La décision du vice-ministre des Affaires coutumières, Jean-Baptiste Ndeze Katurebe, suspendant toutes les motions et pétitions en cours contre le gouvernement provincial du Haut-Uele, continue de susciter des réactions. Cela intervient alors qu’une plénière était programmée vendredi dernier pour examiner la motion de défiance visant le gouverneur Jean Bakomito Gambu.
Parmi les voix qui s’élèvent, le député national Joseph Bangakya dénonce une « dérive institutionnelle dangereuse » et appelle au respect strict de l’autonomie provinciale consacrée par la Constitution.
« Aucun membre du gouvernement central ne peut ordonner à une Assemblée provinciale de suspendre ses prérogatives. Le ministre de l’Intérieur n’a pas d’ordre à donner et ne doit pas interférer. Ce qui se passe rappelle la Shadarisation des provinces. Nous ne devons pas y revenir », a-t-il déclaré.
Selon lui, la crise actuelle dans le Haut-Uele dépasse la simple gestion des plénières : elle découle d’une confrontation institutionnelle alimentée par les démarches de contrôle parlementaire visant l’exécutif provincial.
Le député estime que la situation révèle un fait politique majeur : la majorité qui soutenait le gouvernement provincial semble s’être effritée. Il invite ainsi l’Union sacrée, plateforme au pouvoir, à dépêcher une commission composée de parlementaires nationaux, de responsables politiques et de chefs de partis pour vérifier l’existence ou non d’une majorité au sein de l’Assemblée provinciale.
« Si la majorité existe encore, qu’on relance le travail politique. Si elle n’existe plus, il faut l’accepter. Nul n’est plus grand que la province », insiste-t-il.
Joseph Bangakya dénonce par ailleurs une série d’actes d’intimidation signalés ces derniers jours : menaces visant des députés provinciaux, pressions et agressions verbales contre des journalistes, tentatives de museler la presse et restrictions d’accès à l’information.
« Cela doit immédiatement cesser. C’est inacceptable dans un État de droit », martèle-t-il.
Sur le plan procédural, il rappelle que la motion de défiance ne prend forme qu’après son examen en plénière, ce que le télégramme ministériel ne peut indéfiniment empêcher :
« Le jour où il y aura plénière, la motion sera examinée. »
Pour l’élu national, la sortie de crise passe par une remobilisation de la majorité politique — si elle existe encore —, la clarification de la ligne à suivre et le strict respect des institutions.
« La solution n’est ni dans la confrontation, ni dans la politisation excessive du débat. La province doit passer avant les ambitions personnelles. Nous devons éviter toute déstabilisation institutionnelle », conclut-il.
Dans un message adressé le 27 novembre dernier au président de l’Assemblée provinciale, le vice-ministre des affaires foncières avait ordonné un moratoire immédiat sur toutes les initiatives parlementaires visant l’exécutif provincial. Il exigeait également la sécurisation des installations de l’Assemblée et la suspension de « toute plénière relative aux motions ».
Merveil Molo