La nouvelle taxe de consommation d’électricité vise notamment à assurer l’éclairage public, a laissé entendre le ministre de l’Economie, Bahati Lukwebo, au sortir de la troïka gouvernementale du lundi 13 avril 2015. Le ministre de l’Economie n’a pas cependant précisé qui en seront les assujettis.
En tout état de cause, le gouvernement n’aura guère la tâche facile pour faire passer la dite taxe à l’opinion. Fort critique du temps où il était député sur le banc de l’opposition, Matenda Nenga, devrait sans doute faire l’objet d’une question orale de ses pairs dans les prochains jours.
A Kinshasa, seulement 44% des foyers bénéficient de l’énergie électrique contre 9% pour toute l’étendue du territoire national, a indiqué la Commission Aménagement du territoire du Sénat, lors de l’examen sur le projet de loi relatif au secteur de l’électricité. Le déficit en courant électrique a, on le sait, une fois encore entraîné la R-dC à la queue du classement Doing Business 2014 de la Banque mondiale : 183ème sur 189 pays cotés. Depuis la situation ne s’est guère améliorée. Quoique la loi portant libéralisation du secteur de l’énergie a été déjà été promulguée. Elle soutient également la répartition des compétences concurrentes entre le pouvoir central et les entités décentralisées. La loi recommande aussi l’érection de tout site hydroélectrique en site d’utilité publique inaliénable.
En attendant chacun se débrouille comme il peut. Le marché des panneaux solaires a ainsi enregistré une percée considérable à Kinshasa ainsi que dans l’arrière-pays. Mais pas encore comme celui des groupes électrogènes qui s’achètent comme de petits pains. Ces machines émettent du bruit à tel enseigne que si jamais l’Etat décidait d’instaurer une taxe pour la pollution sonore, cela ne dérangerait pas les bonnes consciences. Et pourtant l’Etat a la tête ailleurs, vise plus juteux…
L’Etat r-dcongolais, en fait le ministère des Ressources Hydrauliques et Electricité (puisque c’est de ses experts qu’est venue l’idée) compte instaurer une taxe sur l’implantation d’unités éoliennes, en clair un impôt direct sur l’utilisation du vent libre comme source d’énergie. Voilà qui devrait faire polémique. Tant, de l’avis des observateurs, l’Etat remettrait dangereusement en cause le droit naturel.
Elle a, en effet, été battue en brèche cette affirmation du COPIREP selon laquelle la R-dC ne peut pas développer une unité de transformation de l’énergie éolienne du fait que la plupart des régions du pays se situent en dessous de la vitesse de démarrage des éoliennes rapides qui est de 5m/seconde.
Des expérimentations de l’énergie éolienne ont été tentées avec succès par des scientifiques du côté de Muanda, sur le littoral, dans la province du Bas-Congo, et à Goma et Rutshuru, dans le Nord-Kivu.
Dans le cadre de la sécurité alimentaire et de l’exportation des produits vivriers, l’expert en énergie électrique et en techniques rurales, Patrick Lomanga, préconise d’ailleurs que les étendues de terres puissent être utilisées pour l’agriculture et l’élevage moderne qui font appel à l’électricité. Par exemple, souligne-t-il, les savanes entre Kinshasa et Bandundu/ville, celles du district du Kwango au départ de Kenge jusqu’à Kasongo-Lunda, voire au-delà, ou encore celles du Katanga, ainsi que les collines du Kivu doivent bénéficier de la filière éolienne. Qui permet de produire en abondance une énergie propre sans émissions des polluants, comme le CO2, associée aux sources fossiles. «Cette énergie propre est en train de gagner du terrain.
EOLIENNE.
L’éolienne permet des microréalisations qui contribuent à améliorer la santé et la qualité des vies des populations, grâce notamment à un meilleur accès à l’eau potable», fait-il remarquer. L’utilisation du vent pour produire de l’électricité à grande échelle remonte aux années 1990. De 7 GW, en 1997, la puissance mondiale installée est passée actuellement à 100 GW, soit une croissance moyenne de 8 GW par an. «L’énergie éolienne pourrait dès lors être un projet mobilisateur. C’est un champ ouvert, un terrain à explorer riche en perspectives», note cet expert. Mais voilà que l’Etat a déjà instauré la «taxe sur l’autorisation d’implantation d’unités éoliennes en R-dC ». Doit-on imposer une taxe à une personne qui veut jouir du vent ? Pourquoi pas taxer aussi le recours au soleil comme source d’énergie ? Quid du droit naturel ?
POLD LEVI