Conférence économique africaine : la RDC peut affronter les défis de la pauvreté dans la « sérénité »

Mercredi 4 novembre 2015 - 06:11

L’Afrique réunie à Kinshasa veut vaincre à jamais les fléaux qui empêchent son développement. Des experts recherchent  un consensus dans la stratégie de lutte  contre la pauvreté et les inégalités  à l’échelle du continent noir pour les quinze années à venir. 

Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo (photo), représentant du chef de l’Etat congolais, a ouvert les travaux de la 10ème « Conférence économique africaine» lundi 2 novembre 2015 à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa.

La cérémonie d’ouverture a bénéficié de la présence du Premier ministre, Augustin Matata Ponyo accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, du Secrétaire exécutif de l’Onu, du directeur régional du PNUD en Afrique, du vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) et d’un panel d’expertss venus de plusieurs pays.

Organisée par le PNUD, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la BAD, cette conférence se tient du 2 au 4 novembre 2015 sous le thème « Lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le Programme de développement pour l’après 2015 ».

Comme déclinée dans l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et dans la position commune pour l’après 2015 sur les Objectifs du  développement durable (ODD), la vision panafricaine de développement reste celle d’une «Afrique intégrée, prospère et paisible dont l’aspiration à l’émergence est conduite par ses propres citoyens et qui, par la même occasion, incarne une force dynamique sur la scène mondiale ».

Le président de la République, Joseph Kabila, dans son discours, lu par Léon Kengo wa Dondo, a soutenu que « la RDC est maintenant en mesure d’affronter avec sérénité les défis de la pauvreté et des inégalités » qui se posent.

Ce, après quinze ans d’efforts consacrés à la pacification et à la stabilisation du pays, à la normalisation des relations avec les partenaires extérieurs, à la reprise de la coopération structurelle avec les institutions de BrettonWoodset à la relance de l’économie congolaise pour une émergence à l’horizon 2030.

Un consensus dans la lutte contre la pauvreté attendu

L’occasion a été ainsi offerte au représentant du chef de l’Etat de décliner les ambitions de Kinshasa dans l’optique de vaincre la pauvreté et les inégalités qui persistent. A cet effet, le gouvernement congolais projette de « faire de la RDC un pays à revenu intermédiaire à 2020, un pays émergent en 2030 et un pays développé en 2050 », a affirmé Léon KengowaDondo.

Pour le directeur du bureau régional du PNUD en Afrique, Abdoulaye Mar Dièye, le problème de la lutte contre la pauvreté et les inégalités se décline principalement sur deux niveaux.  Les gouvernements doivent augmenter, d’une part, le niveau des ressources internes et il faudrait, d’autre part, assurer une efficacité dans les dépenses publiques.

Abdoulaye Mar Dièyea a aussi déploré la faiblesse des recettes internes des pays africains.  « Aucun pays ne peut se développer sans ressources internes suffisantes », a-t-il dit, suggérant aux gouvernements d’« accroitre les recettes par la pression fiscale, non pas par l’augmentation des taxes mais plutôt par la lutte contre l’évasion fiscale ».

Quant à l’efficacité dans les dépenses publiques, l’expert du PNUD  a déploré les inégalités horizontales. Son constat est que « les gouvernements africains ont tendance à dépenser plus pour les capitales et les grandes villes au détriment des régions périphériques ». Ce qui serait, selon lui, à la base de l’apparition de conflits dans les zonés périphériques du fait de la pauvreté et des inégalités.

« Je souhaite  inviter notre Conférence à sortir des sentiers battus afin de faire preuve de créativité audacieuse et esquisser les pistes de résolution de la lancinante équation que nous posent encore l’inacceptable  ténacité  de la pauvreté et l’insoutenable persistance des inégalités ; cette situation est un déni d’humanité. Surtout au regard des énormes  atouts et potentialités tant humaines que naturelles de notre continent. Notre conscience collective est donc interpellée », a déclaré le directeur régional du PNUD en Afrique.

Il espère  que de ces assises sortira  ce que l’on pourrait appeler « le Consensus de Kinshasa pour l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités en Afrique ».

Matata veut poursuivre des réformes

Pour le secrétaire exécutif de l’ONU, renverser la tendance dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités  impose aux Africains de rompre avec la routine, d’élaborer des politiques industrielles agressives pour accroitre la productivité agricole, notamment, et assurer une croissance de qualité.

Le vice-président de la BAD, représentant son titulaire empêché, a relevé que « le développement du barrage d’Inga, installé en RDC, est un facteur indispensable pour changer les règles du jeu dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités  en Afrique».

Investir dans l’électrification des pays africains permettrait, de son avis, d’améliorer sensiblement le bien-être des populations.  « Nous voulons donc voir la malnutrition et les inégalités devenir des problèmes du passé. Oui, aujourd’hui le moment est venu d’en finir avec la pauvreté en Afrique », a-t-il martelé.

A la suite de la cérémonie officielle d’ouverture, une conférence de presse, animée par les trois conférenciers et le Premier ministre Matata a eu lieu devant les médias nationaux et internationaux.

Répondant à la question de savoir « comment faire pour que la RDC lutte efficacement contre la pauvreté et les inégalités », le Premier ministre congolais a  réaffirmé que « le gouvernement va continuer ce qu’il a déjà amorcé sous le leadership du président de la République », Joseph Kabila Kabange.

Pour Augustin Matata, il n’y a pas trente-six solutions pour renverser la tendance. Il faut, selon lui, « continuer la stabilisation du cadre macro-économique qui reste le socle de tout l’édifice des indicateurs socio-économiques (taux de change,  taux d’inflation, taux de croissance).

« Il nous faut faire des réformes pour changer la façon de gouverner. Il est difficile d’imaginer le développement sans l’énergie qui reste un facteur déterminant dans l’industrialisation de notre pays. Nous devons aussi améliorer notre gouvernance pour que les ressources collectées soient bien canalisées vers des secteurs porteurs de croissance afin de faire bénéficier le plus grand nombre des revenus générés ».