A l’annonce de la convocation du Sénat en session extraordinaire dès le lundi 10 août 2015, les cerveaux de nombreux Congolaises et Congolais se sont mis à tourner à la vitesse supérieure, pour finalement décréter que par parallélisme de forme, l’Assemblée Nationale devrait, elle aussi, se soumettre au même exercice. A en croire des indiscrétions échappées des couloirs du Palais du Peuple, la mise en place d’une « Commission paritaire mixte » ne s’impose pas pour l’adoption de la Loi portant répartition des sièges par circonscription électorale pour les élections locales et municipales.
On explique l’inopportunité de convoquer les députés nationaux en session extraordinaire par le fait qu’au niveau de la Commission Politique, Administrative et Juridique du Sénat, le texte précité avait été adopté en des termes identiques à ceux de la Commission ad hoc de l’Assemblée Nationale. Par conséquent, l’unique formalité à accomplir va consister à organiser une nouvelle séance de vote au niveau de la Chambre haute du Parlement, en vue de l’adoption formelle de la fameuse Loi Boshab, en vue de sa transmission, par voix administrative, au Président de la République, aux fins de sa promulgation.
Peur du boycott…
Si tout se passe bien, la session extraordinaire du Sénat pourrait être de très courte durée. D’aucuns pensent même qu’en moins d’une semaine, le dossier devrait être bouclé. Toutefois, la crainte d’un boycott persiste. Partis en vacances depuis le vendredi 31 juillet 2015, nombre de Sénateurs pourraient être tentés par l’école buissonnière, comme c’était le cas à cette même date fatidique où le quorum avait fait curieusement défaut à la Majorité Présidentielle, pourtant largement « majoritaire » au sein de l’institution que pilote Léon Kengo wa Dondo.
Une forte mobilisation des «troupes» est espérée du côté du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) et ses «alliés», pour ne pas enregistrer un second échec, synonyme de renvoi du vote à la session de septembre, avec plus d’incertitude de victoire qu’aujourd’hui.
Que s’est-il passé pour que les Sénateurs appartenant à la famille politique du Chef de l’Etat se « rebellent » contre leur plate-forme, bloquant du coup un texte jugé salvateur pour le contrôle des fiefs électoraux ? L’on pense que les Sénateurs de la Majorité comme de l’Opposition redoutent les méfaits, pour leurs partis et leurs candidats aux élections locales et municipales, d’une cartographie approximative des groupements, chefferies, secteurs et communes, de nature à déboucher sur une représentation biaisée des entités politico-administratives dans les structures de gestion du pays à la base.
C’est cette peur pour chacun de voir son village, sa chefferie, son secteur d’origine, sa commune de résidence ne pas bénéficier du quota des sièges conforme à son poids démographique qui bloque l’émergence d’un front commun en faveur d’une loi qui est maintenant considérée comme de tous les dangers.
Si ça casse de nouveau au Sénat, il y a lieu de craindre que la Loi Boshab prenne le chemin des arriérés législatifs difficiles à solder et que la CENI ne se retrouve bloquée, pendant encore longtemps, dans son schéma d’organisation des élections locales et municipales, dont le calendrier a déjà implosé à cause de la tenue, en octobre prochain, des élections de gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces. Finalement, on assiste à un processus électoral qui ressemble de plus en plus à un « monstre » en République Démocratique du Congo tant personne ne sait par où commencer, et par où terminer.
Kimp