Débat sur le Projet de loi de finances 2016 : Clément Nzau regroupe ses inquiétudes en six axes

Mardi 27 octobre 2015 - 06:15

Le Premier Ministre, Matata Ponyo Mapon a présenté aux élus nationaux le projet de loi de finances pour l’exercice 2016. C’était hier, lundi 26 octobre 2016, dans la salle des congrès du palais du palais à Lingwala. Le débat était très houleux. Chaque Député, du moins ceux qui ont pris parole, a donné son point de vue par rapport au budget 2016 tel que présenté par le Premier Ministre qui, du reste, était accompagné par tous les membres de son gouvernement. Parmi les interventions qui ont retenu l’attention de la population congolaise, figure celle de l’Honorable Clément Nzau Tsobo, élu de la circonscription électorale de Lukula, dans la Province du Kongo Central. Axée sur des inquiétudes, son intervention a relevé le fond même de ce budget et ceux des budgets précédents.

Sans tergiverser, Clément Nzau a pris le taureau par les cornes, pour dénoncer certains faits qui touchent la conscience nationale. Parlant de ses premières inquiétudes, Clément Nzau s’est exprimé en ces termes : ‘’Je suis profondément  inquiet Honorable Président parce que ce projet de budget pour l’exercice 2016 va boucler notre quête permanent des fonds pour financer le Programme Economique du Gouvernement que nous avons adopté dans cette salle. Ce programme, étalé sur 5 ans, devrait être financé à hauteur de 48 milliards de dollars américains. Après 5 exercices laborieux pour le financer, je réalise que nous n’allons mobiliser que près de la moitié de ce montant sur fonds propre’’.  Pourtant, a-t-il ajouté, dans le document sur le Programme Economique du Gouvernement, l’Exécutif national nous a certifiés que le potentiel de mobilisation des ressources propres pour notre pays était de 20 milliards l’an.

Dans le deuxième volet de son intervention, le Député National du Kongo Central a abordé la question ayant trait aux crédits accordés aux deux premiers objectifs du gouvernement dont l’un d’eux tables sur la réforme.

‘’Après avoir réformé pendant 4 ans, comment devons nous expliquer toutes ces contre-performances dans la mobilisation des recettes de l’Etat ? Les prix de nos matières premières n’ont baissé qu’en 2014, vers la fin. Que sont devenues ces réformes baptisées de «courageuses» sans lesquelles, on devrait être loin du tunnel ? A quoi aurait servi la litanie des recommandations prises à l’issue des travaux sur le coulage des recettes publiques ?’’, S’est interrogé l’élu.

Le semblant du gouvernement ?

Faisant une analyse au sujet des récents débats sur le projet de loi de finances des années antérieures, Clément Nzau s’est rendu compte que le Gouvernement ne prend pas en considération les observations et recommandations de la représentation nationale. ‘’Je suis profondément inquiet parce qu’au cours des 4 dernières exercices du genre, j’ai la nette impression d’avoir prêché dans le désert’’, a-t-il regretté. Et de poursuivre que ‘‘j’avais toujours soutenu que les objectifs 3 et 4 du programme économique du gouvernement auraient pu se tailler la part du lion dans la répartition des crédits. Que non ! Mais que remarquons-nous, parmi les 191 projets financés sans avoir été inscrits dans le budget des exercices écoulés, plusieurs touchent le 3ème et 4ème objectifs du gouvernement’’.

Fort de cette observation, il a posé la question de savoir pourquoi refuser d’agir dans la légalité au point de remettre en cause toutes ces réalisations que l’on pouvait comptabiliser, non pas dans la douleur comme c’est le cas maintenant, mais avec fierté. Aussi, voulait-il savoir, en quoi un projet de budget rectificatif générait-il ‘‘nos frères et sœurs ici à côté, alors que cela aurait pu nous épargner des critiques acerbes mais fondées de bout en bout de la part de l’opinion ?

A propos des infrastructures…

Dans sa quatrième inquiétude, Clément Nzau s’est dit choqué par le fait que nombreux des programmes du Chef de l’Etat n’ont pas été réalisés. ‘’Je suis de ceux qui attendaient et attendent encore beaucoup du programme initié par le Chef de l’Etat sur «la construction et la réhabilitation des infrastructures scolaires et sanitaires »’’, a-t-il indiqué.

Pour le volet éducation, l’Honorable Nzau a rappelé qu’il s’est agi de 1000 écoles à construire et à réhabiliter par an. ‘’Un peu d’arithmétique, de mars 2013, date du lancement de ce projet, à ce jour, nous devrions comptabiliser déjà plus de 2000 écoles. Mais, jusqu’à ce jour, nous n’avons que 500’’, a-t-il fait remarquer. Il a, par ailleurs, rappelé les propos du Premier Ministre lors de l’inauguration de l’une des écoles construites sur fonds propre du gouvernement qui disait à son Ministre de l’EPS que «les moyens sont là. Je compte sur votre capacité à absorber les fonds mis à votre disposition pour ce projet ». Il a, ici, déclaré du haut de la tribune qu’au Kongo Central, les maçons chôment depuis des années. ‘’Le Ministre de l’EPS est-il devenu incapable pour absorber les fonds mis à sa disposition ou c’est le 1er Ministre qui ne les lui donne plus ?’’, s’est-il interrogé. Insistant sur cette problématique, Clément Nzau a menacé d’inviter le Ministre concerné à venir s’expliquer quant à ce. ‘’L’initiative sur ce contrôle est d’ailleurs déjà dans le frigo et n’attend plus que les éclairages du Chef du Gouvernement’’, a-t-il dit. S’agissant du volet santé, il s’est dit heureux de constater que le Gouvernement de la République recourt à un prêt pour réhabiliter les Cliniques Universitaires.

‘’Mais jusques à quand Mama Yamo, les Cliniques kinoise et Ngaliema, l’Hôpital de Kintambo et autres attendront encore pour recevoir leur cure de jouvence ?’’, a-t-il demandé.

Dans le cinquième axe de son intervention, Clément Nzau souligne la problématique de gestion des provinces par le Gouvernement. A en croire ses propos, la clochardisation de provinces et Entités Territoriales Décentralisées ont fait des Députés Nationaux «Des assistants Sociaux Permanents» dans leurs circonscriptions électorales. ‘’Tous les problèmes de santé, d’éducation, d’infrastructures, d’eau et d’électricité sont désormais soumis aux Députés Nationaux pour être solutionnés. Et lorsque  nous recourrons à la province, on nous fait observer, et avec raison, nous qui sommes autorité budgétaire, que le budget d’investissement  des provinces est bloqué puis géré par le Gouvernement central. Aux uns on débloque quelque chose et aux autres on ne donne rien’’, constate-t-il, avec regret.

Dans la dernière inquiétude de Clément Nzau, il souligne la question du dépassement budgétaire qu’il condamne avec la dernière énergie. Il rappelle qu’à chaque exercice budgétaire, c’est le même refrain. Le même constat. Des dépassements qui auraient pu aider à acquérir facilement d’autres aéronefs pour Congo  Airways.

Kevin Inana