
Dans sa croisade pour un Dialogue réussi, le facilitateur de l’UA se voit déclarer une guerre ouverte par la Dynamique de l’opposition, le G7 et le Mlc. Les 3 n’ont pas encore fait front commun, mais c’est tout comme si le front était déjà établi. Tant la convergence des vues par rapport au rejet du dialogue caractérise ces acteurs de la scène politique congolaise.
Certes, l’Udps s’est déclarée partante pour la nouvelle croisade annoncée par Kodjo le lundi 11 avril. Le poids de cette formation politique suffit pour occulter momentanément l’absence de ces autres poids lourds de l’actuelle Opposition congolaise.
Mais jusqu’où ira le parti cher à Etienne Tshisekedi dans la randonnée à laquelle convie le Facilitateur de l’UA la classe politique congolaise ? La question vaut tout son pesant d’autant que les signaux en provenance de la 10ème rue ne permettent pas d’envisager une croisière de toute sérénité. Bien au contraire, plusieurs analystes craignent qu’à peine annoncé comme devant prendre impérativement le départ, le train du Dialogue ne quitte finalement plus la gare.
De toutes les façons, la vérité c’est qu’en l’absence des 3 frondeurs ci haut évoqués, l’Udps devient un pion incontournable. Inversement, si le Sphinx de Limete et ses troupes se cabraient à mi-parcours, il faudra le contrepoids de la Dynamique, du G7 et du Mlc pour atténuer le choc.
Edem Kodjo se trouve donc devant un dilemme cornélien. S’engager dans le Dialogue avec la seule caution de l’Udps constitue un risque stratégique grave. L’imprévisibilité de Tshisekedi étant une donnée qu’il ne faut surtout pas se permettre de négliger.
L’ex-homme d’Etat togolais a dit sa détermination à démarrer avec ceux qui sont déjà disposés. Quitte aux autres à suivre le train par la suite. Mais à suivre déjà les exigences préliminaires du Sphinx avant la mise en place du Comité préparatoire, Kodjo devra jouer sur deux tableaux. A défaut d’embarquer les 3 frondeurs dès le départ, obtenir néanmoins toutes les garanties sur le fait qu’ils vont rejoindre le train dans les meilleurs délais.
Même si l’adage nous enseigne qu’un tiens vaut mieux que deux tu auras, il n’est un secret pour personne qu’un tiens avec la seule Udps en main, ne vaut pas mieux que tenir le vent.
Logique
La question est à étudier avec le plus de prudence possible. D’autant que du côté de la Majorité, il ne se pose fondamentalement aucun problème. Or, le principe du dialogue exige un face à face entre deux camps. Si la MP n’a pas en face d’elle un interlocuteur de taille avec qui trouver un compromis sur l’actuelle crise du pays, pour sûr la mission de Kodjo au Congo aura été un cuisant échec. Et tout naturellement l’échec de l’Union africaine et celle de la communauté internationale à sa suite.
Rien n’est donc d’avance gagné. Comme nous le démontrions hier avec beaucoup d’à propos, contrairement au ton triomphaliste affiché par le Facilitateur désormais officiel le lundi 11 avril, il faudra attendre la mise en place effective du Comité préparatoire, mais surtout les réactions qui vont s’en suivre pour juger de la viabilité de la nouvelle mission de l’ancien Secrétaire Général de l’OUA.
C’est plus du côté de la 10ème rue qu’il faudra regarder, prévenions-nous l’opinion nationale. Car, dans sa feuille de route sur le Dialogue, l’entendement à la limite manichéen qu’a Tshisekedi de la scène politique congolaise pose déjà un problème somme toute insoluble dès le départ.
Pour le Sphinx de Limete, le dialogue doit mettre aux prises d’une part, les forces du statu-quo qu’incarnent la Majorité et tous ses alliés et de l’autre, les forces du changement autour de la personne de Tshisekedi.
Cela dit, si jamais l’Udps décelait la moindre anomalie, à son goût bien-entendu, dans la mise en place du Comité préparatoire, ce parti ne va pas un seul instant hésiter à claquer la porté au nez du facilitateur. Même chose si la Majorité ne se sentait pas sécurisée par la mise en place de ce comité.
Après l’entrée en matière et ses caprices, on peut maintenant dire que le plus dur commence pour Kodjo. Qui prendre et qui laisser dans la mise sur pied du Comité préparatoire? De toutes les façons, il serait inconcevable de monter un Comité préparatoire éléphantesque. Ce qui reviendrait à remettre en cause la crédibilité même du Dialogue.
Par LP