Le gouverneur sortant de la province démembrée du Katanga promet de faire une déclaration importante dans un proche avenir. Quel en sera le contenu ? La question reste ouverte, laissant aux spéculations d’aller bon train.
Le Potentiel
Loin de Kinshasa présentement noyée dans des déclarations et autres motions de soutien ou de dénonciation de la « lettre » du G7 au président de la République, une voix singulière résonne depuis Lubumbashi. C’est Moïse Katumbi Chapwe qui inaugure son compte Twitter.
« Ce compte officiel est désormais ouvert ; suivez-moi pour échanger sur mon actu et l'avenir de la RDC », indique son premier message qui promet « des nouvelles bientôt ».
La nouvelle a été aussitôt relayée, depuis le 21 septembre 2015, par l’Agence France Presse (AFP) et plusieurs autres agences internationales. L’AFP en a conclu que Katumbi « a semblé franchir une étape vers l'annonce de sa candidature à la présidentielle censée avoir lieu en novembre 2016 en RDC, en inaugurant son compte officiel Twitter ».
Plus de doute, dès lors, que le compte Twitter appartient à Moïse Katumbi. Il l’a confirmé en ajoutant que, par ce canal, il a l’intention de « bientôt diffuser un message» à destination du «monde entier», car, à sa connaissance, l'Internet reste encore un luxe inaccessible à l'immense majorité des Congolais.
Un arbre qui cache la forêt
Le « message » dont question servira-t-il à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour fin 2016 ? D’après la source, il a refusé de confirmer que ce message pourrait être « la confirmation de sa candidature, pressentie depuis plusieurs mois ». Ce que personne n’ignore, cependant, c’est que la Constitution de la RD Congo interdit au président sortant, Joseph Kabila, de se présenter pour un troisième mandat. Perspective combattue par la Majorité présidentielle.
Pour certains observateurs de la politique congolaise, la déclaration de Moïse Katumbi sur Twitter ressemble à un arbre qui cache la forêt. Car, dans un passé récent, ses déclarations et ses métaphores se rapportant au respect de la Constitution et à l’alternance avaient vite fait de l’isoler du point de vue de la Majorité présidentielle, sa famille politique.
Nonobstant ce fait, ses prises de position ont laissé transparaître, pour certains analystes, une certaine ambition de briguer la magistrature suprême. L’ex-gouverneur a préféré, néanmoins, entretenir le suspense en attendant, peut-être, son heure.
Champ libre pour toutes sortes d’hypothèses
L’heure, c’est probablement l’application au forceps du démembrement des provinces par le gouvernement central. Ce forcing, dénoncé par l’Opposition et les forces sociales, a libéré Katumbi de sa charge de gouverneur de la désormais ex-province du Katanga. Pour mémoire, le nouveau dispositif institutionnel voudrait que les nouvelles provinces issues de l’ex-Katanga, et ailleurs, soient administrées sous peu par des « Commissaires spéciaux », nommés par Kinshasa en attendant l’élection future des gouverneurs.
D’hypothèse en hypothèse, on se demande si la tapageuse fronde des partis membres du G7 aurait donné des ailes aux ambitions secrètes de l’ex-gouverneur du Katanga. En vérité, nul ne le sait. On note seulement que la coïncidence de l’inauguration de son compte Twitter avec l’actualité politique dont le G7 constitue le centre peut alimenter des spéculations.
Alors, les Congolais assisteront-ils, dans les jours à venir, au lancement par Katumbi de son propre parti politique ou, à tout le moins, à son intégration dans une plateforme politique ? Ou, a contrario, l’homme prépare-t-il son retrait de la scène politique, comme il en avait exprimé le souhait voici quelque cinq ans ?
Pour le moment, en l’absence des confirmations de la part de l’intéressé, le champ est libre pour toutes sortes d’hypothèses. Le moment venu, il fixera l’opinion sur la quintessence de ses faits et gestes du 21 septembre.