COMMISSAIRES SPÉCIAUX : LES 21 PROVINCES N’ONT RIEN POUR FONCTIONNER

Lundi 2 novembre 2015 - 05:53

Comment gérer une province dépourvue de tout ? Jusqu’au frais de fonctionnement. Telle est la terrible équation qu’ont à résoudre les commissaires spéciaux nommés le jeudi dernier.

Les caisses de presque toutes ces provinces sonnent ceux à la rare exception du Haut-Katanga (Lubumbashi). Elles sont vides. Les commissaires spéciaux n’auront aucune ressource pour faire fonctionner les nouvelles provinces. C’est là l’amère réalité de la situation financière de toutes ces nouvelles provinces.

Elles sont issues des provinces qui vivaient grâce aux pitances du pouvoir central car ne produisant rien du tout on, en tout cas, pas grand-chose. Comme on le disait, il n’y a que trois provinces qui contribuent au Budget de l’Etat par les recettes provinciales et qui ont des ressources pour fonctionner, c’est l’ancien Katanga, le Kongo-Central et la ville de Kinshasa.

Toutes les autres produisent la misère et pour survivre ont en permanence la main tendue à percevoir les 40% de la rétrocession. Mais ce sont les 40% de quoi ? De ce que des autres ont produit ? Non. Ce n’est pas prévu. 
D’où ces provinces qui n’ont aucune activité économique et donc qui ne produisent rien ne survivront que les aides de la Caisse de péréquation. On ne peut pas créer des provinces qui ne sauront vivre que grâce à la charité de quelques plus nanties, trois comme citées ci-haut. On a créé des sous-produits de la pauvreté.

On peut donner comme exemple d’école trois provinces-type : le Kasaï Oriental, le Bandundu et l’Equateur. Le Kasaï Oriental de Mbuji-Mayi qui donne naissance à Lomami à Kabinda et Sankuru à Lodja. Quand Mbuji-Mayi qui était, avant la faillite de l’activité diamantaire, le centre névralgique économique de tout le centre du pays, connait des cas de malnutrition a cause de l’extrême pauvreté dans laquelle croupissent les populations, que peuvent donc faire Lomami et le Sankuru qui n’ont aucune rentrée en termes de recettes de l’Etat ?

C’est pourtant cela la réalité. La deuxième province est l’Equateur qui donne lieu à 5 nouvelles provinces à savoir l’Equateur avec comme capitale Mbandaka, la Tshuapa avec Lisala, Mongala avec Boende, Sud-Ubangui avec Gemena et Nord-Ubangui avec Gbadolite. Ici, la seule petite activité productive, c’est dans la métropole Mbandaka. 
Au-delà, c’est la misère noire. Il y a enfin le Bandundu éclaté en Kwango, Maindombe et Kwilu. Aucune recette du trésor n’est jamais venue d’ici. C’est la pauvreté légendaire connue de l’ancien Bandundu qui sera transférée aux deux nouvelles entités.

LES CAISSES DE L’ETAT LOGENT LA MISERE NOIRE
Hormis le Haut-Katanga et Lwalaba-Kolwezi, ailleurs les commissaires spéciaux ne trouveront rien dans les caisses de l’Etat. Kinshasa ne pourra rien faire si déjà il avait du mal à faire fonctionner les 11 provinces actuelles. Les commissaires spéciaux de ces provinces démunies qui manquent de tout ou presque vont tirer le diable par la queue. Pouvait-il en être autrement ? Non. Car, nombre de ces provinces n’ont aucune activité économique viable susceptible de couvrir l’assiette fiscale de ces nouvelles provinces. 
Quant au Budget du pouvoir central, il est confronté aux mêmes réalités et ne peut pourvoir au fonctionnement de 21 nouvelles provinces par le trésor public. Les commissaires spéciaux du gouvernement qui font office de gouverneurs de provinces seront confrontés à une autre épreuve que le pouvoir central n’a pas prévue.

LES COMMISSIONS DE DEMEMBREMENT ONT TRAVAILLE DANS LA PRECIPITATION
C’est l’absence du mécanisme de répartition entre les anciennes et les nouvelles provinces de leur patrimoine mobilier, immobilier et financier. Qui va assurer le passif d’anciennes provinces si tel est que les dettes contractées au nom de tous, c’est-dire les anciens districts devenus des provinces à la faveur de la loi de programmation. Rien n’est prévu pour cette répartition. 
Par la faute des commissions de démembrement dépêchées par le gouvernement central dans les provinces à démembrer. Ils ont travaillé dans la précipitation et en très peu de temps qu’ils n’ont pas pu aborder ces questions. Pourtant, c’était cela leur mission comme consignée dans la loi de programmation. 
Les commissions de démembrement devraient faire l’état des lieux de chaque province, établir son passif et son actif, identifier son patrimoine mobilier, immobilier et financier et faire la répartition entre les nouvelles provinces. Cette répartition n’a jamais été faite. 
Ce qui fait que ces provinces risquent de se retrouver devant les tribunaux pour revendiquer le droit de propriété à tel domaine ou à tel autre. Ici on peut donner l’exemple de l’ancien Katanga avec son impressionnant parc immobilier. 
On doit d’abord procéder à son évaluation et ensuite déterminer les critères et la clé de répartition avec les nouvelles provinces. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Un travail qui devra s’étendre sur plusieurs années. Ce qui montre que le démembrement est une affaire de longue haleine si on espère arriver à son succès. KANDOLO M.