Elu à la tête de la Chambre basse du Parlement en avril 2012, il avait promis, lors de sa campagne, de faire de cette institution un « temple de la démocratie » ? Près de quatre années écoulées, ces paroles ont-elles rejoint la réalité ? Dans l’opinion, le « non » domine largement lorsqu’il s’agit de répondre à cette question.
A quelques encablures de la fin de la deuxième législature de la Troisième République, s’ouvre le chapitre de bilan dans les institutions issues des élections de 2011.
A l’Assemblée nationale, regard sur le travail accompli par son président, Aubin Minaku. Près de quatre ans au perchoir, celui qui a été élu en avril 2012 pour remplacer le très controversé Evariste Boshab a-t-il répondu aux attentes ? Sous l’anonymat, quelques politiques et citoyens lambda ont apporté leur jugement. Et la tendance est sans appel l’actuel président de l’Assemblée n’a jamais convaincu. Ce, pour plusieurs raisons.
Lors de sa campagne pour être élu à la tête du Bureau de la représentation nationale, l’homme avait promis de faire de cette institution un « temple de la démocratie ». Un « vœu propagandiste » pour beaucoup, qui reste loin de ce qu’il a proposé jusqu’ici. « Il n’a jamais vraiment su établir une ligne de démarcation entre ses responsabilités de secrétaire général de la Majorité présidentielle et ses fonctions de président de l’Assemblée nationale », déclare un député national. Comme lui, beaucoup de députés, surtout ceux de l’opposition, ne se reconnaissent pas en leur modérateur des débats. Une perception qui était largement différente à l’époque de Vital Kamerhe, 2007-2009.
« Avec Kamerhe, même si quelques penchants pour son camp politique ne pouvaient pas manqué dans certaines questions, on observait quand même un président qui fournissait beaucoup d’efforts pour se placer au milieu du village. La preuve, le jour de sa démission, beaucoup de députés de l’opposition avaient exprimé leur regret. Je ne vois pas un opposant aujourd’hui regretter le départ de Minaku », commente un habitant de Kintambo. « A l’époque, on suivait des plénières à la télévision avec enthousiasme comme on suit des matches de football. Depuis, plus rien ne nous plait dans la méthode Minaku, comme dans celle de son prédécesseur Boshab », remarque un vendeur dans un magasin électronique à la Gombe.
«Dictateur camouflé»
En effet, on colle à Minaku l’image d’un «dictateur camouflé» qui travaille pour l’intérêt d’un seul camp politique, croyant satisfaire le chef de l’Etat. Sous son règne, il n’y a presque plus des motions de défiance contre des membres du gouvernement. Des initiatives de quelques élus du peuple en cette matière ont souvent été découragée ou étouffées au niveau même du Bureau de cette Chambre législative.
Par ailleurs, les contrôles parlementaires semblent également perdu leur place de priorité.
Sous Minaku, les Congolais retiennent aussi l’ingérence notamment dans le processus de désignation des membres de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). L’on se rappelle que des députés de l’opposition tout comme de1a Majorité présidentielle dénonçaient la présence des noms des personnalités sorties de nulle part en lieu et place des personnes qualifiées et désignées par des organisations phares de la société civile. Mais Minaku, pointé du doigt dans cette confusion, n’avait rien fait pour rétablir l’ordre. Bien au contraire.
A savoir pourquoi Minaku n’a jamais convaincu depuis qu’il est au perchoir, ces exemples, comme bien d’autres, en disent long.
CONGO NOUVEAU