Le Fonds monétaire international (FMI), tout en saluant le volontarisme du gouvernement dans sa quête à mobiliser plus des recettes publiques internes, estime qu'une augmentation de 50 à 60% d'une année à une autre n'est pas réaliste.
'' On ne pense pas qu'une augmentation de 50 à 60% soit réaliste. Il y a très peu de pays où d'une année à une autre on augmente des recettes de 50 à 60%. Mais on comprend très bien que le gouvernement veut être volontariste'', a dit vendredi le représentant résident du FMI en RDC, au cours d'un point presse tenu à Kinshasa au siège de cette institution de Breton Wood.
Pour Philippe Egoumé, les mesures d'accroissement de recettes que propose le FMI au gouvernement vont impacter positivement les finances publiques mais pas dans les proportions projetées dans le budget 2020. Le FMI table sur accroissement des recettes publiques entre 1 et 2% du PIB (50 milliards $), soit 500 millions et 1 milliard $.
En tenant compte des prévisions du FMI sur la trajectoire des recettes publiques, il risque d'avoir un gap de 4 à 5 milliards $ dans l'exécution du budget 2020.
La mobilisation des recettes internes s'annoncent difficiles d'autant plus qu'une de grandes mines de la RDC, Matanda Mining, a fermé. Cette mine représentait 20% de la production minière de la RDC (cuivre et cobalt). Qui dit fermeture dit moins d'impôts et des taxes.
Ajouter à cela, la faible croissance économique, le gouvernement a du pain sur la planche.
Le gouvernement et le FMI sont tombés d'accord sur un programme intérimaire dans lequel la RDC s'est engagée à faire des réformes.
Ce programme doit être approuvé dans 10 jours par le conseil d'administration du FMI.
Mais avant son approbation, la RDC doit notamment commencer à loger ses réserves de change à l'extérieur du pays. Un virement de 160 millions $ doit être effectué à la banque des règlements internationaux avant la tenue du CA du FMI.
En retour, le FMI fera un virement de 368 millions $ pour reconstituer les réserves internationales de la RDC, qui sont au plus bas. Moins de semaines d'importation alors que la norme exige au moins 12 semaines.
Du succès de ce programme intérimaire, dépendra la conclusion d'un autre programme triennal, prévu en mai 2020.
Sa conclusion sera le déclic des autres bailleurs de fonds qui veulent appuyer la RDC, notamment la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD).
Un programme économique formel avec le FMI est une sorte de caution pour les institutions financières. Sans ça, les cordons de la bourse ne seront pas déliés.
Pour rappel, la loi des finances 2020 en étude au parlement prévoit des recettes de 10 milliards $. Soit un accroissement de 50 à 60% des recettes publiques par rapport au budget 2019.
La RDC a renoué cette année avec le FMI depuis l'échec en 2012 de son programme économique formel (Peg II).
Israël Mutala