders de la société civile, pour un total de 47 entretiens. 

Merveil Molo

 

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