Ce document qui porte la signature de quatre notables de cette nouvelle province, est susceptible d’allumer le feu, provoquer d’énormes dégâts et embraser la contrée. Il risque de diviser les Mongo et les Ngbaka qui, pourtant, vivent en parfaite harmonie.
Une correspondance datée du 18 juin 2015, rédigée depuis Bwamanda, à Gemena, dans la nouvelle province du Sud-Ubangi, appelle tous les Ngbaka à la haine tribalo-ethnique et à la xénophobie vis-à-vis d’autres Congolais.
» … avec l’élection du premier gouverneur de la province du Sud-Ubangi, nous tous, peuple Ngbaka, sans discrimination, voudrions que cette nouvelle province soit dirigée par un vaillant fils Ngbaka… « , peut-on lire dans ce » mémorandum » qui déplore que » toutes les régies financières du Sud-Ubangi sont dirigées par les Mongo… « .
Ce document, qui porte la signature de quatre notables de la nouvelle province du Sud-Ubangi, frise une incitation à la haine tribale et ethnique, susceptible d’allumer le feu et provoquer d’énormes dégâts.
Il risque de diviser, par exemple, les Mongo et les Ngbaka qui, pourtant, vivent en parfaite harmonie. D’autres tribus comme les Ngbandi, les Ngombe et autres peuvent se sentir visés par ce document, ce qui peut embraser la situation.
Des députés provinciaux contre cette démarche ségrégationniste
Déjà, apprend-t-on, plusieurs députés provinciaux de l’ancienne province de l’Equateur ne soutiennent pas cette démarche ségrégationniste.
Car, il n’est pas normal que cette province soit conduite uniquement par des Ngbaka, alors que les autorités du pays ne cessent de prôner l’unité de la République démocratique du Congo à travers les concertations nationales et le dialogue en perspective.
De son vivant, le maréchal Mobutu, lui qui était Ngbandi, de l’ancienne province de l’Equateur, n’hésitait pas à puiser les compétences dans l’ensemble des 11 provinces, question de développer le Zaïre. Unificateur, il s’arrangeait toujours pour qu’un gouverneur de province ne soit pas originaire de la contrée qu’il dirige.
C’est ainsi que Khonde Vila Kikanda, originaire du Kongo Central, a gouverné pendant longtemps la province du Kivu, Koyagialo de l’Equateur a été à la tête du Katanga…
Le ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab, est appelé à faire diligence en descendant personnellement sur place et décourager les pyromanes, avant que le pire n’arrive. Car des Ngbaka veulent un gouverneur Ngbaka, des députés provinciaux Ngbaka, des dirigeants de la territoriale Ngbaka, toutes les régies financières tenues par les Ngbaka…
Les initiateurs de cette correspondance appellent même Messeigneurs des diocèses de Bokungu Ikela et de Lolo, ainsi que tous les religieux Ngbaka, à s’impliquer dans cette démarche incendiaire aux lendemains obscures. Ils n’hésitent pas à associer également les hommes politiques, la diaspora, les étudiants et les opérateurs économiques Ngbaka, à qui ils demandent de faire une large diffusion de ce message séparatiste.
Barrer la route aux notables séparatistes
Le monde est devenu un village planétaire il n’y a plus de frontières. Si l’Europe s’unit à travers l’Union européenne, l’Amérique du Nord via les Etats-Unis, comment expliquer qu’une tribu s’évertue à exclure d’autres, estimant qu’elle peut se développer seule?
L’actuel président de la grande puissance américaine est d’origine kenyane. Cela ne l’a pas empêché d’apporter des réformes qui ont conduit à l’épanouissement des USA, et son succès lui a valu un deuxième mandat.
Les Ngbaka doivent se réveiller et barrer la route aux notables séparatistes qui sont contre l’éclosion de la nouvelle province du Sud-Ubangi. Car, le découpage territorial n’est nullement synonyme de divisions tribales ou ethniques.
Par Lefils Matady