CALENDRIER ELECTORAL Me Mbayo répond à l’Opposition

Lundi 16 mars 2015 - 08:03

* " Quand on dit qu’on doit commencer par la présidentielle, on est en train d’enfreindre la loi ", explique l’élu de Kabongo doublé de juriste de haute facture.
Elu de Kabongo, au Katanga, Me Mbayo demeure à la pointe de l’actualité en RDC. Cet élu national rappelle aux opposants qu’on ne doit pas oublier que, parmi les instruments juridiques qui régentent la RDC, il y a la Constitution, les accords internationaux et des lois internes. Entre autres, précise-t-il , l’accord-cadre d’Addis-Abeba, un accord international qui a prédominance et sur la Constitution et sur toutes les lois internes. La Résolution 2098 des Nations unies, en son point 14b, parle avant tout de l’organisation des élections locales, municipales et sénatoriales. " Quand on dit qu’on doit commencer par la présidentielle, on est en train d’enfreindre la loi. On doit respecter les textes que nous avons mis en place. Plus on met de l’argent, plus on organisera tout dans le délai ", explique ce député national doublé de juriste de haute facture. Il se penche également sur le découpage territorial pour en expliquer les avantages. " Je crois qu’on doit faire la part des choses entre ce qui est essentiel et ce qui est passionnel. Maintenant que nous aurons des gouverneurs dans la proximité avec les territoires, le peu de moyens qui sera mieux géré peut créer la richesse ", précise-t-il. Parlant de sa nouvelle province, à savoir le Haut Lomami, Me Mbayo fait état de l’énorme, c’est-à-dire la langue Kilubakat parlée dans trois provinces. ’Nous devons la valoriser, la promouvoir avec toutes ses valeurs culturelles et nous allons amener les investisseurs en synergie avec le gouverneur que nous aurons. Nous allons mettre l’accent sur l’eau et l’électricité ", prend-t-il soin de relever. Interview.

Quelle est votre lecture par rapport aux revendications de l’Opposition concernant la tenue des prochaines élections ?
A ce point de vue, je vais rester purement dans les textes. Nous avons des arriérés des élections locales, municipales, provinciales et même sénatoriales de plus de 8 ans. A la Majorité, l’idée était de privilégier ces élections là. Mais, l’Opposition demandera qu’on publie le calendrier global. Et la CENI a compris, elle l’a publié. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, parmi les instruments juridiques qui régentent notre République, il y a la Constitution, les accords internationaux et des lois internes. Entre autres, il y a l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. C’est un accord international qui a prédominance et sur la Constitution, et sur toutes les lois internes. Les Nations-unies au niveau du Conseil de sécurité ont voté la Résolution 2098 qui, à son point 14b, parle avant tout de l’organisation des élections locales, municipales et sénatoriales. Nous avons des instruments juridiques internationaux qui privilégient dans l’ordre de choses ces élections là. Alors quand l’Opposition a demandé un calendrier global, nous avons dit que si on organise les élections présidentielles et législatives, on n’aura pas péché. Le contraire serait possible si on inversait l’ordre de choses. Quand on dit qu’on doit commencer par la présidentielle, on est en train d’enfreindre la loi. On doit respecter les textes que nous avons mis en place. Plus on met de l’argent, plus on organisera tout dans le délai. Mais, rassurez-vous qu’il y a des situations imprévisibles plus il y a moins de moyens.

On dirait que la peur a aussi gagné la MP quand à la prochaine présidentielle. Vous n’avez pas peur d’une probable revanche de l’Opposition ?
A la Majorité, jusqu’à ce jour, nous avons encore un mandat. Il nous reste plus de 20 mois et c’est énorme. Le président de la République a encore beaucoup à faire. Ceux qui essaient de faire pression sur lui ont mal choisi la cible. Le Président n’a jamais été élu sous l’étiquette d’un parti ou regroupement politique… ils n’ont aucune ascendance sur lui donc.

On assiste, ça et là, à des remous au sein de la classe politique et de la population congolaise suite au découpage territorial. Vous, en tant qu’élu national et juriste, quel est votre point de vue ?
Vous voulez parler du processus de réorganisation administrative de nos Entités administratives décentralisées (ETD) ? Certes, il y a eu certaines voix qui se sont élevées, mais les populations concernées dans les provinces actuelles ont accueilli cela avec beaucoup de joie. Je l’ai constaté, par exemple, à Kamina, en Ituri et ainsi de suite. A tout le moins, c’est un processus qui avait été commencé depuis la deuxième République. Il y avait une expérience avec les Kivu qui avait été démembré. Nous avons aujourd’hui le Maniema, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Et, de cette expérience, on constate qu’il n’y a pas beaucoup de problèmes, mais on doit l’apprécier parce qu’au Kivu, nous n’avons pas de gens qui se plaignent. Il y a un gouverneur au Nord-Kivu, un au Sud-Kivu et un au Maniema et tout se passe normalement bien. En tant que juriste, je dis devant une loi, on n’a pas de choix, on n’a pas une volonté à opposer à la loi, on se soumet. Autrement, c’est une rébellion. Pas plus tard qu’hier, à Kamina, il y a eu remise et reprise entre le commissaire de district et le chef de division unique. Cela s’est passé dans un climat de joie et de gaieté. Ça amènera beaucoup plus de solutions que des problèmes. Par exemple, au niveau national, quand on vote le budget, on vote un principe. On dit par exemple, cette année on fera 400 kilomètres de route de desserte agricole par province. Donc, on aura 400 kilomètres au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Maniema. Aujourd’hui que nous avons Tanganika, Lualaba, Haut-Lomami et Haut-Katanga, ce qui constituait l’ancienne province dans l’ancienne configuration, il s’agira de 1.600 kilomètres au lieu de 400. C’est avantageux. Désormais, nous aurons un gouverneur à Kamina, un gouverneur à Kalemi et ainsi de suite. Le gouverneur aura un cabinet, il aura des ministres, il y aura des assemblées provinciales dans ses entités, et les députés provinciaux auront leurs assistants. Ce qui va créer des emplois pour tous les licenciés, les gradués et les cadres universitaires qui chôment. Ils auront une rémunération mensuelle et cette rémunération signifie qu’on aura à injecter dans l’économie de ces entités l’argent qui n’existait pas avant. Et, dans les circuits économiques, ces gens vont acheter des produits vivriers pour vivre, donc même les agriculteurs vont bénéficier de cette réorganisation territoriale. Et, par apport à l’itinérance, un gouverneur qui est, par exemple, à Kamina, il a 4 territoires il peut s’organiser pour faire l’itinérance d’une semaine par territoire et il ne prendra pas l’avion, il prendra plutôt la route, donc les moyens que prennent ses administrés que d’avoir un gouverneur à Lubumbashi qui doit aller à 1000 kilomètres à Kabongo ou à 1600 kilomètres à Kalemie, il devra prendre un avion, un moyen que ses administrés ne prennent pas et il survole le territoire. Alors, comment saura-t-il par exemple qu’il y a des Mai-Mai à tel endroit ? Tandis qu’un gouverneur qui fait la route, il entre en contact avec les problèmes de ses administrés et il sait avec les recettes de la province, s’il y en a, résoudre ces problèmes. Au cas contraire, il devra faire appel à la caisse de péréquation au niveau central.
Moi personnellement, je suis d’avis avec plusieurs d’ailleurs au Katanga. Ils sont nombreux, il y a une majorité silencieuse. Tous les intellectuels savent que c’est un processus efficient. Ce n’est pas seulement au Congo. En France, il y a aussi la réorganisation territoriale. Donc, c’est une loi qui a été votée. Quand ont votait pour cette Constitution en 2006, je me souviens, les mêmes politiciens qui ne veulent plus de la réorganisation étaient pourtant d’accord. Ils avaient tous voté pour les 26 provinces, ils étaient à l’Assemblée et moi je n’étais pas encore là. Donc, je pense qu’il y a les élucubrations politiciennes, mais l’Etat n’a pas d’états d’âme, il ne vise que l’intérêt général et c’est vraiment un processus à saluer et à encourager pour le bien-être de nos populations encore que 70% de la population congolaise vit dans le milieu rural et maintenant nous allons leur apporter l’administration de proximité. Je pense qu’on devra beaucoup communiquer pour vulgariser la chose.

Mais, cependant, il y a quand même lieu de noter qu’il y a eu des réactions musclées dans certaines provinces… surtout celles qui dépendaient essentiellement des mines et qui ne le seront plus demain
Avant, nous avions l’ancienne province de Léopoldville, aujourd’hui nous avons le Bandundu, Kinshasa et les autres. Est-ce qu’il y a des problèmes ? C’est subjectif comme affirmation. Parce qu’on n’a pas eu une marche contraire. La Constitution avait nommé les provinces depuis 2006 et depuis là, il n’y a aucune pétition de 100.000 signatures d’une quelconque province qui a contesté. Quand on a élu les députés provinciaux en 2006, c’était en fonction des 26 provinces. Pour les provinces qui ne dépendent que des mines, vous venez de mettre le doigt dans la plaie. En dehors de taxes, qui sont de la fiscalité nationale, il y a les taxes provinciales. Par exemple, au Katanga, sur chaque tonne des minerais exportés, la province avait 30 dollars par tonne. Aujourd’hui, c’est 50 dollars. Quand vous prenez les statistiques, 8 ans après, c’est en termes de milliards de dollars… donc ça, ce n’est pas un problème. C’est peut être un problème de la bonne gestion…il y a des gouverneurs qui ont bien géré à leur manière entre guillemet. Sinon, quand vous prenez le Katanga, ce sont des statistiques qui sont connues de tous vous y collez 50 dollars par tonne vous verrez ce que ça représente. C’est à plus des milliards 8 ans après. Avec 3 milliards de dollars, on construirait plus de 3000 kilomètres de route et cela, sans parler de la rétrocession. Donc, ces provinces à vocation minière auront beaucoup plus d’argent que des provinces à vocation agricole comme la mienne, mais nous sommes très fiers parce que nous allons mettre la canne à sucre à Kamina pour alimenter le Sud et le Kasaï. Le Bandundu, je n’ai pas entendu des voix discordantes, tout le monde est fier. Je crois qu’on doit faire la part des choses entre ce qui est essentiel et ce qui est passionnel. Maintenant que nous aurons des gouverneurs dans la proximité avec les territoires, le peu de moyens qui sera mieux géré peut créer la richesse.

Un message à la population de votre nouvelle province, le Haut-Lomami ?

Je suis de cœur avec toute ma province. Nous avons une énorme richesse, notre langue, le Kilubakat. Elle est parlée désormais dans 3 provinces… nous devons la valoriser, la promouvoir avec toutes ses valeurs culturelles. Et nous allons amener les investisseurs en synergie avec notre gouverneur que nous aurons. Nous allons mettre l’accent sur l’eau et l’électricité. M.M.

 

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