Vice-ministre honoraire des Affaires étrangères du Gouvernement Matata, Me Célestin Timothée Tunda Y'a Kasende a amorcé depuis une semaine un périple dans les universités flamandes, en Belgique.
Pourquoi a-t-il choisi de passer son séjour sabbatique en Belgique ? Quelle lecture le citoyen lambda de l’ex-métropole fait-il de l’actualité brûlante en République démocratique du Congo ?
*«J’ai remarqué qu’il y a de la considération pour nos institutions, pour le travail abattu par le Gouvernement. Le cas de Maluku n'est plus tellement d'actualité (en Belgique), car l'argument fondé sur la loi coloniale a apporté un éclairage sérieux», déclare Tunda Y’a Kasende.
Me Tunda, vous n'êtes pas au pays pour le moment alors que le thermomètre du climat politique monte au zénith. Pouvons-nous savoir le motif de votre voyage ?
J'ai pris le temps pour venir dans les universités flamandes. Précisément à Gent et Leuven. Je suis venu ici pour renforcer mes capacités en droit international, en géopolitique et en économie politique. La vision de pas mal de sujets évolue chaque jour sur l’échiquier planétaire. Il fallait donc se mettre à jour pour l'intérêt du pays.
Pourquoi le choix de la Flandre ?
En raison de la rigueur et du savoir et du savoir-faire. Vous savez, par exemple, que Gent est parmi les plus grandes universités d'Europe aujourd'hui et que toute opinion qui y est émise est prise en considération dans le monde entier.
Mais depuis votre départ du gouvernement, en qualité de vice-ministre des Affaires étrangères, vous n'avez exprimé aucun avis sur l'actualité politique de l'heure, alors que vous faites partie du comité exécutif du PPRD…
Oh ! Oh ! Oh ! Mais, c'est la discipline. Ce sont les instances de mon parti qui doivent s'exprimer. Très bientôt, je serai déjà de retour au pays et j'aurai l'occasion de participer aux différentes activités qui seront en cours au niveau du parti. Il faut toujours éviter d'agir en ordre dispersé et surtout sans mandat...
Aujourd’hui, les Congolais sont maltraités en Afrique du Sud. A l'époque, vous aviez beaucoup agi en faveur de nos compatriotes à l'étranger, et surtout pour les étudiants congolais arrêtés en Inde. Qu’auriez-vous fait à la place ?
Oh non ! Pas du tout ! Je n'aime pas la confusion. Je respecte ceux qui gèrent ce secteur pour le moment. Si je suis consulté officiellement, alors, je peux donner un avis.
Quelle est l'opinion exacte qui prévaut là-bas sur le processus politique en RDC, notamment sur les élections, l'alternance, la fosse commune de Maluku... ?
Je pense que ce qui importe, c'est ce que nous voulons faire nous-mêmes. Dans la mondialisation, l'opinion des autres est utile, mais elle ne devrait pas être déterminante, car il faut savoir s'assumer. En vérité, par rapport à la déontologie, je me suis interdit tout contact avec les officiels.
Seulement, à travers des relations d'amitié, j'ai compris que nos partenaires attendent des élections appréciables en République démocratique du Congo.
Le cas de Maluku n'est plus tellement d'actualité, car l'argument fondé sur la loi coloniale a apporté un éclairage sérieux. J’ai remarqué qu’il y a de la considération pour nos institutions, pour le travail du gouvernement, c’est-à-dire la stabilité économique, les infrastructures et les différentes réformes dans les finances publiques, l'administration...
Il m'a semblé aussi comprendre que si nous avions fourni assez d'efforts dans d'autres domaines, telle la réduction des inégalités, le débat sur l'alternance n'aurait pas pris beaucoup d'ampleur. Des exemples similaires en Afrique m'ont été cités dans la perspective de leurs élections.
Quelle leçon tirez-vous présentement de vos premiers jours dans les universités flamandes ?
En abordant les enseignements de géopolitique, j'ai réalisé l'importance de nos Institutions actuelles et du rôle que devrait continuer à jouer Joseph Kabila à la tête de notre pays.
Dans le contexte de l'heure, le changement politique ne devrait pas être une finalité, au détriment de la stabilité et de la sécurité. Même le développement a un coût. Et il ne se fera pas dans la brutalité.
C'est parfois nos propres discours à l'intérieur du pays qui poussent nos partenaires à vouloir nous imposer leur choix.
L'opposition ne doit pas signifier qu'il faut sacrifier l'essentiel. Aussi, à la majorité, nous devons éviter de donner l'impression que nous avons déjà emballé nos bagages.