Des informations contradictoires circulent sur la date et le jour où le Président de la République va s’adresser à la Nation dans le cadre du dialogue politique censé ouvrir la voie à des élections apaisées. Pour les plus pressés, le message de Joseph Kabila pourrait intervenir dans les heures qui suivent. Ils en veulent pour preuve, le dernier Conseil extraordinaire des Ministres qui n’a eu que le dialogue comme unique point inscrit à l’ordre du jour. Pour faire foi, on met en avant la lettre adressée à Ban Ki-Moon pour la désignation d’un médiateur international, la correspondance du Chef de l’Etat aux Députés et Sénateurs, ainsi que la reprise, début novembre, des Consultations présidentielles interrompues en juillet dernier. D’autres acteurs politiques de la Majorité, par contre, estiment que Kabila ne parlera qu’une seule fois en marge de son traditionnel discours de présentation de vœux de nouvel an, dans quelque 35 jours.
Le suspense n’est toujours pas levé quant à la convocation du dialogue. Une date a déjà été avancée, le 15 novembre dernier. Un véritable canular. Du coup, on s’est remis à spéculer encore plus. Après, on tente de s’accrocher au contenu d’un communiqué de presse de l’UDPS, juste pour la consommation interne, qui ressemblait à un ultimatum invitant le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à convoquer le dialogue au plus tard le 30 novembre 2015. Le RCD de Ruberwa a, lui, insisté sur la nécessité de convoquer rapidement le dialogue au risque de le dévaluer. En début de semaine, l’on a appris que le Chef de l’Etat congolais a desserré l’étau autour de sa personne. La balle est désormais dans le camp du Secrétaire général de l’ONU à qui, il a été demandé de désigner un médiateur, parmi quatre personnalités choisies par Joseph Kabila. Combien de temps, Ban Ki-moon ferra-t-il avant de se prononcer ? Certainement que ce dernier prendra tout son temps. Il est, en effet, possible que d’autres parties au dialogue proposent, à leur tour, leurs candidats médiateurs. Parce que, dit-on, personne ne sait définir, avec précision, les éléments objectifs et subjectifs qui ont prévalu dans la présélection de Kofi Annan, Edouardo Dos Santos, Moustapha Niasse et Saïd Djinnit. La simple évocation d’un médiateur international suppose que le Président Kabila n’est plus le seul maître à bord. Cela signifie que le dialogue politique à venir ne sera pas un séminaire de renfoncement des capacités à l’attention des politiciens congolais. Ce ne sera pas, non plus, un atelier de validation des résolutions conçues et produites dans des officines. On se retrouve dans un format différent des Concertations nationales de 2013 avec plus de 700 Résolutions, non opposables, dont l’exécution dépendait du bon vouloir du pouvoir en place. L’implication d’un médiateur international apporte une caution en terme de neutralité qui faisait défaut, pourvu qu’il suscite l’adhésion massive des acteurs politiques rd-congolais, car il y en a qui sont encore sceptiques, hésitants, pour ne pas dire, disposés à boycotter le dialogue. On pense ici au G7, à la Dynamique et à d’autres forces politiques de l’opposition manifestement anti-dialogue. L’appel à l’aide de l’ONU, pour faire évoluer le débat politique figé en RDC, fait dire à des analystes que l’on s’achemine vers une table-rase. Sur le papier, autour de la table, toutes les parties au dialogue sont mises au même diapason. Les Congolais, dans leur grande majorité, veulent aller aux élections. Si bien que le message du Président Kabila est très attendu et sera examiné à la loupe. Ce sera l’occasion, pour lui, de fixer une fois pour toutes l’opinion, sur son avenir politique. Officiellement, il n’a jamais rien dit qui le concerne personnellement.
La Pros.