(KINSHASA)- L’opposant Martin Fayulu et les Forces Acquises au changement considèrent que l’appel de pied lancé par le président Kabila aux forces politiques pour participer au dialogue est une astuce pour lui permettre de glisser. Le leader de l’Ecidé a décortiqué le discours d’indépendance de Joseph Kabila, tout en développant un argumentaire qui démontre que ‘‘le dialogue, le financement et la sécurisation des élections, l’enrôlement de nouveaux majeurs ne constituent en rien des sujets qui préoccupent le chef de la majorité comme il tente de le faire savoir à l’opinion. Fayulu s’étonne que le président Kabila se découvre soudainement une vertu- celle d’inviter tous les congolais à s’inscrire dans la voie du règlement pacifique de toutes les divergences politiques, conformément
à la tradition congolaise de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Pourtant, dit-il, si M. Kabila avait cette fibre traditionnelle congolaise du règlement pacifique des divergences politiques par le dialogue, il n’aurait pas défié le peuple congolais après le chaos électoral du 28 novembre et se livrer à une prestation
de serment au rabais. Et Fayulu de l’interroger ‘‘comment on peut prétendre être pacifique et jeter de manière cavalière et irrégulière les opposants en prison’’. Le président de l’Ecidé pense que les Diomi, Muyambo, Ewanga, Vano Kiboko et autres payent le prix de s’opposer à son troisième mandat. Ainsi, les Forces acquises au
changement rappellent l’exigence urgente et pressante de l’opposition congolaise de la réanimation de la tripartite
‘‘Ceni-pouvoir-opposition’’ afin de dégager un calendrier électoral consensuel et réaliste. Par ailleurs, cette plateforme politique de l’opposition exige l’enrôlement de tous les électeurs- tous les congolais majeurs en vue de produire des nouvelles cartes d’électeurs plus fiables et confectionner ainsi un fichier électoral crédible.
Selon Martin Fayulu, cette démarche a l’avantage de résoudre ‘‘toutes les faiblesses du fichier électoral corrompu actuel et de vider même temps la question de la violation de l’article 5 de la constitution’’.
Au sujet du financement électoral, les Fac rappellent que le problème ne se pose pas parce qu’il relève de la compétence du gouvernement de la république. Depuis 2012, la ceni était censée recevoir tous les moyens pour assurer la tenue des élections de manière crédible et dans les délais. A en croire Fayulu, l’argument trompeur du manque du
financement ne tient pas. Quant à la problématique de la sécurisation des élections, le coordonnateur des Forces acquises au changement le met sur le compte du pouvoir qui, selon lui cherchant tricher, créée des tensions avant, pendant et après les élections. Les Forces acquises au changement concluent en disant que la menace de la paix et
de la stabilité se nomme M. Kabila et non le peuple congolais.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
FORCES ACQUISES AU CHANGEMENT, "FAC" POINT DE PRESSE DU 02 JUILLET 2015
Mesdames et Messieurs,
Le 55ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance et à la souveraineté internationale a donné à Monsieur Kabila l’occasion de prononcer, le 29 juin dernier, un discours que les FAC trouvent démagogique et qui cache à peine ses desseins de réaliser un coup d’Etat constitutionnel au travers d’un ‘’glissement‘’ qu’il recherche
désespérément.
A la lumière du contenu de son discours, il a solennellement reconnu qu’il a lamentablement échoué dans ses missions de défense de la souveraineté, de l’intégrité du territoire, de l’engagement à préserver l’unité et la cohésion nationales, de l’amélioration des conditions de vie de nos populations, de la lutte contre la corruption
ainsi que dans celle de la moralisation de la vie publique et de l’éradication des antivaleurs. Monsieur Kabila n’a donc aucune vision à proposer au peuple congolais.
C’est ainsi que, les FAC observent ce qui suit :
1. Quand on est arrivé au pouvoir dans les wagons de l’AFDL et quand on vit toujours aux mamelles de la Communauté internationale, la modestie commande que l’on puisse tempérer le discours de la souveraineté ;
2. La démagogie dans le discours de Monsieur Kabila apparaît clairement lorsqu’il embouche la trompète de la stabilité économique et des perspectives de croissance à deux chiffres sans donner les éléments qui témoignent de l’amélioration des conditions de vie des congolais, par exemple le nombre d’emplois que son gouvernement a créés. De quoi Monsieur Kabila, nous parle-t-il alors?
3. Quand Monsieur Kabila affirme que la ‘’célébration de la date du 30 juin est d’abord et avant tout le renouvellement tant par notre génération et par celle d’avenir de l’engagement individuel et collectif à préserver l’unité nationale de notre pays’’, il est bien conscient qu’il a très peu de chance d’être suivi par les congolais
qui, dans leur majorité, contestent son leaders hip à l’origine de la corrosion nationale actuelle ;
4. Comment Monsieur Kabila peut-il aujourd’hui parler de la moralisation de la vie publique et de l’éradication de la corruption et de toutes formes d’antivaleurs quand on sait que c’est durant ses quatorze années de pouvoir que la RDC est devenue un no man’s land où n’importe qui peut se servir comme il l’entend et s’enrichir à souhait. Les portes de prison qui devraient s’ouvrir pour les pilleurs des deniers publics ne sont toujours pas ouvertes ;
5. Les FAC acceptent que la ‘’République Démocratique du Congo est le bien le plus précieux au monde. Nous devons l’aimer, la chérir et la protéger. Quoiqu’il en soit, quoiqu’il en coûte’’. Cependant, cet amour doit être congénital à la conception que chacun de nous a du pouvoir politique. Et l’expérience de la gestion de Monsieur Kabila prouve que le pouvoir politique en RDC n’est ni un service, ni un ministère, mais plutôt l’occasion d’enrichissement illicite.
6. Quatorze ans après son arrivée au pouvoir, notre pays est devenu une menace pour la Région du fait de l’insécurité généralisée qui y règne, de la mauvaise gouvernance et de la fragilité de ses institutions. L’on peut légitimement se demander, à la veille de son départ constitutionnel, comment Monsieur Kabila peut-il penser qu’il a encore quelque chose à offrir ?
7. Monsieur Kabila se découvre soudainement une vertu, celle ‘’d’inviter tous les congolais à s’inscrire dans la voie du règlement pacifique de toutes les divergences politiques, conformément à la tradition congolaise de prévention, de gestion et de résolution des conflits’’.
Les FAC affirment que si tant il est vrai que Monsieur Kabila avait cette fibre traditionnelle congolaise du règlement pacifique des divergences politiques par le dialogue, il n’aurait pas défié le peuple congolais après le chaos électoral du 28 novembre 2011 et se livrer à une prestation de serment au rabais. Ce qui aurait évité au
pays des pertes inutiles en vies humaines !
8. Monsieur Kabila peut-il aujourd'hui se poser la question de savoir pourquoi il y a tant de prisonniers politiques, notamment Eugène Diomi Ndongala, Jean-Bertrand Ewanga, Christopher Ngoy, Jean-Claude Muyambo, Vano Kiboko et tant d’autres ? Comment peut-on jeter de manière aussi cavalière et irrégulière les opposants en prison et prétendre être
pacifique ?
9. Si Monsieur Kabila avait épousé cette tradition congolaise, il n’aurait pas, après les évènements de la semaine du 19 au 25 janvier 2015, promulgué le 12 février 2015 la loi électorale qui avait endeuillé notre pays. Il n’en parle d’ailleurs même pas dans son discours. Ce qui traduit le peu d’intérêt qu’il accorde au respect des droits humains et aux revendications du peuple congolais. Pire, il n’aborde pas l’affaire du charnier de Maluku, ni même celle des jeunes de ‘’FILIMBI’’;
10. Si Monsieur Kabila était respectueux des textes, il n’aurait pas soutenu le calendrier électoral global publié par la CENI, car il viole de manière flagrante l’alinéa 5 de l’article 5 de la Constitution qui stipule : ‘’Sans préjudice des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la présente Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de
leurs droits civils et politiques’’ ;
11. Que Monsieur Kabila puisse finalement réaliser aujourd'hui, près de cinq mois après la publication du calendrier électoral par la CENI, que c’est injuste que des compatriotes aient été privés de leur droit de vote, sans raison valable et en violation de la Constitution, cela dépasse tout entendement !
12. Pourquoi alors continue-t-on à s’entêter, à faire la sourde oreille aux critiques constructives et correctives formulées par l’opposition congolaise particulièrement dans sa déclaration du 27 février 2015 et reprises dans son mémorandum du 27 avril 2015 sur le calendrier électoral global de la CENI et l’enrôlement des électeurs?
13. En réalité, Monsieur Kabila pense que c’est sa volonté qui doit s’imposer à tous, comme un ‘’impératif non négociable’’. C’est à croire que c’est lui la paix, la stabilité et la sécurité. Pourtant, c’est lui, le problème !
14. C’est ainsi que dans les conclusions provisoires de ses ‘’consultations’’, Monsieur Kabila a volontairement occulté la demande pressante de nombreuses personnalités qui ont accepté de répondre à son invitation, à savoir : L’obligation de respecter la Constitution de la République ;
15. Si donc pour Monsieur Kabila, son dialogue constitue le ‘’moment
historique’’ qu’il attend avec impatience, pour les FAC et le peuple
congolais, notre moment historique interviendra, le 20 décembre 2016,
lors de la prestation de serment du Président de la République qui
sera élu à l’issue des élections du 27 novembre 2016 ;
C’est pourquoi, les FAC déclarent ce qui suit :
1. S’agissant du calendrier électoral
Les FAC s’en tiennent à l’exigence urgente et pressante de
l’opposition congolaise de la réanimation de la tripartite «
CENI-POUVOIR-OPPOSITION » afin de dégager un calendrier électoral
consensuel et réaliste ;
Ainsi, les FAC urgent Monsieur Kabila de renoncer à l’initiative
téméraire de convoquer une session extraordinaire du Parlement pour
débattre du projet de loi sur la répartition des sièges pour les
élections locales, municipales et urbaines ;
2. S’agissant du fichier électoral
Les FAC exigent l’enrôlement de tous les électeurs, c’est-à-dire de
tous les congolais majeurs, en vue de produire des nouvelles cartes
d’électeurs plus fiables et confectionner ainsi un fichier électoral
crédible.
Cette démarche a l’avantage de résoudre toutes les faiblesses du
fichier électoral corrompu actuel et de vider en même temps la
question de la violation de l’article 5 de la Constitution.
3. S’agissant du financement des élections
Les FAC réaffirment que la question du financement des élections est
de la compétence du gouvernement de la République qui, chaque année
depuis 2012 notamment, reçoit de l’autorité budgétaire, lors du vote
de la loi des finances, des subsides en vue justement de prévoir et de
disposer des moyens nécessaires à mettre à la disposition de la CENI
pour la tenue des élections crédibles dans les délais. Pour les FAC,
l’argument trompeur du manque de financement ne tient pas ;
4. S’agissant de la sécurisation des élections
Les FAC déclarent que les tensions et violences constatées avant,
pendant et après les élections ne sont pas le fait de l’opposition
mais de la programmation en amont de la tricherie par le pouvoir en
place en refusant, comme c’est le cas encore maintenant, de prendre en
compte les propositions constructives formulées par l’opposition en
symbiose avec la population. Ces violences se manifestent également
lors de la matérialisation de la fraude par le bourrage éhonté des
urnes et s’accentuent au moment de la confirmation de l’imposture en
aval par le défi, la brutalité et la suffisance ;
Dans cette optique, les FAC déplorent et dénoncent le silence complice
ainsi que l’aboulie maintenant avérée de la Cour Constitutionnelle
relativement aux nombreux dépôts de requêtes en inconstitutionnalité
de certaines dispositions de la loi électorale du 12 février 2015 et
de la décision de la CENI du 12 février 2015 portant publication du
calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et
locales 2015 et des élections présidentielle et législatives 2016 ;
Force est de constater, sans surprise d’ailleurs, que Monsieur Kabila
multiplie des initiatives, y compris la précipitation dans le
découpage territorial ainsi que des stratagèmes qui exposent notre
pays à la balkanisation, ankylosent la Cour Constitutionnelle,
gardienne du droit, et paralysent la CENI, une institution supposée
indépendante et d’appui à la démocratie ;
Dans ces conditions, que reste-t-il encore à la RDC, sinon un pays de
non-droit, sans démocratie !
Ce n’est donc pas le peuple congolais qui menace la paix, ni la
stabilité, ni la sécurité, ni encore l’unité nationale. Le peuple
congolais aspire simplement à la démocratie et à un Etat de droit ;
Si son discours visait à piéger le peuple Congolais, Monsieur Kabila
doit savoir que c’est raté. Et contrairement à Monsieur Kabila, la
paix, la sécurité et la stabilité qui s’imposent aux FAC et au peuple
congolais comme un impératif non négociable ne résulteront pas de son
dialogue inopportun mais plutôt du transfert pacifique du pouvoir le
20 décembre 2016 après les élections du 27 novembre 2016. Le peuple
congolais demeure vigilant et s’appuiera si nécessaire sur l’article
64 de la Constitution de la République.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo.
Fait à Kinshasa, le 02 juillet 2015
Pour les FAC
Martin M. Fayulu
Coordonnateur