« Bakata Katanga » devient un parti Politique

Jeudi 20 août 2015 - 10:17

Après avoir instauré la terreur au Nord Katanga
Cette structure se nomme désormais « Mouvement des Indépendantistes Révolutionnaires Africains »(MIRA)

Dans un communiqué conjoint, l’Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH) et l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) déplorent la politique de consécration de l’impunité en RDC par les auteurs de crimes graves des violations des droits de l’homme au Nord Katanga qui ont transformé leur milice en un parti politique.

Il s’agit des Bakata Katanga de triste mémoire qui se muent en parti politique dénommé «Mouvement des Indépendantistes Révolutionnaires Africains ».

Ces deux organisations de la Société civile active dans la promotion et la protection des droits de l’Homme en République Démocratique du Congo (RDC) sont vivement préoccupées par l’information /déclaration publiée dans la presse nationale depuis le mercredi 12 août 2015 selon laquelle, la milice Bakata Katanga appartenant à Kyungu Mutanga alias Gédéon, s’est transformée en un parti politique dénommé « Mouvement des Indépendantistes Révolutionnaires Africains » (MIRA). Cette déclaration a été faite par Nicolas Mbokaya, ancien commandant de Bakata Katanga qui se fait passer pour le porte-parole et le secrétaire général de cette nouvelle formation politique.

Auteur des crimes contre l’humanité au Nord Katanga

Pour rappel, Kyungu Mutanga Gédéon a été poursuivi par la justice congolaise pour, entre autres, crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel et crimes de guerre à cause des différents crimes commis par lui et sa milice dans la zone située entre les territoires de Mitwaba et Pweto, District du Haut-Katanga, à Manono dans le Tanganyika et à Malemba- Nkulu dans le Haut-Lomami, soit dans le «Triangle de la Mort » : (Mitwaba, Manono et Pweto), entre 2001 et 2004.

Cette zone est baptisée ainsi suite aux nombreux crimes qui y ont été commis par ce dernier et sa milice durant ladite période.

Il est arrivé à Kyungu Mutanga Gédéon de se rendre à la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC), actuellement Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) avant d’être remis à la justice congolaise pour y être entendu.

De 2007 à 2009, le Tribunal Militaire de Garnison du Haut Katanga organisera un procès contre lui, procès à l’issue duquel ce Tribunal le condamnera le 13 mars 2009 à la peine capitale pour avoir été reconnu coupable de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel, terrorisme et homicide commis dans « le triangle de la mort ». Saisi de cette affaire au degré d’appel, la Cour militaire du Katanga confirmera à son tour la décision du premier juge.

Alors qu’il purgeait sa peine au Centre Pénitentiaire de la Kasapa (CPRK), Kyungu Mutanga Gédéon s’en évadera de façon spectaculaire en date du 7 Septembre 2011 pour aller s’installer à Mitwaba.

De retour dans sa base, Gédéon rebaptisera son ancien mouvement Maï-Maï en Bakata Katanga avec, à la tête comme commandant chargé des opérations suicides, Nicolas Mbokaya.

L’Opinion se souviendra qu’après cette réinstallation, plusieurs autres crimes et violations graves des droits humains s’enregistrent dans la même zone.

Compte tenu de l’immensité de ces crimes, le triangle de la mort s’était mué en rectangle de la mort. En réaction à ces crimes, le Gouvernement congolais organisera en janvier 2014, une forte opération militaire avec comme mission principale de traquer toutes les milices actives dans le nord de l’ancienne province du Katanga, aujourd’hui divisée en 4, afin de rétablir la paix dans la zone.

Bravo à l’impunité

Contre toute attente et pendant que ce mouvement est encore à pied d’œuvre, Asadho et Acidh sont surprises d’apprendre des sources sûres que des discussions et négociations sont en train d’être menées entre le Gouvernement de la RDC et Gédéon Kyungu, qui aurait posé comme condition de la cessation de ce mouvement insurrectionnel Bakata Katanga, qu’il bénéficie de la grâce présidentielle et qu’il soit mué en un parti politique.

C’est en marge de ces discussions que Kyungu Mutanga Gédéon rebaptisera sa milice Bakata Katanga en « Mouvement des Indépendantistes Révolutionnaires Africains (MIRA) », note Asadho et Acidh.

Ces deux structures constatent avec regret que cette démarche entreprise par Gédéon Kyungu et le Gouvernement de la RDC est de nature à violer la Constitution de la République et la loi N°04/002 du 15 mars 2004, portant organisation et fonctionnement des partis politiques en ses articles 6, 11 alinéa g, et 12 alinéa f-5 et 6 relatifs notamment au casier judiciaire et à la moralité.

Au-delà de la légalité de ce mouvement, Asadho et Acidh craignent que la démarche entreprise par la milice Bakata Katanga soit un moyen pour ses responsables de se disculper de leur responsabilité pénale sur de nombreux crimes et allégations de violations des droits humains mis à leur charge, ce qui renforcerait l’impunité des crimes graves et autres violations des droits humains que la RDC a enregistrés durant ces deux dernières décennies.

Tel a été le cas avec plusieurs autres milices qui ont opéré notamment à l’Est de la RDC et qui, par la suite, ont procédé de la même manière et se retrouvent par la suite dans le gouvernement et dans l’armée avec des postes de responsabilité, ce qui leur donne ainsi le pouvoir de circuler en toute liberté. C’est le cas de M23, CNDP, etc.

Asadho et Acidh exhortent Kinshasa, notamment la Primature, Ministère de la Défense et Sécurité, le ministère de l’Intérieur à ne pas valider la candidature de cette milice visant à se muer en un parti politique.

Ces deux associations prient Kinshasa à renforcer les opérations militaires pour traquer davantage les milices afin de rétablir la paix dans les territoires de Mitwaba, Manono, Malemba Nkulu et Pweto tout en veillant à la protection des civils.

Mais également de remettre à la disposition de la justice toutes les personnes condamnées et en fuite ainsi que celles sur qui pèsent les allégations des violations des droits humains pour qu’elles subissent la rigueur de la loi.

Le gouvernement congolais est prié par ces deux structures à élargir le processus de Démobilisation et Réinsertion de tous ces éléments Maï-Maï qui se rendraient volontiers.

Par Godé Kalonji Mukendi