La prévalence contraceptive augmente de manière significative parmi les groupes de femmes vivant dans les quartiers défavorisés de la ville de Kinshasa, comparativement aux quartiers étiquetés riches.
L’utilisation de la contraception moderne chez les femmes en union a augmenté de manière constante, passant de 19% en 2014 à 30% en 2020 à Kinshasa.
Selon une étude de Performance Monitoring for Action, PMA, le pourcentage d’utilisatrices des contraceptifs modernes, était plus élevé chez les femmes résidant dans des quartiers dits pauvres que chez celles vivant dans des quartiers dits riches : 27,3% contre 19,9%.
L’offre à base communautaire semble être la clé de cette différence entre les quartiers pauvres et les quartiers riches.
Cela s’explique du fait que dans l’ensemble, l’offre communautaire en matière de planification familiale par les DBC (distributeurs à base communautaire) reste encore faible : Seuls 4% des femmes ont été visitées au cours des 12 derniers mois, dont les plus bénéficiaires ont été celles vivant dans les quartiers pauvres que celles des quartiers riches.
Bien que la prévalence contraceptive s’améliore davantage parmi les groupes de femmes vivant dans les quartiers pauvres, le taux de discontinuation y est malheureusement plus important
En effet, dans 45% des cas, l’utilisation des méthodes contraceptives modernes a été arrêtée au cours des 12 mois suivant le début d’utilisation. En outre, dans 11% des cas, l’utilisation des méthodes contraceptives modernes a été arrêtée et changée pour une autre méthode au cours de l’année suivant le début d’utilisation.
Ainsi, le pourcentage de discontinuation de méthodes était plus observé parmi les femmes résidant dans les quartiers déshérités, comparé aux femmes vivant dans les quartiers huppés : 49 % contre 44%. Le taux d'abandon était plus élevé surtout pour les implants, injectables ainsi que les préservatifs masculins.
Cette situation a pour conséquence l’accroissement du taux de grossesses non désirées chez les femmes résidant dans les quartiers pauvres que chez celles des quartiers riches : 52% contre 37%.
Donc, quoique la prévalence contraceptive soit la mesure la plus utilisée pour évaluer le succès des programmes de Planification Familiale, il est probable que l'utilisation de la contraception soit sur-déclarée lors des enquêtes transversales.
L’étude a également remarqué que la qualité des conseils reçus par les clients de service de Planification Familiale est globalement médiocre à Kinshasa, comme le montre l’indice d’information de la méthode car, moins d’une femme sur cinq, soit 18%, a obtenu les quatre informations clés qui constituent les conseils PF de qualité.
Au regard de ces données, les quartiers dits pauvres présentent ainsi une prévalence contraceptive plus élevée, mais aussi un taux d'interruption d’utilisation de méthode et de grossesse non désirée plus élevés que les quartiers dits riches.
Par ailleurs, ces résultats encouragent les parties prenantes non seulement à se focaliser sur la prévalence contraceptive mais aussi sur la qualité des services qui influencent la continuation de l’utilisation de la méthode, afin de bénéficier pleinement des avantages de la contraception.
L’offre communautaire devenant de plus en plus importante dans la capitale, les parties prenantes sont aussi appelées à améliorer la formation des prestataires, la qualité de service offert par les DBC et spécialement, à s’assurer que les informations essentielles et pertinentes soient fournies aux clientes, lors de l’adoption des méthodes PF.
Avec l’annonce du retrait de la fondation Bill et Melinda Gates dans le financement de la PF en RDC, un plaidoyer doit être mené auprès des autres bailleurs dont Packard, les gouvernements Britannique, Norvégien et Suédois, l’USAID, l’ENABEL, la Banque mondiale, pour combler ce trou qui sera créé, sinon tous les efforts consentis seront annihilés, avec risque d’un effet rebond et toutes les conséquences dont la mortalité maternelle, les avortements clandestins, la criminalité etc.
PMA est mis en œuvre par des universités et organisations de recherche locales dans 11 pays, qui déploient des enquêtrices résidentes formées à la collecte de données via téléphone portable. En RDC, PMA est dirigé par l’École de Santé Publique de Kinshasa (ESPK). Le projet est soutenu et guidé par l’Institut Bill & Melinda Gates pour la Population et la Santé de la Reproduction à l’École de Santé Publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins, Jhpiego et financé par la Fondation Bill & Melinda Gates.
Pour plus de précisions, contacter le Professeur Pierre Akilimali de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa :
Adresse mail : pierretulanefp@gmail.com
Tél : +243815800288