Après la démission de son président, l’abbé Appolinaire Malumalu, le bureau de la Ceni est en pleine recomposition. La Majorité présidentielle (MP) a décidé de placer d’autres pions qui ont travaillé avec le prélat démissionnaire. Son ancien membre, le vice-président Mpungwe sera remplacé par Norbert Basengezi, ancien ministre de l’Agriculture et du Développement. Avant sa nomination à ses fonctions d’Etat, il avait occupé le même poste de vice-président de l’ex Commission électorale indépendante (CEI) dirigée à l’époque par l’abbé Appolinaire Malumalu. Il fait là un come back.
Suite à la fronde du G7 dont est issue la questeure de la CENI, la MP tient à récupérer ce poste qui lui revient de plein droit. Un communiqué est passé avant hier soir sur la bande passante de la RTNC pour annoncer cette décision de la famille politique présidentielle. Rien ne l’empêchera d’atteindre son objectif en dépit de la résistance de l’actuelle occupante du poste qui refuse de démissionner comme cela lui est demandé.
Aussi curieux que cela puisse paraître, dans cette reconfiguration de la centrale électorale, la MP qui jusque-là n’avait jamais demandé le départ de ses membres se montre plus active que l’Opposition. Pourtant, à maintes reprises, cette famille politique exigeait le départ des membres de la Ceni . A un moment donné, elle avait accordé un ultimatum à ses délégués de se retirer de la cette structure d’appui à la démocratie, faute de quoi ils seraient sanctionnés.
Aujourd’hui que l’opportunité leur est offerte, ces membres sont devenus aphones et font semblant comme si ce qui se passe actuellement à la Ceni ne les intéresse pas. Cette attitude déboussole quelque peu les analystes. Au lieu de trouver vite des nouveaux membres qu’ils ont accusés de s’être inféodés à la mouvance » malumalunienne » proche de la MP, ils perdent leur temps à s’attaquer au PPRD et alliés. Ils accusent ceux-ci de vider la Ceni de ses membres pour bloquer le processus électoral, et réussir ainsi le fameux glissement.
C’est ici l’occasion de poser à ces opposants la question de savoir ce qu’ils veulent exactement ? Lorsque le moment ne se prêtait pas, ils se sont agités pour exiger pour la recomposition de la Ceni. A présent que les circonstances l’imposent, ils regardent ailleurs. Cet infantilisme dans leur chef risque de les faire discréditer auprès de l’opinion. Eux qui veulent l’alternance en 2016 doivent se montrer plus cartésiens et pragmatiques que ceux qu’ils tiennent à remplacer au pouvoir. Malheureusement, ils se comportent comme s’ils ne devaient pas constituer l’alternative tant souhaitée.
Bien préparer le dialogue
L’amateurisme de l’Opposition ne date pas d’aujourd’hui. La transition mobutienne nous avait montré à quel point les politiciens de cette tendance étaient souvent floués par les Mobutistes aguerris dans des magouilles. A voir de près, cette situation était due à la légèreté avec laquelle ceux qui étaient opposés au MPR analysaient les problèmes de l’ex Zaïre. Cela a conduit à la déliquescence de l’Etat, car si le pouvoir n’a pas en face de lui une opposition » positive « , les choses ne peuvent pas avancer.
Il ne faut pas que cette situation perdure, sinon la RDC va tourner en rond. A quelques jours du dialogue qui s’impose au regard du péril qui guette le pays, l’Opposition doit disposer d’un cahier de charges clair et précis pour la fin heureuse de ces assises. Il ne s’agit pas de réclamer à tout prix la tenue des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées dans le délai constitutionnel, mais il faut plus proposer des solutions idoines pour y parvenir. Pas question donc des chants de sirène.
Nous craignons fort que l’Opposition soit en train de préparer soigneusement ce forum pour lequel la communauté internationale est fortement impliquée. Pour preuve, il n’y a qu’à voir les différentes prises de position de certains de ses membres sur les dites assises. Ne parlant pas le même langage, comment vont- ils affronter le camp en face ? Cet imbroglio risque dangereusement de faire échouer ce forum de la dernière chance. A qui incombera alors la faute ? En tout cas pas à ces stratèges qui s’attèlent à conserver » leur » pouvoir.
ROT