À l'ère de l'infox, la montée en puissance du digital, le droit d'accès à l'information peut être à la fois un sérieux rempart contre la propagation de la rumeur, de la désinformation.
C'est-ce que pense Sammy Mupfuni, membre de la plateforme Congo Check, premier média congolais spécialisé dans la vérification des faits (fact-checking), dans un entretien accordé le 15 septembre à 7SUR7.CD.
En RDC, les fausses informations sont parfois meurtrières. Propagées souvent pour manipuler, elles perturbent notamment la réponse à la lutte contre la pandémie de la covid-19.
(Ci-dessous l'intégralité de l'interview)
7SUR7.CD : La RDC figure parmi les pays qui n’ont pas une loi d’accès à l’information publique. Et dans ce contexte comment vous travaillez chez Congo Check ?
SM : Chez Congo Check, le fait qu'il n'y ait pas de loi sur l'accès à l'information publique, ne nous facilite pas l'exercice de nos activités. Vous savez que nous, on fait du fact-checking et on éprouve très souvent le besoin d'accéder à certaines données de la part des institutions étatiques pour nos enquêtes. Mais pour cela on doit compter sur la bonne collaboration des animateurs de ces institutions là car rien ne les oblige de nous parler et cela même quand c'est des informations banales qui n'ont rien avoir avec les secrets sécuritaires. C'est donc un contexte difficile pour nous en tant que journalistes d'enquête.
7SUR7.CD : Pendant cette pandémie de la COVID19, les besoins de l’accès à l’information publique notamment sur la gestion de la crise sanitaire se sont avérés importants. Avez-vous accès aux informations publiques sur la Covid-19 au pays ?
SM : Pendant cette période de la pandémie, certaines autorités se sont montrées ouvertes, d'autres non. Et comme je l'ai dit au début, c'est parce que rien ne les oblige à nous répondre même quand l'information dont on a besoin joue en leur faveur. C'est par exemple quand des gens affirment que le gouvernement paie des familles pour que celles-ci acceptent que leurs membres sont décédés de la Covid19 ou quand l'on affirme que le gouvernement a validé certains prétendus remèdes contre la Covid-19. Pour de telles questions, les autorités devraient naturellement s'ouvrir à nous. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Il y'a certaines d'entre elles qui ont collaboré, et d'autres non.
7SUR7.CD : Quelle attitude adoptez-vous lorsqu’une information publique vous est refusée ?
SM : Quand une information publique nous est refusée par une source, on essaie de la contourner et trouver une autre source mais cela n'est toujours pas facile et parfois certains sujets de nos enquêtes restent sans issue car une source publique n'a pas coopéré.
7SUR7.CD : Le droit d’accès à l’information publique peut-être un rempart contre la propagation de fausses informations, des rumeurs ?
SM : Bien sûr que le droit d'accès à l'information publique peut aider à réduire la propagation de fausses nouvelles dans la mesure où certaines infox viennent même des médias ou des journalistes censés être des sources crédibles d'information. Et cela arrive souvent quand ceux-ci ne se sont pas ressourcés là où il fallait parcequ'ils n'ont pas accès à la vraie information et diffusent n'importe quoi. C'est pareil pour la population qui assouvir sa soif d'être informée ou quand l'information lui est privée, elle tombe dans le piège de croire à n'importe quelle nouvelle. Et les autorités devraient savoir que si elles sont bien intentionnés, l'accès à l'information publique renforcera la confiance de la population en elles car plusieurs fausses nouvelles ou infox qu'on répertorie ont pour potentiels impact: monter la population contre les autorités. Cela les aidera également à mieux oeuvrer au service de la population puisqu'elles se sentirons redevables.
7SUR7.CD : Qu’est-ce que Congo Check est prêt à faire pour accélérer l’adoption et la promulgation de la loi sur l’accès à l’information en RDC
SM : On est les premiers bénéficiaires de l'adoption et la promulgation d'une loi sur l'accès à l'information publique. Maintenant là on ne sait pas où on est capable d'aller pour accélérer qu'une telle chose arrive mais on encourage pour le moment tous ceux qui ont la capacité de contribuer à cette demarche de le faire.
Interview réalisée par Ange Makadi Ngoy