Dialogue politique : la Majorité tâtonne

Mardi 8 mars 2016 - 09:49

 

 

Ya-t-il encore de bonne raison de croire au dialogue politique de la MP ? Apparemment, les chances de la tenue de ce forum s’égrènent. La déroute du culte œcuménique du 5 mars 2016 en est une belle illustration. Comme un bateau ivre, la MP tente le tout pour le tout pour maintenir le cap, mais en vain. La dynamique du terrain lui est tellement hostile qu’elle se fourvoie dans les tâtonnements, sans jamais se résoudre à reconnaître qu’elle est poursuivie par un signe indien.

 

Par inconscience politique, la Majorité présidentielle (MP) a vidé de toute sa substance le dialogue politique prôné par son autorité morale, le chef de l’Etat. Ne sachant plus à quel saint se vouer, elle se laisse aller à l’énervement. Avec raison, quand on sait que toutes les stratégies mises en œuvre pour réussir son pari de glissement se sont soldées par des échecs cuisants. Cette ire se lit à longueur des journées sur les visages de ses adeptes qui se découvrent par la violence verbale à l’endroit de l’Opposition. En clair, ils voient le dialogue se dérober sous leurs pieds.

 

Convaincue de la difficulté d’imposer son projet, la MP tente le tout pour le tout. A Kinshasa et dans plusieurs villes du pays, elle a déployé tous ses cadres et fanatiques pour propager l’évangile du dialogue. Leur discours, tenu dans un contexte politique, particulièrement tendu, passe difficilement dans l’opinion. Et pour cause ? L’arrogance et le triomphalisme qu’affichent les plus caciques de ses membres. En lieu et place de prêcher par les actes pour rassurer les plus sceptiques, la MP use plutôt d’intimidation promettant la géhenne à tous ceux qui entraveraient son projet - de glissement. Une stratégie suicidaire qui a fini par entamer la crédibilité du dialogue.

 

UN RÉFÉRENDUM, NOUVELLE GAFFE

On n’est pas étonné que près de cinq (5) mois se soient déjà écoulés depuis la signature le 28 novembre 2015 de l’ordonnance présidentielle convoquant le dialogue. La MP fait semblant de tenir. Mais, dans ses rangs, on sent déjà quelques réticences à persister sur la voie du dialogue. Une stratégie de campagne mal dosée a fini par réduire toutes les chances de réunir plus de monde autour du projet de dialogue. En réalité, ceux qui font semblant de soutenir le dialogue n’accordent que peu de crédit à l’initiative du chef de l’Etat.

 

En tout cas, s’ils le font, ce n’est pas de bon cœur. Soit, c’est pour éviter la fougue de l’autorité morale de la MP, soit pour le besoin de lucre. L’échec du culte œcuménique et la débandade qui s’en est suivie en sont une belle illustration.

 

A force d’aligner des échecs en mettant en œuvre des stratégies qui se sont révélées contre-productives, la MP a perdu les pédales. Dans ses rangs, on ne jure plus que par un slogan «advienne qui pourra». Mesure-t-on la gravité d’une telle déclaration ? C’est le jusqu’auboutisme qui va heurter les règles démocratiques telles que prévues dans la Constitution du 18 février 2006.

 

On est ri plus ni moins dans un cas de figure de tâtonnement. « La tenue du dialogue devient de plus en plus hypothétique. Mais, on ne laissera pas faire. Nous iron. jusqu’au bout », a fait remarquer un partisan du dialogue, très proche de la Majorité. Un autre s’est montré plutôt évasif. « Vouloir ou pas, le dialogue aura lieu. Même en retard», a-t-il indiqué, sans ferme conviction.

 

Il ne faut pas s’étonner que la MP présente dans les tout prochains jours un nouveau visage. Elle n’attend plus que la rentrée parlementaire prochaine pour corser sa ligne dure. Il s’agit du référendum que les bonzes de la MP veulent imposer au peuple après l’avoir privé de son droit de se choisir les gouverneurs de province à travers les députés provinciaux. Tout se passe comme si la MP s’est préparée à l’assaut final.

 

Seulement voilà. Si, c’est juste pour tirer des griffes constitutionnelles son autorité morale, la MP se trompe énormément. Car, en prônant cette ligne dure - comme c’est déjà le cas - la MP va allonger la liste de ses adversaires politiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la RDC. Ce qui va desservir son chef et mettre définitivement une croix sur le projet du dialogue.

 

Pour le moment, la Majorité au pouvoir a plutôt intérêt à se ressaisir et prendre un temps de réflexion pour’ recadrer sa stratégie. Si le dialogue tarde à se mettre en place1 c’est parce qu’elle a cru qu’il était facile de prendre ses adversaires pour des cons. Elle devrait avoir le courage de s’assumer. En restreignant l’espace politique par des arrestations arbitraires, brimades et autres intimidations, la MP a semé le doute dans les rangs de ceux qui pouvaient l’aider à concrétiser son projet de dialogue. Son intrusion dans les opérations d’élections des gouverneurs dans les 21 provinces nées du démembrement a été fatale pour son image. Elle a fait preuve de mauvaise foi en voulant piloter en solo et à sa guise le processus électoral.

 

Le dialogue va chavirer. C’est désormais une certitude. La faute, c’est encore et toujours à la MP qui, à force de tâtonner, à signer l’arrêt de mort de l’initiative de son autorité morale, Joseph Kabila.

Par LE POTENTIEL

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