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LA PROBLEMATIQUE
Nous avons affirmé dans notre 4ème tribune que la RDC n’était pas éligible d’ici 2030 à l’émergence, au sens classique de la définition de ce concept.
Il nous semble n’avoir pas convaincu les élites et certains dirigeants politiques congolais qui continuent à rabâcher les oreilles du peuple avec cet objectif, qu’ils prétendent être à la portée de notre pays à l’horizon 2030. Il se pose la question de savoir si ceux-ci sont dans une erreur d’analyse ou de vision ou plutôt plongés dans une simple approche de propagande.
En attendant, nous avons résolu de revenir sur cette problématique, avec un argumentaire chiffré, pour tordre le coup à cette idée, qui de notre point de vue, risque de désorienter notre peuple.
Car, à l’horizon 2030 l’émergence de la RDC ne sera pas au rendez-vous. Le peuple pourrait de ce fait, basculer dans le doute, le désespoir et le scepticisme, quant à son avenir et à celui du pays.
C’est ainsi que nous formulons la question suivante : Est-ce que la RDC, sans une période de transition, avec son PIB actuel de 500$ par habitant par an, peut-elle en 15 ans, passer de son statut de pays sous-pauvre en 2015 (le Congolais vit avec 1,40$ par jour) à celui de pays émergent dont le PIB par habitant varie entre 7.000$ et 20.000$ par an (l’habitant d’un pays émergent vit avec un revenu qui varie entre 20$ et 55$ par jour) ?
La période de transition s’explique par le fait qu’entre un pays sous-pauvre et les pays émergents, il existe deux types des pays : les pays pauvres et les pays en voie d’émergence.
Ainsi, pour la RDC, la première phase correspondrait au passage de son statut actuel de pays de sous-pauvre avec un PIB de 500$ (le Congolais vit donc avec 1,40$ par jour, soit en dessous du seuil de pauvreté nouvellement fixé à 1,80$) à celui de pays pauvre ayant un PIB/hab moyen de 1.500$ (un habitant d’un pays pauvre vit dans la fourchette de 1,80 à 10$ par jour) ;
La deuxième phase correspondrait au passage de statut de pays pauvre avec un PIB de 1.500$ à celui d’un pays en voie d’émergence dont le PIB/hab varie entre 5.000 et 12.000$ par an ;
La troisième et dernière phase de transition consisterait au passage du statut de pays en voie d’émergence à celui d’un pays émergent.
Notre objectif dans cette tribune est d’inciter les dirigeants que nous sommes à changer de vision sur l’avenir du pays et à proposer à notre peuple, une direction claire et réaliste qui soit à la portée du pays, en nous basant sur ses acquis économiques et financiers actuels dont les bases sont actuellement menacées.
Ces acquis sont le fruit de nombreuses reformes engagées par le Gouvernement ces 12 ou 15 dernières années. Ce sont ces reformes qui ont conduit à la stabilité du cadre macro-économique et à un niveau de croissance économique supérieur à la moyenne africaine.
Ainsi, la démarche de la tribune se décline comme ci-après :
- Elle analyse et définit le concept d’émergence en le plaçant dans le contexte global des notions de développement, de sous-développement et de la pauvreté ;
- Elle fixe les repères et critères essentiels qui caractérisent quantitativement et qualitativement les pays développés, sous-développés ou pauvres, les pays émergents et en voie d’émergence ;
- Elle soumet la RDC à ces caractéristiques quantitatives et qualitatives pour ainsi la situer à ce jour dans l’une ou l’autre catégorie ;
- Elle analyse la cohérence des politiques publiques actuelles du Gouvernement avec l’objectif de l’émergence ainsi identifiée, à l’horizon 2030. Et ici, la problématique est double.
- PAYS DEVELOPPES, PAYS SOUS-DEVELOPPES OU PAUVRES ET PAYS EMERGENTS
- Les pays développés sont ceux dont le processus de transformation des structures économiques, sociales, culturelles, institutionnelles ont permis l’apparition de la croissance et sa prolongation dans le temps et favoriser ainsi l’amélioration cumulative du bien être matériel de leurs populations.
- Les pays sous-développés ou pauvres sont ceux dont le développement est bloqué par l’absence des conditions propices à une transformation des structures économiques, sociales, culturelles et institutionnelles, de nature à faire apparaître la croissance.
- l’insuffisance alimentaire ;
- les faiblesses de l’agriculture ;
- la faiblesse du revenu national moyen et des niveaux de vie ;
- une industrialisation embryonnaire ;
- une faible consommation d’énergie mécanique ;
- un secteur commercial hypertrophié ;
- des structures sociales arriérées ;
- le faible développement des classes moyennes ;
- la faiblesse de l’intégration nationale ;
- l’importance du sous-emploi ;
- la faiblesse du niveau d’instruction ;
- la forte natalité ;
- un état sanitaire défectueux bien qu’en voie d’amélioration, etc.
- Les pays émergents sont à mi-chemin entre les deux premiers.
- Les caractéristiques économiques et sociales des pays émergents
- L’IDH et le PIB inférieurs à ceux des pays développés, entre 7.000 $ et 20.000 $ par habitant ;
- Une croissance forte ;
- Une participation de plus en plus croissante dans l’économie mondiale ;
- Les infrastructures économiques et sociales de base sont importantes ;
- Le taux de bancarisation élevé.
- Les préalables de l’émergence
- Un solide leadership politique démocratique ;
- Une bonne vision politique, une volonté politique forte et clairvoyante ainsi qu’une réelle cohésion nationale caractérisée par un grand rapprochement des gouvernants aux gouvernés, garantissant une bonne gouvernance grâce à une large transparence dans la gestion de la chose publique ;
- La stabilité des institutions dans le respect de l’alternance démocratique ;
- La création d’une dynamique économique par la politique de grands travaux, visant la promotion d’une croissance inclusive, distributive et consolidée, fondée sur une diversification et une modernisation de l’économie ;
- La promotion d’une industrie industrialisante et disposant d’une matrice intersectorielle ;
- L’intégration de l’économie nationale à l’économie mondiale, qui passe avant tout par une intégration de l’économie avec elle-même, au niveau interne.
- REPERES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA RDC
- PIB en 2015
- Epargne et crédit en 2015
- Infrastructures en 2015
- Routes : 5% du total du tracé colonial en routes (soit 58.000 km), sont modernisées et macadamisées ;
- 000 Km de chemin de fer vétustes ;
- Non intégration géographique du pays due à l’absence d’une trans-nationale ;
- Une desserte en eau potable et en électricité respectivement de 20% et 9%, etc.
- Repères socio-économiques de la RDC en 2015 comparés à ceux des pays émergents en 2015
- Repères socio-économiques de la RDC en 2015 comparés à ceux des pays en voie d’émergence
- Repères socio-économiques de la RDC en 2015 comparés à ceux des pays pauvres
- Le PIB et le PIB par tête d’habitant ;
- Le modèle économique, social et culturel.
- Deux taux de croissance du PIB comme hypothèses de travail, à savoir 7,5% et 10% par an, pour la période allant de 2015 à 2030 ;
- Un taux de croissance naturel pour la population de 3,5% pendant la période sous étude.
- PIB à l’horizon 2030
- Hypothèse de taux de croissance annuel : 7,5% et de taux de croissance démographique de 3,5%
- Hypothèse de taux de croissance annuel : 10% et de taux de croissance démographique de 3,5%
- 120 milliards $ pour le taux de croissance de 7,5% ; et
- 170 milliards $ pour le taux de croissance de 10% l’an.
- 930$ par habitant par an et 2,50$ par habitant par jour, si le taux de croissance moyen est fixe à 7,5% l’an dans la période ;
- 300$ par habitant par an et 3,50$ par habitant par jour, si le taux de croissance moyen est de 10% l’an dans la période.
- Repères économiques de la RDC en 2030 comparés à ceux des pays émergents en 2015
- Repères économiques de la RDC en 2030 comparés à ceux des pays en voie d’émergence en 2015
- Repères économiques de la RDC en 2030 comparés à ceux des pays pauvres en 2015
- CONCLUSION ET SUGGESTIONS
- Le Congolais vit avec, en moyenne aujourd’hui 1,40$ par jour (500$ par 365 jours), tandis qu’il y a 15 ans, soit en 2001, il vivait avec 0,30$ ;
- Le PIB/hab de 500$ fait donc de la RDC un pays dont le citoyen moyen vit en dessous du seuil de pauvreté ;
- Le taux de chômage en RDC est au dessus de la moyenne subsaharienne. Sur une population active de 44 millions, 90 % de la tranche qui travaille, opère dans le secteur informel et reste dépourvue de la sécurité sociale ;
- Le taux de croissance démographique varie entre 3 et 3,5% ; il s’en suit que la population congolaise va passer de 80 millions à 130 millions de 2015 à 2030 ;
- Le PIB de la RDC devra augmenter de 40 milliards de $ en 2015 à 170 milliards de $ en 2030, soit 4,25 fois plus ou encore 325% (pour une moyenne annuelle est 10%) afin que la RDC atteigne en 2030 le seuil du PIB d’un pays pauvre de l’Afrique subsaharienne, soit 1.300$ ;
- Face à la crise économique, financière et monétaire internationale, qui a commencé à sévir dès la fin de l’année 2015, le Gouvernement a réduit les ambitions du pays à un taux de croissance de 7,7%.
- Avec la crise économique, financière et monétaire, la RDC ne saurait ni maintenir le niveau du taux ci-haut, ni le faire évoluer à la hausse pour atteindre celui de 10% nécessaire à l’atteinte de l’objectif ci-haut indiqué.
- restaurer à moyen terme les équilibres des comptes publics ;
- porter le taux de croissance de 7,7% établi par lui pour 2015 à celui de 10% pour le reste de la période. Il s’agit de :
- changer d’orientation et revenir aux politiques publiques engagées par le pays depuis 2001, sabordées par le Gouvernement « 1+4 » à fin 2006, relancées, renforcées et amplifiées à partir de 2007 jusqu’en 2011. Lesdites politiques, malheureusement abandonnées depuis 2012 par le Gouvernement actuel, méritent d’être relancées de la manière ci-après :
- arrêter un plan d’aide internationale, plus amplifiée que celui du quinquennat 2007-2011 avec l’appui et l’assistance de FMI et de la Banque Mondiale. Ce plan devra s’appuyer sur une évaluation complète de l’état et de l’étendue de la faillite et de déficit des comptes publiques, à savoir :
- déficit des comptes du pouvoir central et des provinces ;
- déficit d’exploitation des comptes de la Banque Centrale du Congo, qui a besoin de sa recapitalisation (arrêtée depuis 2012) pour renforcer sa capacité d’intervention en faveur des banques commerciales menacées aujourd’hui de banqueroute avec une liquidité en monnaies convertibles ;
- déficit des comptes d’exploitation et patrimoniaux des entreprises publiques, etc.
- accélérer les réformes des entreprises publiques en vue de rendre plus concret le partenariat public-privé ;
- en outre, avec cette ouverture à la communauté internationale, le pays pourrait dans ce cadre mobiliser aisément les ressources pour les élections.