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Il faut aller vite au dialogue politique pour procéder à un diagnostic objectif et complet de la situation…
Nous avons pris l’initiative de publier dans notre édition d’hier mercredi 17 août 2016 un article sur les massacres à répétition en territoire de Béni au Nord Kivu et sur les menaces permanentes d’invasion à l’Est du pays en général.
Comme par hasard, à la veille de la publication de cet article (Mardi, le 16 août 2016), le président Joseph Kabila a présidé une réunion spéciale du conseil de sécurité à Goma en ayant à ses côtés nombre de ses plus proches collaborateurs de l’exécutif central.
Des sources proches du gouvernement provincial du Nord-Kivu signalent la présence très remarquée du premier ministre Augustin Matata Ponyo, le vice premier ministre et ministre en charge des Affaires intérieures et de la sécurité Evariste Boshab, le ministre de la Défense Atama Tabe, le Commissaire général de la police nationale Charles Bisengimana et le Chef d’Etat-major général des FARDC, le général Etumba.
Selon le compte rendu laconique fait par le Vice premier ministre et ministre en charge des Affaires intérieures et de la sécurité à l’issue de cette réunion, les massacres à répétition de Béni et ses environs sont à imputer à des » terroristes religieux » !
Mais comment le président de la République et les participants à ladite réunion spéciale de sécurité sont-ils arrivés à cette conclusion qui sent l’odeur d’une dangereuse fuite en avant ; à une conclusion fondée sur des idées reçues ou des stéréotypes ?
Injonction tardive à Matata par Kabila !
Comment, enfin, après avoir conclu que les massacres à répétition de Béni et alentours sont le fait de » terroristes religieux « , le président de la République a-t-il instruit le premier ministre et son équipe de l’exécutif de faire l’état de lieux sur (l’ensemble du territoire) et de lui en faire rapport ?
Nous estimons, pour notre part que la situation du territoire de Béni et ses environs qui préoccupe le monde entier est extrêmement grave et son examen ne peut en aucune manière se faire dans le cadre fort restreint d’une réunion, spéciale soit-elle, de cabinet du chef de l’Etat.
Nous estimons en outre qu’après avoir conclu que les massacres à répétition de Béni et alentours sont à imputer à des terroristes, il est absurde de procéder à un état de lieux qui conduirait à une même conclusion !
Il faut donc passer immédiatement à l’action comme le préconise le premier ministre Matata Ponyo qui semble être aux antipodes de son éminent patron Joseph Kabila !
Mais comment passer à la phase des actions concrètes tel que le préconise Matata alors que l’étude de la situation est embryonnaire concernant le territoire de Béni, en particulier et la partie orientale du pays, en général ?
Nous constatons que l’injonction de Joseph Kabila à Matata Ponyo de procéder à un état de lieux raisonnable arrive tardivement compte tenu de la complexité de la tâche et de la nécessité d’impliquer les grandes puissances et les multinationales opérant dans cette partie névralgique du pays.
Nous constatons en outre que le régime politique actuel est très mal placé pour conduire un état de lieux sérieux et crédible étant donné qu’il est soupçonné par beaucoup d’être à la fois juge et partie dans la situation à examiner.
Comme nous l’avons souligné dans notre édition d’hier, il faut aller vite au dialogue politique inclusif attendu afin de procéder à un diagnostic objectif et complet de la situation avant d’agir avec plus de chances de succès !
Par Bamporiki Chamira