34 DEPUTES NATIONAUX EN 2006, 17 EN 2011… PALU : LA REDYNAMISATION DES ACTIVITÉS DU PARTI S’IMPOSE

Mardi 12 avril 2016 - 05:11

Dans la perspective de prochaines élections, le parti d’Antoine Gizenga doit envisager
une Direction politique plutôt représentative.

Fort de 34 députés nationaux élus lors des législatives de 2006, le Parti lumumbiste unifié (PALU) s’est retrouvé avec 17 sièges seulement, à l’issue des législatives de 2011. Soit la moitié des résultats de 2006. Evidemment, le parti de « Mbuta » n’a pas été le seul à se retrouver dans cette situation, dans la mesure où plusieurs autres partis politiques, si pas tous, ont vu décroître le nombre de leurs sièges au Parlement pendant la deuxième législature. Aux yeux de plus d’un analyste politique, cette contreperformance des partis politiques a été la principale conséquence de désaffection de la population. Car, après les premières élections de 2006, la plupart des Congolais n’ont pas caché leur déception. Par conséquent, ils ont fait payer cash à nombre de candidats aux législatives de 2011.

Cependant, en plus de la cause générale aux partis politiques, il se pose un vrai problème spécifiquement Palu. Il s’agit du malaise interne qui a caractérisé le parti et qui continue à se faire sentir. Premier épisode : l’arrivée de Laure Kawanda à la tête de la Direction politique du parti. Comparativement à l’ancien gouvernement du Parti géré par le trio Godefroid Mayobo, Adolphe Muzito, Joseph Dovel Mpango…les Camarades du Palu avaient constaté que la flamme du Parti avait sensiblement baissé pendant le court mandat de Laure Kawanda. Surtout en termes de mobilisation et de sensibilisation de la base du parti à certains enjeux politiques.
Par ailleurs, la seconde séquence de la crise au sein du Palu est la mise sur pied de l’actuel Directoire du parti que les militants, eux-mêmes, qualifient de non représentatif. Voilà qui explique toutes les frustrations actuellement observées au parti d’Antoine Gizenga. Le Palu, point n’est besoin de le rappeler, est le plus vieux parti politique de l’histoire de la RD Congo. Du haut de ses 50 ans, le parti cher au Patriarche de Gungu a donc le mérite historique d’avoir assisté à toutes les péripéties de la politique du pays. Du point de vue d’organisation, le Palu a un ancrage tel qu’il est installé dans tous les coins du pays. Bien plus, le parti d’Antoine Gizenga est l’un de rares partis politiques ayant une base sociologique réelle.

VIVEMENT UNE DIRECTION POLITIQUE REPRESENTATIVE
Nulle organisation ne peut être statique dans son fonctionnement. Les entreprises, tout comme les partis politiques sont constamment obligés de dynamiser leurs structures en fonction des objectifs poursuivis. N’en déplaise donc aux courtisans, le Palu n’échappe pas à cette règle.
Qu’il soit collé au parti d’Antoine Gizenga, l’épithète de patrimoine national, le qualificatif ne relève pas d’un pur fanatisme. Bien au contraire. Le Palu l’est en raison de son installation à travers l’ensemble du territoire national et surtout de l’idéal nationaliste que ce parti poursuit. A ce titre, le parti est loin d’être le bien privé d’un groupe issu d’une même aire géographique ou sociologique. Sauf si l’ambition des dirigeants du parti est de tuer le PALU à petit feu.
De l’analyse du fonctionnement actuel du Palu, transparaissent de sérieux problèmes qui nécessitent des solutions adéquates. Aux grands maux, de grands remèdes ; plus d’un observateurs pensent que l’heure a sonné pour doter le Palu d’une Direction politique beaucoup plus représentative. Aussi, pensent les mêmes analystes, le Directoire du Palu, dans son format actuel, ne renforce pas le parti. Bien plus, le parti du patriarche se trouve miné par des frustrations internes.
Voyons. Antoine Gizenga, dans sa situation naturelle actuelle, se trouve incapable de gérer le parti à cause du poids de son âge. Combien de cadres du parti ont donc encore accès à leur Secrétaire général ? A priori, très peu ! Compte tenu du fait que tout le monde (les responsables) du Palu ne sait plus rencontrer Antoine Gizenga, seuls quelques rares dirigeants du parti qui peuvent encore le rencontrer, arrivent à l’instrumentaliser. Se considérant (à tort ?) comme les seuls privilégiés, ces dirigeants du Palu se frottent les mains et voient leurs positions actuelles renforcées. " Le chef a dit… " Du point de vue du fonctionnement du Palu, cette situation ne facilite pas la gestion du parti. Lorsqu’Antoine Gizenga avait encore bon pied, bien œil, ça se ressentait aussi bien dans la gestion de la Direction politique que de la base du parti. Mais qu’en est-il encore au jour d’aujourd’hui ?

REPENSER LE PARTI AU PRORATA DES ENJEUX 2016
2016, n’est pas une année ordinaire. Elle est plutôt une année électorale, en dépit des atermoiements et des incertitudes actuels. Restons sur la présidentielle prévue avant la fin de l’année en cours. Le jeu politique actuel indique clairement qu’aucun parti politique ne peut seul faire élire son candidat Président de la République, sans se faire des alliances. Les expériences de 2006 et 2011 en sont une parfaite illustration.
Cependant, autant le dire tout de suite que les alliances ne se décrètent pas. Autant qu’elles se font, autant aussi qu’elles peuvent se défaire quand les intérêts l’exigent. En pratique, le poids politique des alliés potentiels détermine la formation des cartels. Le Palu l’a si prouvé en 2006, en s’alliant au PPRD. Résultats : l’élection de Joseph Kabila à la tête du pays. Le même jeu s’est joué lors de la présidentielle de 2011. Qu’en sera-t-il pour cette année 2016 ? Autrement dit, le "mariage " Palu-MP sera-t-il reconduit ? L’alliance aura-t-elle été de cinq ans une fois renouvelable ? Trêve d’anticipation !
Quoi que l’on dise, la redynamisation des activités au sein du Palu se veut déterminante dans la prise en compte du parti, lors de la création de futures alliances. En tout cas, depuis quelques années, les Kinois ne sentent plus ce grand Palu, étiqueté parti de masses et de mobilisation. Bien au contraire, on observe une certaine hibernation des activités du parti. Est-ce une stratégie ou une situation entretenue et, presque voulue ?
A tous égards, le Palu est invité à réexaminer à fond, son fonctionnement actuel. Car, son avenir politique en dépend. En tout cas, ce ne sont pas de ressources humaines qui manquent au sein du parti d’Antoine Gizenga. Le piètre résultat réalisé à l’issue de l’élection des Gouverneurs de provinces, le 26 mars dernier, est une autre preuve que le Palu va mal. Un poste gagné (Kwilu) sur les 19 à pourvoir sur l’ensemble du pays, ne reflète pas l’ancrage du Palu à l’échelle nationale. Bien que ces nouveaux Gouverneurs aient été élus au second degré, des observateurs avertis pensent que le mauvais résultat réalisé par le Palu est consécutif à un déficit de habileté dans les négociations avec l’allié MP et de marketing politique au niveau des électeurs concernés.
Laurel KANKOLE