Glissement : la CENI fait tomber le voile

Jeudi 11 février 2016 - 10:30

Délicat et suicidaire à piloter par la Majorité Présidentielle, le fameux « glissement » tant redouté pour le processus électoral 2015-2016 va passer par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), à travers les contraintes techniques et financières de son calendrier électoral global En ce mois de février 2016, le chronogramme initial arrêté par cette institution d’appui à la démocratie accuse 8 à 9 mois de retard, puisque les premières opérations préélectorales auraient dû être lancées en avril 2015.

 

En rendant public hier mercredi 10 février 2016, à la surprise générale, le calendrier pour l’élection des gouverneurs de nouvelles provinces issues du découpage territorial, elle a confirmé, consciemment ou non, la réalité du « glissement ». Car, à l’échéance de mars 2016, les électeurs congolais auraient dû déjà aller aux urnes pour le choix des députés provinciaux, des bourgmestres et leurs adjoints, des chefs de secteurs et leurs adjoints, des sénateurs, des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces.

 

Il est bizarre que la CENI ait choisi le mois de mars 2016, qui aurait dû servir au renouvellement des responsables des exécutifs provinciaux, pour ramener à la surfacé l’élection, des gouverneurs de nouvelles provinces démembrées, à l’image d’un cheveu dans la « soupe électorale ». Logiquement, rien ne justifie un tel scrutin, étant donné que les nouvelles provinces sont administrées, depuis le troisième trimestre de l’année dernier, par de grands commis de l’Etat appelés « Commissaires généraux ». Alors que ceux-ci en sont encore à l‘étude des voies et moyens de rendre leurs entités viables administrativement, et financièrement, on se précipite à les remplacer. Pour quel résultat ? Pour la bonne gestion de ces nouvelles entités, on devrait leur laisser le temps de s’acclimater et de faire la preuve, sur le terrain, de leur capacité de booster leur développement économique et social.

 

D’aucuns pensent que la programmation de l’élection de gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces est une distraction, car tous les esprits sont tournés vers la tenue du dialogue, duquel devrait sortir un calendrier électoral consensuel. A ce stage, les nouvelles provinces n’ont pas besoin de gouverneurs et vice- gouverneurs élus, dans la mesure où la majorité’ au pouvoir, en dépit le tollé suscité par la nomination des Commissaires Spéciaux, avait opté pour le passage en force.

 

Les législatives nationales et la présidentielle menacées

 

Personne n’ignore qu’en cette année 2016, la CENI se trouve devant un défi de taille : l’organisation des élections législatives nationales et présidentielle dans le délai constitutionnel, c’est-à-dire le 27 novembre. Le glissement intempestif de l’élection de gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces dans le calendrier électoral devrait avoir comme conséquence immédiate le report sine die de ces deux scrutins. Techniquement et financièrement, il ne serait pas possible de les organiser selon les prescrits de la Constitution, d’autant que d’autres contraintes techniques, à savoir l’enrôlement de tous les électeurs à des dates non précisées et la commande des kits électoraux, des cartes d’électeurs et des sources d’énergie à des échéances également inconnues, sont là pour brouiller le chronogramme des élections.

 

On se rappelle que selon la note technique élaborée dernièrement par la CENI au sujet de l’actualisation du fichier électoral, ce travail devrait prendre 13 à 16 mois. Bref, avant d’imaginer la mise en œuvre du calendrier électoral réaménagé, faudrait attendre que la centrale électorale ait bouclé l’enrôlement général des électeurs, l’achat et le déploiement des kits électoraux, la commande et l’impression des cartes d’électeurs présumées infalsifiables, la commande et l’achat des générateurs d’énergie, etc. A en croire des experts en questions électorales, il faut compter entre 24 et 36 mois pour voir la CENI remplir les conditions requises pour la tenue des élections. Terme jugé tabou, le «glissement » va désormais fait corps avec le processus électoral congolais.

Par KIMP

 

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