C’est peut-être la fin d’une épopée qui aura duré plus de sept semaines, la succession de l’Abbé Apollinaire Malu Malu à la tête de la CENI. Sauf changement de dernière minute, les élus du peuple devraient statuer ce mercredi 04 novembre 2015 sur le dossier Corneille Nangaa, le candidat président de la CENI proposé par les confessions religieuses.
Son dossier était à la chambre basse, après une semaine et demie de tractations et analyse, par les confessions religieuses accompagné du procès-verbal qui avait sanctionné là fin de leurs discussions. Corneille Nangaa Yobeluo, candidat de l’Eglise du Christ, a été préféré aux candidats en raison de son expertise et sa technicité dans les questions électorales. Selon certains bergers des églises, Corneille Nangaa répond aux critères pris en compte pour désigner le successeur de Malumalu pour remplacer Apollinaire Malu Malu qui a démissionné samedi 10octobre2015 pour des raisons de santé. Parmi ces critères, Mgr Milenge Mwenelwata, évêque de l’Eglise du Christ au Congo a notamment cité la “ loi”, “la technicité “et”la probité morale ».
Après les confessions religieuses excepté l’Eglise catholique, les députés nationaux sont appelés faire montre de leur sagesse pour sauver le processus électoral et tenir en échec toutes les manœuvres visant à liquider la centrale électorale congolaise. La Ceni étant le symbole et le navire de notre démocratie, il incombe à tout élu du peuple de militer pour sa survie et faciliter son indépendance. Malu Malu est parti, Corneille Nangaa arrive, c’est une chance unique qu’il faut donner è la CENI pour sauver le processus électoral qui continue de battre de l’aile.
Technicien et expert en questions électorales.
Corneille Nangaa n’est pas né de la dernière pluie dans l’administration, ni un arriviste dans les questions électorales dont il est un technicien avéré, car il occupe actuellement le poste de Secrétaire exécutif adjoint de la Commission électorale nationale Indépendante en charge des opérations.
Cependant, sa désignation soulève un tollé dans certains milieux ecclésiastiques surtout catholiques qui remettent en cause la manière dont le candidat protestant a été désigné. Mgr Milenge Mwenelwata signe et persiste que les tractations s’étaient déroulées dans la convivialité.
Que les Catholiques rouspètent, c’est leur droit. Mais la loi ne dit pas que le président de la CENI doit être désigné et appartenir à l’Eglise catholique. A en croire des analystes, le fait que Malu-Malu ait fait un come back après la catastrophe de Ngoy Mulunda, n’institue aucunement une alternance entre catholiques et protestants à la tête de la CENI.
Or la loi dit clairement que le président de la CENI doit être désigné par les confessions religieuses, celles-ci se sont concertées pendant plus d’une semaine avant de trouver un homme au profil haut, à même de conduire les Congolais aux élections. Il ne reste que le Bureau de l’Assemblée nationale entérine le choix exprimé par les représentants du Royaume des Cieux d’autant plus que l’unanimité entre musulmans, catholiques, protestants, pentecôtistes, traditionnels... serait quasi impossible. Sinon, on aurait une seule confession religieuse sous un seul Chef.
De plus en plus de voies s’élèvent, même au niveau de la Communauté internationale, pour féliciter le choix judicieux des principautés spirituelles et encouragent le préposé à la succession de l’Abbé Apollinaire Mau Malu. Car Corneille Nangaa ne vient pas apprendre l’ABC électoral avant de relever les défis qui attendent le nouveau président de la CENI à savoir le réaménagement du calendrier électoral, l’audit du fichier électoral, etc.
Qui est Corneille Nangaa Né en 1970 dans l’ex-Province Orientale, Corneille Nangaa détient un diplôme de Licence en Economie de l’Université de Kinshasa. Il parle l’anglais, le français, l lingala et le swahili. Bien qu’économiste de formation, il s’intéresse beaucoup et depuis plusieurs années aux questions électorales, convaincu, certes, que la stabilité économique et la gouvernance politique vont ensemble.
Corneille Nangaa a travaillé en 2005 au sein de la Commission électorale indépendante (CEI), dirigée déjà par l’abbé Malumalu, comme superviseur technique national. Il y a coordonné les opérations électorales sur terrain dans toutes les provinces de la RDC. L’homme a donc été l’une des béquilles de l’Abbé Apollinaire Malu Malu.
En 2007, il a conduit l’installation du Réseau du savoir électoral en Afrique centrale au sein des organes de gestion des élections des neuf pays de la région d’Afrique centrale.
Avant d’être nommé secrétaire exécutif adjoint de la Ceni en septembre 2013, il était directeur des programmes à l’école de formation électorale en Afrique centrale. Corneille Nangaa a aussi travaillé dans l’assistance technique électorale en tant que consultant ou fonctionnaire international auprès de l’IFES, de I’IDEA et du PNUD dans une dizaine de pays africains Côte d’Ivoire, Guinée, Niger, Ghana, Cameroun, Gabon, Burundi, Kenya et Madagascar. Du ‘ consensus” à la polémique Comme relevé plus haut, la proposition de Corneille Nangaa comme successeur de l’abbé Malumalu suscite une vive polémique parmi les confessions religieuses.
L’Eglise catholique ne soutient pas cette candidature. Toutes les autres confessions qui témoignent leur confiance en Corneille Nangaa ont officiellement déposé leur proposition jeudi 22 octobre au bureau du président de l’Assemblée nationale.
« Nous avons eu des candidats. Il y en avait beaucoup. Et ils sont restés deux. Et les deux étaient des candidats de .l’Eglise catholique. On a travaillé. L’Eglise catholique a déclaré par la suite que celui-là n’est pas [son] candidat. Or c’est eux qu avaient présenté les candidatures “, explique le président de l’Eglise du Christ au Congo, Mgr Marini Bodho.
Face à cette impasse, les catholiques s’étaient retirés des discussions.
“Alors on ne pouvait statuer que par consensus. C’est ainsi que le nom de Corneille Nangaa était sorti [...]. Nous avons dit nous tombons sur cela parce que Dieu peut nous montrer des choses que nous ne connaissons pas “, a résumé le chef de l’église protestante en RDC.
Dans les officines politiques, la position de l’Eglise catholique étonne. Car depuis toujours, l’Eglise universelle a marqué l’histoire par Son combat acharné pour le triomphe des valeurs universelles, la compétence, la probité morale, la justice, la vérité, le mérite dans la conduite des affaires de la société. L’Eglise a toujours en- cou ragé l’engagement des laïcs pétris de ces valeurs dans les affaires publiques. On ne peut donc pas comprendre que Corneille Nangaa dont le profil répond à ces critères fasse encore l’objet de contestation. Nous y reviendrons.
Par Rex Yakorum