DESARMEMENT VOLONTAIRE FDLR : le 2 octobre, l’évaluation à mi-parcours

Jeudi 2 octobre 2014 - 08:53

A Kota-Koli, 100 ex-combattants seraient morts en cantonnement provisoire, selon HRW.

C’est aujourd’hui jeudi 2 octobre, date retenue par la SADC/CIRGL pour l’évaluation à mi-parcours du désarmement volontaire des FDLR, les miliciens hutu rwandais. En principe, leur ultimatum court jusqu’au 31 décembre 2014.

Mais lors de la dernière réunion de Luanda, il est prévu, suite à la mauvaise foi des FDLR et de leur résistance à désarmer, une évaluation à mi-parcours qui permet d’apprécier le chemin parcouru sur la voie de la reddition. Selon ces deux organisations sous-régionales qui ont pris la gestion de la question des FDLR, s’il s’avère au 2 octobre que les FDLR n’ont rien fait du tout prouvant leur bonne foi à désarmer, c’est la solution militaire, toujours sur la table, qui serait immédiatement exécutoire sans cette fois-là attendre l’échéance du 31 décembre.
Dans cette optique, il n’y aurait pas de sommation pour le déluge de feu qui sera infligé aux FDLR. Il n’y aurait pas non plus une nouvelle rallonge. C’est la Conférence ministérielle SADC/CIRGL prévue la semaine du 2 octobre à Luanda qui procédera à cette évaluation à mi-parcours.
C’est toujours elle qui donnerait le go aux opérations de traque contre les FDLR. Là du moins sur le papier. Car d’ordinaire sur le terrain, les réalités sont tout autres. Qu’est-ce que la réunion de Luanda va établir comme constat de trois mois de désarmement volontaire des FDLR ? Il est au point mort.

ILS SONT HOSTILES A LA REDDITION
A part le premier groupe de 180 combattants qui se sont présentés avec leurs dépendants, aucun autre n’a été enregistré. Les FDLR qui, en réalité, sont hostiles à toute reddition sans contrepartie multiplient des prétextes sous formes de conditionnalités.
Avant même que la population de Kisangani et de certaines grandes villes de la Province Orientale ne s’opposent énergiquement au projet de leur cantonnement au camp-Base de la ville de Kisangani, les FDLR elles-mêmes multipliaient des motivations pour ne pas s’y rendre.
Ce sont elles qui ne voulaient pas du tout de ce cantonnement provisoire à Kisangani, préférant comme toujours camper au Nord-Kivu, leur lieu de prédilection. Le refus catégorique de la population de la Province Orientale les a tout simplement aidés à atteindre leur secret objectif qui est de ne pas du tout quitter le Nord-Kivu, sauf à verser leur dernière goutte de sang.
La preuve de cette stratégie est que l’aéronef affrété par le Gouvernement central est resté en rase sur le tarmac de l’aéroport de Kavumu à Bukavu au Sud-Kivu, aucun FDLR n’y ayant embarqué. De même que celui de la Monusco qui continuait à attendre à l’aéroport de Beni, au Nord-Kivu. Lui non plus n’a jamais quitté cette ville pour Kisangani avec les FDLR à bord.
Ces derniers exigeaient que leur équipe d’avance aille d’abord sur place apprécier la viabilité du site de Kisangani avant tout mouvement de la troupe. Par la suite, ils ont profité du refus de la population pour décréter qu’ils restaient au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.
Plus tard, leur hiérarchie a donné ordre à sa troupe de ne pas quitter ces deux provinces en attendant la solution sur le site de cantonnement provisoire. Un nouvel ordre est tombé de rester en place après qu’ils eurent écrit à la SADC pour exiger avant toute reddition un dialogue politique avec le Rwanda.
C’est là où on en est à ce jour. Et là aussi tout en sachant pertinemment aussi bien que pour Kagame ainsi que toute la Communauté internationale, Onu, USA, UE qui sont des acteurs majeurs dans les Grands lacs, il n’est pas question d’un quelconque dialogue avec les FDLR.
Pourquoi alors les FDLR défient-elles la Communauté internationale ? Pourquoi n’ont-elles pas du tout peur de la solution militaire suspendue comme une épée de Damoclès sur leur tête ? C’est à tous ces questionnements que la SADC/CIRGL doit répondre à Luanda avant de s’engranger dans une option militaire qui risque vite de tourner en vaudeville.

UTILISER LA POPULATION COMME BOUCLIER HUMAIN

On ne le dira jamais assez, les FDLR connaissent le Kivu comme leur poche. Chaque fois que l’armée tente de les attaquer, elles ont toujours utilisé la population comme bouclier humain, car ils vivent dans des villages.
Dans ces conditions, où bombarder ? Ces combattants hutu vivent aussi en forêts et dans les profondeurs du parc des Virunga. Qui iraient les y chercher ? Nouvelle question adressée à Luanda. Par ailleurs, hier l’Ong américaine " Human rights watch" (HRW) a publié un rapport faisant état de la mort de 100 ex-combattants des groupes armés nationaux qui ont fait reddition et qui attendaient avec leurs dépendants à Kota-Koli le lieu de leur réinsertion sociale.
Ils seraient morts de faim et de maladie, le stock des vivres et des médicaments apprêtés par le Gouvernement central s’étant épuisés depuis six mois, selon toujours HRW. Partant, eux et leurs dépendants ont commencé à vivoter. D’où, le chiffre astronomique de 100 morts.
La Monusco qui est déployée à l’Equateur a confirmé hier, au cours de son point de pesse hebdomadaire, cette information documentée par les Américains de HRW. La difficulté, c’est que ces 100 morts dans le groupe des miliciens qui se sont rendus volontairement aura comme conséquence fâcheuse que tous ceux qui pouvaient faire la reddition vont radicaliser leur position en donnant ce mauvais exemple de Kota-Koli.
Les FDLR qui comme montré ci-haut, sont toujours à la recherche des prétextes pour ne pas quitter le Nord-Kivu, utiliseront aussi ce macabre incident pour se cramponner jusqu’à l’improbable dialogue avec Kigali. On est rentré à la case-départ. KANDOLO

M.