Près de 3 mois après l'instauration de la mesure de l'état de siège par le gouvernement congolais dans 2 provinces de l'Est, les députés provinciaux du Nord-Kivu viennent de saisir le président Tshisekedi pour lui dire « leurs constats, leurs craintes ainsi que leurs considérations », par rapport à sa gestion.
Dans un document rendu public ce vendredi 23 juillet 2021, les élus relèvent principalement les failles enregistrées jusque-là. Ils épinglent aussi les limites de cette mesure dont les résultats se font toujours attendre.
« Depuis la proclamation de l'état de siège, nos yeux ont vu moins qu'ils croyaient voir par rapport aux attentes suscitées. L'état de siège a été proclamé sans qu'on ait préalablement voté une loi sur les modalités de son application. La proclamation de l'état de siège a été plus médiatique qu'opérationnelle. L'état de siège est prorogé, pas sur base de l'évolution des opérations mais selon le bon vouloir de ceux qui décident. Les opérations militaires annoncées dans le cadre de l'état de siège ne sont jamais lancées contre les groupes armés », écrivent-ils au chef de l'État.
Toujours au sujet de la prorogation de l'état de siège, les députés préviennent sur les prochains risques à courir si la paix n'est pas restaurée.
Pour eux, « lorsqu'une mesure dite exceptionnelle dure longtemps, elle cesse d'être exceptionnelle, elle se normalise, on s'y habitue, elle dévie ses objectifs et suscité d'autres ambitions que d'aucuns peuvent imaginer ».
Toutefois, les signataires du document préconisent que l'état de siège soit circonscrit seulement dans la région de Beni où l'autorité de l'Etat est sérieusement menacée ; de doter l'armée d'une logistique conséquente et des moyens importants à la hauteur des actions à mener dans le cadre des opérations ; de rendre opérationnel le programme de désarmement ; d'identifier et punir sévèrement les officiers militaires impliqués dans la mafia et la magouille.
Il sied de rappeler que depuis sa mise en place, l'état de siège a été prolongé 4 fois par le Parlement congolais.
Mais, les massacres des populations continuent de s'entretenir par des groupes armés, essentiellement en région de Beni.
Isaac Kisatiro, à Butembo