BRAZZA, KINSHASA… AU-DELÀ DE SIMPLES ÉLECTIONS

Mercredi 6 avril 2016 - 08:40

Dans la séquence actuelle, Kinshasa et Brazzaville ne sont pas que les deux capitales les plus rapprochées au monde. Ces deux villes et, par- delà, la RDC et le Congo, vivent des situations politiques semblables. Même si de l’autre côté du fleuve Congo les élections ont déjà eu lieu. Et Denis Sassou Ngouesso s’est fait réélire. Les échanges de tirs d’il y a trois jours montrent bien cependant que le Congo est loin d’être sorti de l’auberge.
Si elles ont permis au président Sassou de demeurer à la tête du pays, les élections n’ont pas apporté ce qui manque le plus à nombre de pays africains, à savoir le nécessaire consensus issu du compromis historique. Dans ce même pays voisin, l’élection de Pascal Lissouba au début des années 90 n’avait pu évacuer la fracture sociologique qui divise ce pays en deux. La preuve, c’est la guerre civile qui a conclu le mandat d’un Lissouba régulièrement élu.
Mutatis mutandis, avec un président interdit constitutionnellement de nouveau mandat, la RDC se trouve dans la même configuration politique que son voisin d’en face. De ce côté du fleuve aussi, pas sûr que les élections, présidentielle et législatives soient-elles, soient la panacée. Et ce, quel qu’en soit le cas de figure. Avec ou sans Kabila. Avec une opposition victorieuse ou une kabilie triomphante.
Comme à Brazzaville, Kigali, Bujumbura, N’Djamena… la solution pérenne a pour nom : consensus sur l’essentiel. Sinon, on ira de contestations en contestations ; de crise en crise et de guerre en guerre. Tout le problème, c’est que l’Afrique a cru faire l’impasse sur l’aggiornamento de cette démocratie réduite aux seules élections à la faveur desquelles, par simple logique arithmétique, le pouvoir est censé être conservé on passé d’un clan à un autre. José NAWEJ